Comme à son habitude, le temps défile. Nos problèmes, nos soucis, nos moments de joie aussi. Il emporte tout avec lui et fait tourner en boucle ce cycle interminable qu'on appelle la vie.
Je vais beaucoup mieux grâce à Dieu. J'ai accepté de me faire hospitaliser un week-end et on m'a fait une perfusion pour me revigorer. Ils m'ont aussi transfusé du fer parce que j'étais beaucoup trop en manque. Je suis mon traitement à la ligne donc je suis redevenue aussi dynamique qu'avant.
Nous sommes en Avril. Le Ramadan a commencé depuis peu mais j'en ressens déjà les bienfaits positifs. Pouvoir se ressourcer et se concentrer sur l'essentiel me fait tellement du bien. J'apprends à faire confiance à Allah et à ne plus m'inquiéter excessivement pour mes études.
Nous sommes à l'hôpital avec Ayline. Emel a accouché d'un petit garçon qu'ils ont nommé Yazid. On l'a déjà vu mais on passe là-bas presque tous les jours. Comme elle sort aujourd'hui de l'hôpital, on l'accompagne. Même si Rahim est présent on tenait à être là.
Pendant que Rahim remplit les documents administratifs, je berce Yazid dans mes bras. J'ai du mal à croire qu'un aussi petit être était dans le ventre d'Emel et qu'il est maintenant en vie.
Rahim revient alors je lui passe Yazid et nous rassemblons toutes les affaires d'Emel.
Dans la voiture, ils parlent tous entre eux tandis que j'ai les yeux perdus au loin vers la route.Yazid a eu la chance de naître en France dans une famille qui l'aime. Il pourra bénéficier d'une éducation, de l'école gratuite obligatoire jusqu'à un certain âge, il aura des droits et sera considéré comme Français. La vie de Yazid sera peut-être semé d'embûches ou peut-être pas. Peut-être qu'il va être harcelé à l'école, peut-être qu'il va galérer à trouver sa voie, peut-être qu'il détestera le système. Dans tous les cas, Yazid n'aura pas à se préoccuper de sa survie immédiate, des bombardements, d'un endroit où vivre, de quoi manger, etc. Yazid part avec une légère avance, des chances de réussir. Il part avec le bagage entier dont Khalil n'a pas pu bénéficier.
Après ma boulette de la dernière fois, Khalil s'est renfermé sur lui-même. Il vient toujours me chercher, on passe toujours du temps ensemble, mais je sens qu'il est différent. Il s'ouvrait petit à petit et d'un coup, il a stoppé toute ouverture. Il est redevenu méfiant.
J'avoue que je regrette énormément notre relation d'avant. Mais ce que je regrette le plus, c'est de le voir se gâcher. Je ne supporte plus le voir se tuer la santé, enchaîner des horaires pas possible et juste accepter « parce que c'est comme ça ». Je n'arrive plus à le regarder tout garder pour lui. Il déteste son taff, j'ai l'impression que ça transparaît de plus en plus sur son visage, pourtant il ne fait rien et personne ne dit rien. Il accepte et ça me rend dingue. J'ai beau lui faire des réflexions, il ne me répond pas ou m'envoie bouler. Je ne sais pas comment il fait.
Après être rentrée de l'hôpital, je me change en survêtement et vais prendre le bus. Soufiane et Tesnim ont trouvé un appartement à la cité. Khalil, Hassan et d'autres gars sont là pour aider au dérangement. J'avoue que je sers surtout de pot de fleurs mais ça m fait plaisir d'être en compagnie de Tesnim.
Je suis dans la cuisine avec Tesnim. Nous sommes dans la seule pièce qui est presque complètement meublée. En fait, la mère de Souf' tenait à aider alors elle leur a offert plein de matériel de cuisine. Résultat : ils ont décidé de commencer par la cuisine et elle est presque finie. Il manque juste la table et les chaises, ils devraient être livrés cette semaine.
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Dana : Jusqu'au bout de mes rêves
Romance« Dessiner c'est ma thérapie, mon seul échappatoire. Sans le dessin, je ne serais pas la Dana d'aujourd'hui qui tente de garder le sourire malgré les dures épreuves de la vie, et qui est persuadée qu'elle peut y arriver si elle se donne à fond. Dess...