Roulant à vive allure pour arriver chez le frère de grand père là où nous étions attendus, je commençais peu à peu à me demander si c'était pas aussi un piège. Dans ce village, surtout après tout ce qu'on avait vécu, plus rien ne devait être pris à la légère. Mais c'était dommage pour moi car le temps de ralentir n'était plus, on était en face de la concession. Lentement je rentrais dans la concession, je l'avoue j'avais un peu peur, pas que pour moi, mais aussi pour ma famille alors une prière dans le cœur s'imposait et je sentais mon rythme cardiaque augmenter. Ayant vu le véhicule entrer dans leur concession, les plus jeunes enfants qui jouaient tantôt en slip dans la cour, tournaient autour de la voiture en courant, les plus calmes se contentaient de regarder tandis que d'autres allaient dans la maison alerter les parents. Le véhicule garé, celui qui était venu nous convoquer sortit de la maison torse nu, il venait nous demander de descendre et de le suivre.
Sylvie : attendons votre grand père, il faut qu'il soit là. Personne ne descend du véhicule, je dis bien personne.
Nguema : comment ça ? Je suis entrain de vous dire que les autres sont dans un état critique et souhaitent vous parler. Descendez !
Sylvie : je n'en doute pas mais il faut aussi que mon père soit là, il est notre garant dans ce village, s'il a dit de l'attendre on est obligé de le faire.
Nguema : est-ce que tu sais que suis ton père au même titre que celui qui est biologique ? C'est quoi cette manière d'agir ? Si c'était important pour lui tout ça, il serait venu avec vous. Et ta t-il interdit l'accès à ma maison.
Mezui : hum hum ! Nguema o bele ya ? ( Nguema qu'est-ce qui te prend ?) Ma mièn me dzo ne be te gni ngue me se ki va! ( C'est moi qui leur ai demandé de pas rentrer si je suis pas là)
Nguema : bref! Tu es là, allons-y et qu'on en finisse.
Grand père était arrivé par surprise, il avait une écharpe attachée au cou, sans doute pour cacher ce qu'il s'était levé avec. Nguema devant, suivi de grand père et enfin de maman et nous, prenions la direction de la cuisine, c'était apparemment là-bas qu'on était attendu, surprise de taille... À l'entrée même de la grande cuisine de maman Okome, des odeurs de médicaments de la pharmacopée. En entrant un peu plus dans la pièce, on pouvait voir maman Okome assise sur un des neufs lits en coeurs de bambous, elle avait un pied au sol et l'autre tendu sur le lit, une main sur la joue et le regard plein de déception et d'inquiétude vers le sol. Justement au sol, il y avait un traitement de chez nous que l'on appelle Etock c'est une sorte de lit fait avec des troncs de bananiers, à l'intérieur on met un tissu imperméable pouvant contenir de l'eau et des médicaments traditionnels dont: des écorces de bois et des feuilles le plus souvent. On fait allongé la personne à l'intérieur puis on l'interroge afin qu'elle se confesse, si elle ment elle a de fortes chances de perdre la vie et quand elle finit, elle fait un bain avec cette eau remplie d'écorces. Ces lits, y'en avait quatre au sol, à l'intérieur de chacun il y'avait un des garçons qui avaient fait des avances à ma sœur au retrait de deuil, l'autre qui avait lancé les cailloux sur le toit et enfin les deux filles de maman Okome avec qui Karl s'amusait à la rivière lors de notre arrivée. Tous avaient des ventres ballonnés, comme s'ils avaient beaucoup bu ou mangé. Nous étions tous choqués, les plus jeunes étaient même effrayés. On nous demanda de prendre place, ils allaient parler.
Nguema : vous qui êtes allongés là, ceux que vous avez appelés sont là, on vous écoute.
Mezui : kié ! Qu'est-ce qui vous est arrivé ? C'est quoi tout ça ?
Séraphin : a pepa Mezui... ( Papa Mezui)
Mezui : non ! Faut parler français, vous avez convoqués tous mes enfants, tous ne parlent pas fang donc fais un effort.
Séraphin : on vous demande pardon, excusez nous, on ne va plus recommencer.
Moi: euh... Recommencer quoi? Je ne te saisie pas bien, tu peux bien parler?
Séraphin : en fait c'est nous qui sommes à l'origine de tout ce qui vous arrive depuis votre arrivée, avant votre arrivée on gérait le village entier et tout le monde ne parlait que de nous. Mais depuis votre arrivée, on ne parle que de vous, filles comme garçons même nos parents nous sermonent par votre faute parce que vous avez réussis, tu as un véhicule à toi seul et nous rien. Ça nous a énervé alors on a décidé de vous faire souffrir et vous pousser à quitter le village en vampire, comme ça ne marchait pas, on a donc décidé de tuer au moins un de vous pour vous faire comprendre la leçon. On a lancé le fusil nocturne à Karl qui s'amusait avec nos sœurs et qui est trop vantard, on a attaqué chacun de vous mais à cause de vos prières on y parvenait pas. Le jour que tu nous as menacé sous l'atangatier on s'est rendu compte que c'est toi qui était leur barrière alors on a décidé de te tuer directement, c'étaient nous les hiboux. Hier maintenant on a décidé d'en finir avec toi dans la nuit car on avait pas réussi à te tuer et on s'est retrouvé entrain de boire de l'eau de la rivière et à avaler des cailloux sans pouvoir quitter pendant des heures, c'est ce qui nous a rendu ainsi. On vous en prie, pardonnez nous pour qu'on aille mieux, si même on doit mourir on accepte mais pardon.
On était tous scandalisés, la jalousie, toujours la jalousie comme cause de conflits dans les villages Africains. Je ne cessais de me dire dans ma tête que pour des futilités ils auraient pu ôter la vie d'un de mes proches, je sentais du dégoût en moi, de la haine montait au point où si j'avais une arme j'aurais sans hésiter tiré sur l'un d'entre eux, voir même sur les quatres. Mais si moi je parvenait à me contrôler, il n'en était pas le cas de ma mère, elle se leva et se mit à foutre des gifles de chacun d'entre eux.
Sylvie : bandes de chiens, vous devez mourir, personne ne va vous pardonner ici, vous n'avez pas honte? Pour des futilités vous avez décidé d'ôter les vies des gens ? Vous n'avez encore rien vu je vais moi-même vous tuer, je connais mieux la forêt que vous bande de conn... Je vous le dis vous verrez.
Séraphin : tantine Sylvie pardon, on te demande vraiment...
Sylvie : dégage ! Foutez moi le camp, quel Pardon ? Dis-moi quel Pardon ? Tu sais ce que vaut la vie d'un être ? Le vampire vous donne quoi ?
Une chose que maman n'avait jamais changé, c'était sa facilité à prendre les objets quand elle était en colère, elle prit une machette sous un des lits pour blesser au moins un des jeunes. Grand père se leva aussitôt avec Karl pour la calmer, elle se débattait, apparemment décidée à aboutir à des fins. Maman Okome et les plus petits pleuraient, la suppliant de se calmer alors que moi je mettais Kaaris, Nael et lansky dans le véhicule. Le village entier était alerté, tout le monde voulait être au parfum. Dans tout ça, alors qu'on cherchait encore à arracher la machette à maman, papa nguema qui voulait la lui arracher aussi se blessa, une grande blessure au bras, il pleuvait du sang. Cela mit en colère une de ses grandes filles qui se jeta sur maman pour se battre, cela qui a son tour poussa ma grande sœur a aller prendre la défense de maman. C'était désormais une bagarre générale entre les femmes du village, certaines se battant même sans raison. Cela pris deux heures environs pour tout calmer, mais maman malgré tout était dans des états. Elle retourna dans la cuisine gifler ceux qui avaient fait la confession, avant de reprendre avec celle qui s'était jetée sur elle. Une des filles qui était dans l'etock nous dit quelque chose d'assez étrange.
- tantine Sylvie sache que chez nous on dit que quand y'a une bagarre générale, si une personne qui semblait neutre est celle qui se blesse au milieu de toute une foule c'est que cette personne n'est pas totalement innocente, sache que derrière nous y'a des plus grands, ce que tu as fait aujourd'hui ne fait qu'accentuer le conflit, toi et tes enfants vous n'avez encore rien vu.
Ce qu'elle avait dit à maman était profond, ça expliquait beaucoup de choses. Tout ne faisait que s'accentuer, moi-même je sentais que l'atmosphère avait encore changé, on pouvait ressentir le mauvais vent nous frapper de plein fouet. Quelle genre de tempête serait à venir ? J'en avais des frissons...
A suivre...
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DE RETOUR AU VILLAGE
SpiritualVillage de jalousie, village de sorcellerie, village d'hypocrisie. Voici comment se définissait cet endroit. Cet endroit où elle avait vu le jour, mais aussi cet endroit qui s'appropriait toutes ses origines ébène. Mais, savait elle au moins que la...