Chapitre 9

359 29 6
                                    


- « Est-ce que... Tout ça, entre nous... est-ce que... c'est un jeu pour toi ? »

Surpris, Karma se redressa sur un coude en un bond, se tournant vers Nagisa les yeux écarquillés. Cette phrase le mit en alerte, ces mots se répercutant douloureusement dans sa tête. Pourquoi est-ce que Nagisa prenait sa blague aussi mal ? Habituellement, cela ne l'affectait pas. Karma utilisait souvent de l'ironie lorsqu'il était mal à l'aise et il pensait que Nagisa l'aurait compris. Il pensait que cela aurait détendu l'atmosphère entre eux. Avait-il été le seul à être anxieux après ce second baiser ?

Contrairement à ce qu'avait pu monter son attitude, Karma s'était sentit mal à l'aise sous le regard pénétrant du bleuté et cette phrase sarcastique s'était présentée d'elle-même dans sa tête. Il n'avait pas plus réfléchit et l'avait simplement prononcée.

Son regard analysa Nagisa qui le fixait, il pouvait voir le tremblement dans ses mains, la tension dans ses épaules, la peur dans ses yeux. En le voyant ainsi, Karma ne put que s'inquiéter à son tour : il avait commis une vraie bavure cette fois. S'il ne se rattrapait pas, Nagisa s'éloignerait de lui, et ça, Karma ne le voulait pas. Il ne voulait pas laisser passer cette chance d'être avec celui dont il était tombé amoureux. Perdu face aux réactions de Nagisa, Karma se retourna le cerveau dans tous les sens à la recherche d'une solution à son problème. Il comprenait bien qu'il devait trouver quelque chose à faire ou à dire, mais il ne trouvait rien et paniqua. Il se mit à agir en suivant simplement son instinct et tenta une approche maladroite :

- « Nagisa.... Attends... Je ne voulais pas... C'était pour rire... Il ne faut pas le prendre comme ça... »

Karma ne put le toucher car Nagisa s'était reculé à son approche. Le carmin vit le regard de son ami devenir froid et distant. Il n'était vraiment pas doué pour rassurer les gens, pas plus que pour exprimer ses sentiments. Désemparé, cherchant encore ses mots et comment formuler ses pensées, Karma ne put que voir le bleuté se renfermer sur lui-même comme une huître qui chercherait à protéger sa perle précieuse. Ça lui faisait mal de voir son ami souffrir par sa faute. Nagisa lui tourna le dos, c'était une première pour Karma, comment devait-il réagir ? Que devait-il dire ? Cela faisait un moment que Karma ne s'était pas senti aussi nul et impuissant. Il était capable de résoudre n'importe quel exercice de maths, de physique, de science ou de sociologie, mais quand il s'agissait de simplement parler avec la personne qu'il aimait, il n'était plus capable de rien. Rompant ses pensées et le silence de la chambre, une voix vide et détachée, s'éleva :

- « T'as raison. Désolé. C'est de ma faute. C'est moi qui me suis trompé.

- Tu t'es trompé ? Sur quoi ? Interrogea Karma en s'asseyant en tailleur. »

Il était complètement perdu. C'était lui qui avait fait n'importe quoi, Nagisa n'était coupable de rien. Pourquoi, à nouveau, prenait-il ses paroles dans le mauvais sens ? La situation lui échappait complètement. Eux qui, jusque-là, se comprenaient avec ou sans mot, étaient dorénavant désaccordés et la musique qui sonnait aux oreilles de Karma ne lui plaisait pas. Il avait commis une fausse note en l'embrassant à l'instant. Il craignait que ce couac ne transforme la mélodie de leur amitié en une cacophonie. Lui qui commençait à envisager leur relation comme une symphonie craignait de voir leur partition s'achever avant même qu'elle n'ait réellement commencé à cause d'un malentendu. Il se sentait vraiment comme le chef d'orchestre le plus mauvais au monde, le seul qui fut assez doué pour détruire ses propres rêves d'une seule phrase.

Ceux-ci l'avaient conduit à Nagisa. Il avait fini par accepter ses sentiments pour son ami et avait été heureux de comprendre que Nagisa ressentait la même chose que lui. Il avait alors suivi son cœur et agit sans réfléchir aux conséquences. C'était toujours lui qui avait fait les premiers pas avec Nagisa. C'était lui qui avait fait le premier pas pour devenir son ami quelques années plus tôt. Et c'était lui à nouveau qui avait essayé de faire le premier pas pour commencer un nouveau type de relation. En embrassant Nagisa, il espérait ainsi que leur amitié prenne une nouvelle tournure : plus profonde, plus forte, plus intime.

De fille à filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant