Chapitre 3

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Matthew


À bout de souffle, Matthew franchit le seuil de la loge commune. Il n'était pas du genre ponctuel, mais s'arrangeait toujours pour mettre cette tendance au minima pour les séances de tournage.

Le dos appuyé contre la porte, il ferma les yeux un instant et expira lentement pour tenter d'apaiser le tambourinement de son cœur. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'en soulevant les paupières, il croisa les prunelles de Gabriel. Pourquoi n'était-il pas avec les autres sur le plateau ? S'était-il inquiété de son absence ?

Il n'eut pas le temps de se poser davantage de questions que ce dernier, déjà vêtu de son costume, s'avança vers lui et le plaqua contre la porte sans la moindre hésitation. La respiration de Matthew s'affola, accentuant le frôlement de leurs torses, tandis que Gabriel le scrutait d'un regard profondément intéressé.

Gabriel lui donnait l'impression d'attendre. Mais attendre quoi exactement ? Un consentement ? Un mouvement de recul ? Un encouragement ? Il était bien incapable de la moindre réaction. La seule chose dont il était sûr c'est qu'il n'avait aucune envie de fuir l'étreinte masculine qui lui tendait les bras.

Gabriel s'approcha encore, faisant se mêler leurs souffles. Matthew avait envie qu'il annihile cette distance. Il avait envie de retrouver la douceur de ses lèvres. Ressentir à nouveau cette explosion de sensations.

Les mains amies prirent possession de son corps. L'une contre sa nuque, où palpitait sa carotide, et l'autre contre sa hanche déclenchant bien malgré lui un imperceptible mouvement de bassin vers l'avant. Aucun mot échangé. Inutile. Les regards s'étaient compris et la simple caresse d'un pouce sur sa joue mit un terme à l'attente.

Leurs lèvres se scellèrent enfin dans un soupir mutuel. Ses mains se perdirent dans la chevelure de jais de Gabriel. Les corps s'échauffèrent, ondulant lascivement sur une symphonie qui n'appartenait qu'à eux.

Inconscient du danger de leur situation, le baiser se fit plus intense et les langues ne tardèrent pas à se joindre à la danse. Malgré le risque d'être surpris, à n'importe quel moment, par un membre de l'équipe, l'envie d'aller plus loin se fit ressentir, et leurs vêtements devinrent une barrière de plus à franchir.

Il esquissa un sourire au milieu de leur baiser lorsqu'il sentit le corps de Gabriel frissonner sous ses phalanges taquines, découvrant avec application la douceur de son torse glabre.

Gabriel se fit plus téméraire en s'attaquant directement à sa ceinture, déboutonnant son pantalon d'une main experte. Ses lèvres abandonnèrent brusquement les siennes pour...

Il se redressa soudainement dans son lit. Tout ça n'avait été qu'un rêve. Rien de plus qu'un rêve. Ce défi lui avait vraiment retourné le cerveau et, de toute évidence, perturbé jusqu'à son subconscient.

Reposant la tête sur son oreiller, il tenta de retrouver l'étreinte paisible du sommeil, essayant de faire abstraction de la raideur qui tiraillait son bas-ventre. Cependant, les vagues de chaleur imaginées par son esprit l'avaient suivi au-delà des songes et son corps ne semblait pas enclin au repos.

Soupirant de découragement, il se dégagea des couvertures, sans pouvoir réprimer le frisson désagréable que l'air frais de la pièce provoqua sur son épiderme, toujours en surchauffe, et se dirigea d'un pas lourd vers la salle de bain.

Délaissant son sous-vêtement sur le sol, il s'immisça sous le jet d'eau chaude comptant sur le liquide bienfaiteur pour lui apporter l'apaisement et faire disparaître les tensions. Toutes les tensions. Il ne comprenait pas l'intensité de sa réaction physique. Ce n'était qu'un simple rêve.

Il fit de son mieux pour ne pas se laisser happer par les images qui s'infiltraient sous ses paupières closes, offrant son visage au déluge qui s'évadait du pommeau de douche comme dans le souhait de laver son esprit de ses pensées vagabondes.

Pendant de longues minutes, il s'efforça de rester concentré sur la réalité. La relation qu'il entretenait avec Taylor, malgré quelques turbulences, était tout ce qui devait lui importer. Leur couple n'était pas si mal finalement. Après tout, qui pouvait se vanter de ne jamais être en désaccord avec la personne aimée.

Ces dernières réflexions, loin d'être des plus optimistes, eurent au moins l'avantage de lui permettre de reprendre le contrôle, et c'est avec un soulagement non dissimulé qu'il éteignit l'eau et sortit de la douche pour se sécher.

Il retrouva rapidement le confort de son lit et, refusant de laisser sa conscience s'évader vers l'inconnu, il se concentra pour faire le vide et c'est ainsi qu'il sombra rapidement dans les bras accueillants de Morphée.

Une bonne nuit ne lui ferait que le plus grand bien. Tout irait bien demain. Il était juste épuisé par le rythme intensif de ces derniers jours. En tout cas, il essayait de s'en convaincre lui-même.

Perfect Illusion ( Nouvelle version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant