Un mois et demi est passé depuis que j'ai revu Khalil après 11 années sans nouvelles. J'aurais aimé que ça me fasse ni chaud ni froid et que je puisse retourner à ma vie comme si de rien n'était, mais j'en étais malheureusement incapable.
J'avais beau me dire que dans tous les cas, il ne doit pas se souvenir de moi, je repensais au rêve que j'avais fait il y a quelques mois où il m'appelait à l'aide. Est-ce qu'on est vraiment censés rester impassible face à un appel à l'aide ? Non, c'est sûr. Sauf que là, c'était un appel à l'aide fictif. S'il me l'avait demander frontalement, je n'aurais pas réfléchi à deux fois avant d'agir. Mais dans un rêve ? J'avoue que ça me parait vachement tiré par les cheveux.
Il va me dévisager et se foutre de moi, tout simplement. Et je comprendrais, je réagirais pareil si une vieille connaissance de l'école primaire cherchait à reprendre contact avec moi sous prétexte que je l'appelais à l'aide dans un rêve qu'elle a fait de moi il y a de ça des mois.
Déjà, qui rêve d'une connaissance de primaire ? Rien que si je lui dis ça, il va me prendre pour une meuf grave tordue et le pire c'est qu'il aura raison. Je dois être vachement tordue pour dessiner quelqu'un sans sa permission et en plus l'afficher dans une exposition !
Le pire, c'est que j'ai menti en lui disant que je ne savais pas qui avait fait ce dessin alors qu'à peine quelques minutes plus tard, Tariq m'appelait sur scène en citant bien haut et fort mon prénom et que j'annonçais que j'avais eu l'idée de l'exposition. La honte. C'est trop la honte, j'ose même pas imaginer le malaise que je ressentirais en le revoyant. Vaut mieux pas. Vaut mieux l'éviter en fait.
Tesnim : Dana, tu commences à être relou là. T'es sûre que tu veux pas que je demande à Soufiane de lui parler de toi ?
- T'es folle ou quoi ? Ça fait trop la meuf qui cherche après lui.
Tesnim : Mais tu cherches vraiment après lui ! Tu m'en parles tous les jours depuis l'expo j'en peux plus !
- T'abuses. Pas tous les jours.
Tesnim : J'abuse ? Moi ? Ok, d'accord. A chaque fois qu'on se voit tu me parles de Khalil. Tu dissimules le truc en me demandant si ça se passe bien avec Souf', puis tu cales un « eh sinon, t'as des nouvelles de Khalil ? » plus ou moins discret. Dès qu'on ne se voit pas, tu me le demandes par message, quand on est au téléphone, même quand on se parle à la fenêtre tu trouves le moyen d'introduire le nom « Khalil ». Je deviens folle tu sais.
- Arrête de mentir.
Tesnim : Dana. Ça suffit maintenant. Assume que tu veux le revoir, c'est tout, y'a rien.
- Mais Tesnim je m'en fous de lui. En plus il doit pas se souvenir de moi et la honte.
Tesnim : T'en sais rien s'il se souvient de toi puisque tu refuses que j'en parle à Souf'.
- Je veux pas, j'ai le droit non ?
Tesnim : Bah dans ce cas, ne me parle plus de lui H24 alors.
- Vas-y ça y est tu m'as saoulé. Je monte chez moi. Salam !
Tesnim : Salam !
Je me lève du muret qui se situe devant mon bâtiment et rentre dans le hall. Je monte les escaliers sans me retourner et rentre chez moi.
Je sais qu'elle a totalement raison mais j'ai pas forcément besoin d'entendre la vérité. C'est peut-être un raisonnement stupide mais j'y peux rien. C'est comme ça et c'est tout, je refuse qu'elle parle de moi à Soufiane pour qu'il en parle à Khalil.
Quelques jours plus tard, je ne me suis toujours pas réconciliée avec Tesnim. Je continue de vivre ma vie même si je pense fort à elle. Je sais qu'elle est comme moi et que personne n'ira voir l'autre la première. On ne dispute pas souvent mais à chaque fois que c'est le cas, on prend toujours du temps à se reparler parce qu'on est toutes les deux beaucoup trop têtues.
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Dana : Jusqu'au bout de mes rêves
Romance« Dessiner c'est ma thérapie, mon seul échappatoire. Sans le dessin, je ne serais pas la Dana d'aujourd'hui qui tente de garder le sourire malgré les dures épreuves de la vie, et qui est persuadée qu'elle peut y arriver si elle se donne à fond. Dess...