Chapitre 19

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> Lundi 30 novembre

— Panne de réveil ? C'est bien la première fois que ça t'arrive.

Le regard rieur, Sylvie jeta un rapide coup d'œil à l'horloge de son ordinateur, avant de poser ces derniers sur Noah qui venait de franchir la porte d'entrée.

Penaud, Noah baissa les yeux au sol, alors que Sylvie était amusée. Elle travaillait depuis ce qui lui semblait une éternité dans cet office et connaissait Noah depuis ses débuts parmi eux.

Il était arrivé il y a un peu plus de dix ans, juste après l'obtention de son BTS, et sa passion pour son métier la rendait admirative. Il avait appris tout son savoir sur le tas, progressé rapidement et avec envie. Sa conscience professionnelle était telle qu'elle en devenait un défaut.

Sylvie était observatrice. Son poste d'hôtesse d'accueil lui faisait travailler sa mémoire – tant physique que mentale – et son sens de l'observation n'avait fait que s'accroître à mesure des années passées derrière son bureau.

Noah n'avait jamais évoqué sa vie personnelle, en dehors de sa famille, avec ses collègues. Pourtant, il ne lui avait pas fallu longtemps pour cerner le personnage qu'était Noah.

Il râlait souvent, grognait parfois, mais il était toujours prêt à aider ses collègues – même si ces derniers ne lui rendaient pas – au détriment de ses propres dossiers, le poussant à rester tardivement, encore et encore. Il ne comptait pas ses heures, au point que Sylvie avait compris qu'il en délaissait sa vie personnelle, ce qui semblait lui convenir.

Néanmoins, elle ne doutait pas une seule seconde qu'il serait épanoui s'il avait une vie de famille. Son visage s'illuminait lorsqu'il parlait de Mattéo et Maëlys, signe de l'amour qu'il leur portait. Il était patient et trouvait toujours à occuper les enfants lorsque les clients venaient en rendez-vous avec leur marmots. Sous ses airs bourrus, il était un vrai nounours qui avait juste besoin de recevoir l'amour qu'il méritait et qui lui ferait lever le pied.

Oui, elle connaissait assez Noah et était relativement observatrice pour se souvenir qu'il avait loupé ses journées qu'à deux occasions et que son réveil était son meilleur ami.

— Pardon, souffla Noah qui ressemblait fortement à un enfant sur le point de se faire gronder après une bêtise.

— C'est pas un problème mon grand, ça arrive à tout le monde, dit-elle avec un clin d'œil. Et tu m'expliques ?

Les yeux de Noah s'arrondirent sous la surprise suite à la demande de Sylvie et ses joues s'empourprèrent légèrement.

— Ben... Euh...

— Pas pourquoi tu es en retard, s'exclama Sylvie, amusée. Cette marque sur ta joue ? Tu t'es battu ou bien ?

— Oh oui, dit-il en venant glisser ses doigts sur sa joue rouge. Avec le sol, reprit-il sous le regard surpris et inquiet de Sylvie. Et il a gagné !

Il ne laissa pas le temps à Sylvie de rétorquer quoi que ce soit, prenant la direction de son bureau, ses doigts toujours sur sa joue endolorie, souvenir de sa nuit passée.

Rassuré et réchauffé par le cocon de chaleur qu'était le corps d'Aaron, il avait fini par s'endormir dans son étreinte, devant le film que lui-même avait sélectionné. La nuit aurait pu être agréable et terminer cette journée parfaite s'il ne s'était pas réveillé en sursaut.

Il avait oublié où il s'était endormi et, ne reconnaissant pas les lieux, puis surpris par la poigne autour de sa taille et le corps allongé sous le sien, il s'était précipité pour se redresser. Ses mouvements avaient été réalisés avec une telle énergie malgré son état de fatigue, qu'il avait glissé, sans avoir le temps de réagir, pour venir s'étaler de tout son long sur le sol, sa joue venant frapper durement ce dernier. Sa chute avait été suffisamment forte pour lui laisser une belle marque rouge sur sa joue et réveiller Aaron.

Le dossier de Noël | BxBOù les histoires vivent. Découvrez maintenant