22-Un décès

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Je sentis mon corps comme suspendu dans le vide un instant, comme si mon esprit cherchait à tout prix à quitter mon corps. Cette sensation étrange que nous avons quand nous sommes en même temps apeuré et confus, venait-il vraiment de tirer un coup de fusil ? Avait-il vraiment tiré en direction de mes petits frères ? Allais je devoir vraiment déjà ressentir ce que c'est que de perdre un frère ? Je ne pouvais le croire. En juste quelques secondes, je vis beaucoup d'images circuler dans ma tête, mais l'heure n'était pas aux suppositions, non, l'heure n'était pas au rêve, il fallait que je reprenne mes esprits et que je puisse moi-même avoir le courage de le vérifier. Aussitôt, avec une larme que je senti violer mon œil, je me levai et pris la direction du véhicule. Je pouvais simplement entendre ma mère crier toute en larme derrière moi:<< mes enfants, Seigneur ! Mes enfants !>> Je me débattais dans la foule afin d'atteindre le plus vite possible le véhicule, mais en même temps des images de moi devenant assassin me parcouraient la pensée. Si seulement un était touché, voire mort, j'allais l'accompagner ainsi que celui qui avait posé l'acte. Longtemps après m'être débattu, j'arrivai enfin au niveau de la voir, plus je m'en approchait, plus c'était visible, il avait vraiment tiré en direction de la voiture. J'avais mal, j'y croyais pas, cet homme l'avait vraiment fait. Mes petits frères !!!!



Arrivant au niveau du véhicule, je vis qu'il avait tiré sur le côté chauffeur, le côté sans doute où aurait été assis Karl. Je me mis à pousser les gens afin d'y arriver jusqu'à ce qu'enfin j'arrive au niveau de la voiture, que j'ouvris sans hésiter. Les larmes aux yeux, je me mis à regarder à l'intérieur quand soudain... J'y croyais pas, il l'avait vraiment fait. Je posais mes deux genoux au sol tout en pleurant, posant par la suite le front au sol. N'importe qui autour de moi aurait compris qu'en moi en ce moment précis circulait une immense émotion. Je restai au sol quelques temps avant à nouveau de relever ma tête et regarder vers le ciel en criant Seigneur !!! De toutes mes forces. Au même moment, maman et ma grande sœur tentaient toujours de se frayer un chemin pour arriver à mon niveau afin de me consoler, elles pleuraient mais elles étaient encore loin de moi, assez loin pour ne pas voir ce qu'il y avait à l'intérieur de la voiture. j'y croyais pas, j'entendis tout de même maman me crier au loin.



Sylvie : Warren ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Y'a quoi là-bas ? Qui est touché ? Tout en essayant de se forcer un chemin au milieu de la foule en criant laissez-moi passer.



Moi: maman !!!



Sylvie : réponds moi s'il te plaît, dis-moi que mes enfants vont bien pardon. Hurlait-elle de toutes ses forces.



Moi: maman Dieu est bon, ils ne sont pas dedans, Dieu merci ils n'y sont pas, la voiture est cassée mais il n'y a personne dedans ni aucune tâche de sang.



Sylvie : oh seigneur ! Mais où sont Ils ? Tu es sûr de toi?



Et oui c'était en même temps une Bonne nouvelle mais aussi une inquiétude qui naissait. Où étaient-ils ? Sur le coup, celui qui avait tiré ne nous intéressait pas, le plus important étant de retrouver mes petits frères. Avec toutes ces péripéties, une personne aurait bien pu les enlever. Je redevins aussitôt comme un fou dans toute la foule.



Moi: où sont mes frères ? Où sont-ils ? Qui les a vu? Criais je tout en fouillant du regard dans toute la foule.



Mais personne ne réagissait.



Sylvie : boine be ne me vé? (Où sont mes enfants) demandait elle aussi désespérément.



L'inquiétude devenait encore plus grande, ce que papa Nguema cherchait à faire à ce moment nous importait moins, notre priorité était de retrouver les enfants. Soudain dans la foule j'entendis une voix qui m'était très familière répondre :<< ils sont à la maison, je suis allé les laisser là-bas quand vous nous avez demandé d'aller dans la voiture, j'ai trouvé ça plus prudent>> c'était Karl, il est vrai que j'ai énormément d'amour pour ma famille, mais à ce moment là, je m'étais rendu compte de la réelle envergure de cet amour familial. Reine, maman et moi sommes immédiatement allés le serrer dans nos bras car il avait en même temps sauvé les autres, mais aussi libérer nos cœurs d'un poids lourd et surtout d'un possible deuil où lui aurait pu être là victime.



Juste quelques minutes après, maman renvoya ma grande sœur et Karl à la maison surveiller les enfants, tandis que grand père maman et moi étions à nouveau assis au corps de garde afin de trouver une solution au problème. Si grand père ne disait complètement rien, maman elle était déboussolée, dévastée, elle était passée par toutes les émotions dans la même journée. Elle refusait d'aller à nouveau assister à la réunion, et Dieu l'avait écouté car quand cette réunion voulue débuter à nouveau, une soudaine grande pluie se mit à tomber, avec elle un immense tonnerre et un grand vent. La réunion fut donc interrompue et reportée à une date ultérieure. Nous pouvions donc rentrer à la maison nous reposer. C'est donc ainsi que nous sommes montés dans le véhicule, et avons pris la direction de la maison. Tout au long du chemin, maman qui était assise derrière ne cessait de faire des acclamations toute seule en se frappant dans les mains, ce qui est un signe symbolique chez les femmes de chez nous pour exprimer tout leur étonnement. La tête couchée sur la portière et le regard fixé vers la forêt verte que laissait paraître les vitres du véhicule. Tout cela, sans dire un mot. Arrivé à la maison elle se rendit tout simplement au salon, marchant sans plus aucune force, elle ne pris même pas les enfants dans ses bras, il se dirigea simplement où était accrochée la photo de sa défunte mère, la décrocha, et se mit à genoux, telle une folle, lança une conversation avec le cadre photo tout en pleurant.



Sylvie : maman, pourquoi tu nous as quitté si vite? Qu'as-tu fait ou mis en nous pour que nous soyons aussi détestés ? Comment faire pour vivre avec mes enfants, que je quitte ou reste ici ils ne nous lâcheront pas, que faire ? De me tuer avec tous mes enfants ? De leur offrir un en sacrifice pour les aider? Ne pouvais tu pas aller en mariage ailleurs ?



Voyant notre mère déprimer autant, et surtout qu'elle allait loin dans ses propos, Reine, ma grande sœur se dirigea vers elle pour la calmer et lui demander de se relever car la solution ne viendra sans doute pas du cadre photo.



Reine: je te comprends maman, je comprends que tu sois dépassée comme nous tous d'ailleurs, mais s'il te plaît, au lieu de parler devant un cadre remercie plutôt Dieu car malgré tout nous sommes toujours en vie. Tu as failli perdre tes enfants il n'y a pas longtemps, pourtant quand tu es arrivée tu n'as même pas rendu grâce pour les avoir tous retrouvés en vie. Ressaisie toi.



Sylvie : oui tu as raison, mais je n'en peux plus, je suis dépassé vraiment je n'en peux plus. On va souffrir jusqu'à quand ? Ton grand père est là, malgré tout ça tu l'entends dire un mot? Ça c'est quel père ?



Karl: moi je vous dis partons d'ici, je ne comprends pas pourquoi jusqu'à présent nous sommes encore là.



Moi: nous sommes tous très fatigués et déçus, mais regroupons nous d'abord pour prier je crois que c'est ce qu'il y'a de mieux à faire là maintenant. Crier et accuser les gens parmi nous ne va nous aider en rien, c'est sûrement ça leur objectif.



Grand père avait assisté à toute la scène à la maison, mais il ne dit rien car il le savait, ses propos n'étaient pas les bienvenus à ce moment là. Je vis tout de même dans son regard, une énorme tristesse qui ne pouvait retenir quelques larmes des yeux de l'ancien soldat. Je l'appelai donc prier avec nous, ainsi après la prière, nous avons essayé de reprendre un attitude normale pour ne pas davantage troubler les plus jeunes. Mais cela n'était sans doute pas pour une longue durée car aux environs de vingt heures (20h), la nouvelle femme de grand père entra dans la maison toute mouillée et avec un gros panier de bois au dos. Elle le posa au sol. Toute essoufflée, en essuyant l'eau de la grande pluie qui s'était abattue sur son visage elle nous dit qu'elle avait une nouvelle à nous annoncer, nous restions donc suspendus à ses propos.



Geneviève : je reviens à peine d'en haut et on m'a dit qu'il y'a eu un grand problème aujourd'hui entre vous et la maison de Nguema. Et au moment où je suis quitté là-bas, un des enfants malade venait de rendre l'âme. Ils disent là-bas que c'est vous les auteurs de cet acte, vous vous êtes mis dans quoi?



Mezui : ya!!!! (Comment ça !) Mais c'est pas possible ça, c'est lequel qui est mort? Cette affaire n'est pas prêt de finir...



À suivre...


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⏰ Dernière mise à jour : Apr 09, 2023 ⏰

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