2-les visites 1

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On était à la maison, papi avait fini de nous expliquer tout sur son mariage caché. En fait c'était pas vraiment un mariage, il l'avait trouvé à la rue, son ex époux l'avait mise à la porte et papi l'avait pris comme employée. Donc plus le temps passait plus ça s'est transformé en amour et il est allé chez ses parents la doter. Ce soir là, les enfants jouaient. Karl , reine et moi nous étions concentrés sur nos appareils et c'était horrible pas de réseau là-bas, on se croirait dans l'émission retour à l'instinct primaire. Maman quant à elle était entrain de se familiariser avec sa nouvelle maman, le grand père m'appela.

MEZUI : ah mui (homonyme), comme tu conduis là j'ai besoin de toi, tu sais que ton vieux papi ne voit pas la nuit, et ma vieille torche n'a plus de pile. Accompagne moi chez jacko en haut, je vais acheter de nouvelles piles.

Moi: aucun problème, allons-y.

On avait pris le véhicule, le village n'avait pas changé, toujours noyé dans l'obscurité totale de la nuit. Aucun lampadaire, seulement des lampes tempêtes dans les cuisines et les salons permettaient de situer les habitations. On était arrivé peu après au corps de garde qui était avant la boutique de jacko. C'était chez mon autre grand père, l'ancien député, le plus riche du village c'est dans son corps de garde que se réunissaient tous les vieux notables du village. Ces vieux étaient surtout reconnus comme étant des grands hommes mystiques du canton, et je me souvenais que dans l'enfance ils me terrorisaient. Même si j'avais grandi, à mes yeux ils étaient toujours les mêmes. Le grand père me dit de me garer là. J'étais pris de peur certes, mais j'étais bien obligé de me garer là, de prendre mon courage à deux mains et d'aller les affronter sans pourtant faire la guerre.

MEZUI : ah mui, descendons d'abord, tu vas aller saluer les anciens, ce sont tes grands parents aussi hein! ne l'oublie pas.

Moi: d'accord, mais je ne les ai jamais oublié, d'ailleurs je maîtrise encore leurs noms.

MEZUI: très bien, allons y donc.

On arriva au niveau du corps de garde, net à l'entrée, tous les anciens se retournèrent pour me regarder. Silence Total. Qui venait de s'introduire dans leur réunion ? Tous fixaient leurs torches, ainsi que leurs regards sur moi. La peur me traversait le corps, mais je faisais un petit sourire pour essayer de la dissimuler. Puis un des vieux pris la parole, il était le directeur de la petite école du village.

Nguema: ah Mezui, z'ane m'ongni? ( À qui est cet enfant? )

MEZUI: a ne me ndeigne, moine Sylvie. ( c'est mon petit fils, l'enfant de Sylvie)

Puis il reprit en francais... Tout en me tenant la main avec un grand sourire, moi aussi j'étais obligé de faire pareil.

Nguema : ah ça ! C'est lequel ? Comment t'appelles tu? Tu me connais ?

Moi : papa Nguema je te connais, moi c'est Warren, le premier garçon !

Nguema : Aaaaaaaaah ouiiiiiiiiiiii je vois, c'est l'enfant qui était toujours avec la défunte épouse de Mezui, celui qui s'était caché dans la robe de sa grand mère quand on lui avait fait la blague sur l'avion de guerre.

Tous les vieux se mirent à rire, donc c'est grâce à cette histoire qu'ils se rappelaient de moi?trop la honte! Puis, je me mis à tous les saluer, chacun avait un petit sourire du coin de la bouche et un regard assez profond et louche. Puis, le grand père fit la présentation en me tapant sur l'épaule avec fierté.

MEZUI: il a grandi n'est-ce pas ? Ça c'est mon homonyme, le second du nom, il fait des études de droit à l'extérieur, c'est pourquoi il ne venait plus ici. D'ailleurs ma fille Sylvie en a déjà six des enfants, cinq garçons et une fille. Vous connaissez quand même sa grande soeur reine et son petit frère écho, ( surnom de karl car il aimait le bruit) les autres non car c'est leur première fois ici. Puis à moi Tu as là tous tes grands pères, tu vois comment nous sommes vieux non ? C'est toi qui va bientôt nous prendre en charge.

Jean: ah ça ! Que des garçons !! Donc ton village est même si riche alors que tu es seul? Mais c'est très bien regarde les grands enfants. Dis leurs de passer me voir hein! Puis s'adressant à moi Tu es revenu de la ville tu as apporté quoi à tes vieux ?

Moi: j'ai des présents pour chacun, demain vous les aurez tous.

Après papi reprit la parole, s'adressant à eux.

MEZUI: bon! Nous on va avancer, on partait chez jacko pour acheter des piles pour ma torche, à demain.

Puis on avança à pied jusqu'à chez jacko, elle avait vraiment déjà vieillie. Il acheta ses piles comme prévu, et elle contente de me revoir, m'offrit un jus et des piles gratuite à papi. Puis nous sommes rentrés. En chemin, je roulais à vive allure dans le petit village car dans ma tête j'étais inquiet, j'avais laissé ma famille avec cette dame inconnue que le grand père appelait femme. On était arrivé et tout était bien, tout semblait calme, elle jouait d'ailleurs avec les enfants. Je ne comprenais pas pourquoi étrangement j'avais un sentiment de mal-être, je sentais comme si nous étions des indésirables dans ce village après la discussion avec les vieux. Sûrement je me faisais des idées car j'avais gardé en tête la réputation des vieux, mais ça n'expliquait pas le pourquoi j'avais la même sensation avec cette dame. Elle avait fait la cuisine, on avait mangé puis c'était l'heure du sommeil, le voyage m'avait épuisé quand pendant la nuit...

DE RETOUR AU VILLAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant