19- Coupable

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      J'étais toujours entrain d'essayer de regagner mes esprits, la bousculade du cauchemar était immense. Tellement de choses s'étaient déroulées en un seul jour, j'avais frôlé la mort, puis j'ai décidé de faire un piège sans oublier ce cauchemar. Au fait, pour revenir à ça, il fallait que je vois grand père de toute urgence, ça me soulagerait énormément de le voir. En dehors de Karl qui avait été réveillé par mes cris dans le sommeil, lansky lui dormait encore paisiblement. Je sortis donc de la chambre en laissant Karl regagner le monde du sommeil, pour aller voir grand père. Lui qui a pour habitude de se lever tôt, forcément  était déjà en activité à sept heures du matin. Arrivé au salon je ne vis personne, pourtant les portes et les fenêtres étaient déjà grandement ouvertes. À la cour il n'y avait personne non plus mais on sentait qu'une personne avait donné un coup de balais, à l'arrière de la maison il n'y avait personne non plus. J'entendis des bruits qui semblaient par contre sortir de la cuisine, je me dirigeai donc là-bas pour voir qui c'était, tout ça en ayant qu'un simple débardeur sous un grand froid glacial. C'était elle, la femme de grand père, elle était entrain de nettoyer. Elle était de dos, parlant seule mais quand elle me vit à la porte, elle laissa un grand sourire s'échapper de ses lèvres, chose que je lui rendis malgré moi, mais nos regards n'étaient pas du même avis. On se regardait avec une telle méfiance, comme si chacun savait...

Geneviève : bonjour mon mari ça va ? Tu es très matinal aujourd'hui pourquoi ? Tu sais très bien que tu es convalescent, tu devrais davantage te reposer. Ce que tu as eu hier n'est pas négligeable, tu devrais faire très attention à toi et surtout tu ne devrais pas être en débardeur à cette heure, tu n'as pas froid ?

Moi: bonjour, je vais bien et toi ? T'en fais pas ça va. Où est grand père ?

Geneviève : j'ai un peu mal au pied droit et ton grand père est dans la chambre, il est très malade. Il s'est levé ce matin avec le torticolis. Son cou est bien bloqué, il est encore sur le lit mais il ne dort plus, il dit juste qu'il a mal.

Moi: oh ! D'accord et toi tu as eu quoi au pied ? Je te vois boiter ça doit être grave, tu te deplaces à peine.

Geneviève : ça va, tu sais que je ne suis plus si jeune, je me suis fait mal en forêt hier, c'est cette douleur que je ressens déjà c'est tout ne t'en fais pas pour moi. Vas plutôt voir l'état de ton grand père, c'est pour lui qu'il faut être inquiet.

Moi: hum... D'accord je vais aller dans la chambre voir papi, je vais un peu rester avec lui.

      Tout était flou dans ma tête, aucune des deux choses qu'ils avaient n'était en rapport avec les effets que devaient avoir le piège sur ceux qui nous veulent du mal. Mais ça ne passait tout de même pas inaperçu le fait que grand père étrangement ait une douleur au cou, et que sa femme ait une douleur au pied. Surtout elle qui disait s'être fait mal en forêt un jour avant, alors qu'elle était pleinement en forme quand nous étions allés dormir. Dans mon cauchemar, grand père avait un serpent collé au cou et sa femme était l'esprit qui, en voulant fuir a reçu un coup avec ma prière. Ça ne pouvait pas être de simples coïncidences, je ne pouvais le croire.
      Arrivé dans la chambre, je vis grand père, allongé identiquement comme dans mon rêve, les seules choses qui changeaient étaient la présence de maman et de mes frères ainsi que ma soeur, mais surtout l'absence du serpent. J'ouvris doucement la porte mais lui ayant entendu du bruit se mit à bouger pour essayer de se retourner afin de voir qui était rentré. Ce que je vis était horrible, ça ne ressemblait en rien au torticolis, son cou était enflé, aussi gros que sa cuisse.

Mezui : qui est là ? Za ne va?

Moi: c'est moi!

Mezui: moi za? (moi qui) c'est quel "moi" qui n'a pas de nom?

Moi: c'est moi, Warren !

