Chapitre 10

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Les deux garçons se retrouvaient dorénavant noyés au milieu de leurs amis, entourés de toutes parts. Ils souhaitaient, ainsi, se fondre dans la masse.

Une fois arrivés à la bouche de métro, le groupe descendit les marches en silence, ce qui contrasta avec le brouhaha environnant. Ils franchirent les barrières de sécurité avec leurs cartes de transports pendant que Ritsu effaçait informatiquement le passage de Karma et Nagisa. Les élèves prirent leur temps pour rejoindre les voies, vérifiant à chaque intersection qu'ils ne voyaient pas d'agent de sécurité. Une fois sur le quai les deux fugitifs purent se cacher sans difficulté au milieu de leurs camarades et ainsi attendre leur train sans risque.

La station n'était pas très fréquentée en dehors des élèves de 3éme E et les quelques passagers, plongés dans leurs occupations, ne leur portèrent aucun intérêt. Ils purent s'installer sereinement dans un wagon. Une fois à l'intérieur, ils s'assirent tous tout en laissant quelques sièges libres pour d'autres usagers.

Nagisa et Karma s'installèrent sur des sièges situés à l'opposé dans le compartiment. Chacun d'eux était accompagné de trois de leurs amis pendant que Hayami et Chiba se positionnèrent aux extrémités pour surveiller les autres passagers.

Au fur et à mesure que le train se rapprochait du centre ville, le nombre de passagers augmentait inexorablement. Ils allaient bientôt arriver à la station la plus fréquentée de la ligne et seraient en danger s'ils restaient dans le train. Après concertation, ils décidèrent de descendre du métro une station plus tôt que prévu et éviter ainsi la foule.

Lors du changement de station, le groupe se retrouva face à une difficulté supplémentaire : les trains étaient presque tous bondés. Ils durent en laisser passer plusieurs avant d'en trouver un dans lequel le groupe entier pouvait tenir. Ils n'eurent pas d'autre choix que de se disperser aux quatre coins du wagon, se mélangeant à la foule. Nagisa et Karma prirent soin de se tenir à l'opposé pour que l'un des deux puisse s'échapper si jamais l'autre était reconnu. Les élèves utilisèrent le langage des signes qu'ils avaient créé pour communiquer sans être compris des autres voyageurs. Les adolescents furent de plus en plus nerveux car certains passagers les regardaient avec insistance depuis leur arrivée.

La tension persista durant tout le trajet. Les transports habituellement silencieux se nourrissaient de murmures au fil du temps. Les fugitifs avaient-ils été démasqués ? Nul ne le savait. La seule chose dont ils étaient unanimement sûrs, c'était qu'ils devaient sortir de là au plus vite. Dès qu'ils le purent et dans un calme de surface, les collégiens descendirent du véhicule et se dispersèrent en plusieurs petits groupes. Rester en un seul grand groupe aurait été trop dangereux car il ne serait pas passé inaperçu, même dans une grande foule. Ritsu guida chaque groupe grâce à leurs téléphones portables à travers des itinéraires moins fréquentés. Karma, qui une fois de plus était séparé de Nagisa, ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui. En le faisant il mettait en péril sa couverture, mais il ne pouvait pas empêcher son cœur amoureux de vouloir garder son petit ami sous ses yeux. Au fur et à mesure que le temps passait de nombreuses questions se mirent à défiler dans l'esprit de Karma. Comment allait Nagisa ? Était-il anxieux lui aussi ? Pensait-il à lui ? Se pourrait-il qu'il se trahisse ? Il mit finalement fin à sa torture mentale lorsqu'il retrouva, avec un soulagement dissimulé, l'objet de ses pensées.

A présent éloignés de la foule, réunis dans une ruelle à distance des grands axes, ils prirent le temps de se concerter sur la suite des opérations. Ils se répartirent par groupes de quatre et, toujours en suivant les indications de Ritsu, rejoignirent les uns après les autres une des rues commerciales. Si Karma n'était toujours pas avec Nagisa, il pouvait tout du moins distinguer sa chevelure bleuté dans la masse ce qui le rassurait quelque peu. Par chance aucun passant ne leur prêta attention. Ces derniers continuaient leur vie sans se soucier de ce qui les entourait.

De fille à filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant