Chapitre 10

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> Vendredi 20 novembre

— Oh c'est Noah grincheux aujourd'hui !

Sylvie venait de pénétrer dans la petite cuisine de l'entreprise pour aller chauffer de l'eau, alors que Noah était en train de se faire couler un café, la mine fermée.

— Bonjour Sylvie, grogna-t-il dans sa barbe, confirmant les propos de la standardiste.

La journée ne faisait que commencer et elle lui semblait déjà longue et interminable. Depuis sa nuit passée chez Gaëtan, les propos de son ami ne cessaient de le tourmenter.

Ils avaient continué à discuter un long moment durant lequel Noah avait évoqué ses doutes à cause des insultes dont il avait été victime plus jeune, de sa rupture passée et de la tromperie présumée, la peur de se laisser aller au risque de mettre en péril une relation professionnelle - puisqu'il n'oubliait pas qu'Aaron était avant tout un collaborateur avec qui il serait amené à entrer en contact, à voir encore même si tout se passait mal.

Ce à quoi Gaëtan avait répondu en alternant entre « Avec des si, on referait le monde » et des « Si tu n'essaie pas, tu ne sauras jamais. Arrête d'être si fermé sur toi-même, bon sang ! ».

Lui aussi avait vécu des désillusions en amour.

Il était l'opposé de Noah. Il fréquentait régulièrement les applications de rencontres, n'avaient rien contre une rencontre rapide, et plus si affinités, même si cela ne menait qu'à un coup d'un soir. Il était extraverti, ouvert, sociable et une vraie pipelette !

Il avait gardé l'espoir de rencontrer l'homme de sa vie et, aux dires qu'il avait tenu lors de leur soirée, il semblait sur la bonne voie. Sa dernière rencontre s'annonçait prometteuse et Noah était heureux pour lui.

Le sourire rayonnant de Gaëtan lui revint en mémoire et il se demandait comment il pouvait rester si optimiste après toutes les déconvenues qu'il avait vécu - bien plus nombreuses que celles de Noah - alors que lui restait toujours sur cette prétendue tromperie vieille de trois ans.

Alors oui, Noah était grognon parce qu'il dormait mal depuis ce soir-là, à force de réfléchir et ressasser. Sans compter qu'il n'avait plus répondu aux messages d'Aaron depuis, lequel ne l'avait pas relancé, ce qui - il devait se l'avouer - le chiffonnait légèrement.

— Noah ! s'exclama Laurent en pénétrant dans la cuisine. Je te cherchais, justement. Tu peux venir deux minutes ?

Noah s'empara de sa tasse fumante, suivant les pas de Laurent, son regard rivé sur le sol.

Il se passerait bien de cette petite convocation dans le bureau de son boss. Certes, il ne pensait pas avoir commis d'impair et ne risquait donc aucune réprimande, mais justement. Si ce n'était pas pour cela que Laurent souhaitait le voir, alors il allait écoper de nouveaux dossiers ou devoir courir en rendez-vous extérieur à la place de son patron.

La voix de Lola lui fit quitter la contemplation de ses pieds. Son regard se posa sur sa jeune collègue, en grande discussion, qu'il salua poliment avant de croiser le regard de son interlocuteur et d'être percuté par ce regard gris-bleu envoutant.

Pris de court, il bafouilla un vague bonjour auquel Aaron répondit du bout des lèvres avant de reprendre son échange avec Lola, auquel Laurent se greffa rapidement, alors que Noah restait planté comme un piquet au milieu du couloir, en retrait de cet échange.

— Je peux vous offrir un café ?

— Ce ne serait pas de refus, merci.

Lola adressa un sourire resplendissant à Aaron avant de tourner les talons, bougeant avec exagération ses hanches, espérant que les yeux d'Aaron se posent sur ses fesses rebondies dont elle n'est pas peu fière.

Le dossier de Noël | BxBOù les histoires vivent. Découvrez maintenant