Mezui: ah ! Mui, ça va ? Tu t'es levé ? Tu as bien dormi ? Parceque ton papi lui est très malade là.

Moi: c'est ce que je vois là, tu as quoi?

Mezui: je ne sais même pas, cette nuit était étrange et  au réveil je me suis levé avec une douleur atroce au niveau du cou. Ta mère dort encore ? C'est elle qui sait soigner ces choses là. On dirait presque la morsure d'un serpent.

Moi: comme la morsure d'un serpent sur ton cou? Ah ça ! C'est vraiment étrange ça ! Maman dort encore, je vais lui dire quand elle va se réveiller.

Mezui : ah d'accord ! Tes frères et ta sœur aussi dorment encore ?

Moi: oui tous dorment encore sauf ton épouse, elle est entrain de travailler à la cuisine.

Mezui : d'accord, j'ai l'impression qu'on appelle au salon, vas vérifier.

      Grand père soupçonnait ce que moi j'avais vu en rêve, lui il ne dit pas avoir vu sa femme ou quoique ce soit du genre. C'était de plus en plus étrange, j'en avais même des frissons tout au long de mon corps. On n'avait pas pu prolonger la discussion car il disait entendre des voix au salon et il n'avait pas tort aussi, en effet des gens appelaient au salon, c'était nguema et un de ses tout petits enfants. C'était étrange de le voir chez nous si tôt, il semblait paniquer. Il voulait à tout prix voir grand père, malgré que je lui disais que ce n'était pas possible car grand père était presque paralysé. Mais papi ayant entendit les cris de son frère, fit de son mieux pour sortir et nous rejoindre au salon.

Mezui: kié à Nguema a nto ya ? ( Nguema Que se passe-t-il ?)

Nguema : me ze we yén ( je suis venu te voir) me bele ntsiè ( j'ai un souci)

Mezui: mbé? ( Lequel)

Nguema : j'ai mes trois enfants ainsi que l'enfant d'Édouard qui se sont levés ce matin gravement malades, je ne sais même pas comment expliquer ce qu'ils ont. Je suis confus et inquiet, je ne comprends pas ce qui se passe. Ils disent qu'ils veulent parler avec tes petits fils donc je suis venu te demander s'ils peuvent m'accompagner pour que je sache exactement ce qui se passe.

Mezui : comment ça? Et pourquoi ils veulent voir mes enfants ? Hum... Ah mui, que se passe-t-il ?

Moi: moi-même je ne sais pas je ne comprends rien, dans quel état sont-ils et pourquoi nous ?

Mezui : réveille les autres, on va aller vérifier ça nous-mêmes. Nguema monte je viendrai tout à l'heure avec les enfants pour savoir exactement ce qu'il y'a.

Nguema : d'accord mais faites vite pardon, ce que j'ai vu là-bas n'a rien de naturel.

Mezui : tu vas dire que tu ne vois pas dans quel état moi-même je me trouve ? Regarde mon cou quand tu me mets la pression pour tes enfants, je ne suis pas un robot. Je prendrai mon temps mais je serai là-bas.

      Cette journée s'annonçait vraiment très chaude en émotion, que des faits étranges depuis mon réveil. Je savais pourquoi ces jeunes voulaient nous voir, moi qui pensait que mon piège n'avait pas fonctionné, j'étais cette fois satisfait. Je ne pouvais pas dire à grand père ou a son frère nguema que j'avais fait un piège,  je me serais mis dans de sérieux pétrins. Le mieux était de réveiller les autres et d'aller savoir ce qu'ils avaient à nous dire. Comme prévu j'avais réveillé les autres, chacun se mit à faire ses petits besoins avant finalement de prendre la route. Maman était là, grand père lui avait dit qu'il allait nous suivre et sa femme n'était au courant de rien car elle était déjà allée en forêt. Je ne voulais pas prendre de risque, même si c'est dans le village, je pris le véhicule pour aller le plus vite possible et revenir de la même manière. Mais ce qu'on va tomber dessus nous permettrait il de rentrer tôt ? Dans quel état sont-ils ? Et que vont-ils nous dire de si important ? Je sentais que cette situation allait davantage tourner les regards vers nous, que Dieu nous protège.

A suivre...

DE RETOUR AU VILLAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant