Chapitre 3

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« Peut-être qu'il est déjà là. »


Tout le monde, y compris Nagisa s'était tourné vers le carmin. Ce dernier fixait les orbes bleutés de son ami et sans prévenir, vint sceller ses lèvres à celles de Nagisa dans un baiser chaste. Il se recula confus lorsqu'il sentit le bleuté répondre à son baiser. Leurs regards parcoururent les différents visages présents autour de la table. Ils arboraient tous un air surpris. Mais assez rapidement, les adultes se rappelèrent leurs bonnes manières, se reprirent et terminèrent leurs assiettes en silence. Même le :

« Mais, Nagisa t'es un mec non ? » de Hige resta sans réponse.

L'interpelé et Karma s'étaient plongés dans leurs desserts, tous deux gênés. Ils sentaient le regard ahuri du blond sur eux ainsi que les nombreux coups d'œil des adultes. Nagisa sentait la colère monter chez sa mère. Néanmoins, personne ne pouvait passer à côté du sourire, qu'ils n'interprétaient pas correctement, arboré par les deux compagnons. Ils avaient gagné. Ils avaient mis un échec et mat à Hige. Cela leur permettait de penser à autre chose qu'à ce baiser. Ils avaient appris en cours qu'embrasser pouvait être un bon moyen de détourner l'attention. Mais normalement, dans une telle situation, Nagisa n'aurait pas dû ressentir cette envie de répondre à Karma. Tout ça avait réveillé quelque chose en lui. Il pensait savoir ce que c'était mais choisit de ne pas y réfléchir d'avantage. Ce n'était ni le lieu, ni le moment.

Le repas se finit quelques minutes plus tard par des compliments sur les différents mets et la famille Kamikono repartit avec le sourire, sauf Hige qui semblait plongé dans ses pensées. Lorsque la porte se referma, la mère de Nagisa se tourna vers les deux garçons. Ils n'avaient toujours pas décroché un mot depuis le baiser et s'étaient à peine regardés. Lorsqu'ils virent le visage de Hiromi ils se figèrent sur place, tous deux parcourus d'un violent frisson. Le sourire de Hiromi était factice et cela se voyait. Ils sentaient l'aura menaçante qui se dégageait d'elle, et le ton sec et coupant qu'elle employa finit de les convaincre :

« Puis-je vous laisser rejoindre vos appartements monsieur Akabane Karma afin que j'ai une discussion avec Shiota Nagisa, en vous remerciant d'avoir accepté de participer à cette petite réception. »

Karma, intimidé, lança un regard rapide à son ami qui avait baissé la tête. Il aurait voulu poser sa main sur son épaule en signe de soutient mais le souvenir du baiser l'arrêta. Pourquoi cela le perturbait autant ? Il se dépêcha de prendre sa veste et son sac puis sortit sans demander son reste.

Avant qu'il ne tourne à l'angle de la rue, il parvient à entendre des bribes de voix venant de l'immeuble de Nagisa et devina alors qu'il devait se prendre un savon. Curieux de connaître le motif de cette crise de colère, il rebroussa chemin pour mieux entendre :

« Comment oses-tu te comporter ainsi sous mon toît ? Tu devrais avoir honte d'être comme tu es ! Qui est ce sauvage que tu côtoies ? Tu m'as humiliée devant mon collègue et tu as osé sourire après ça ! Et regarde-moi quand je te parle ! Jamais ma fille ne se comporterait ainsi envers moi ! Avec ça je peux t'assurer que tu ne sortiras plus jamais du droit chemin ! »

Les cris étaient ponctués des bruits sourds de divers meubles que l'on renversaient et des bruits un peu plus aigus tels que des couverts qui tombaient au sol. Le tout accompagné de plaintes d'une autre voix à peine audible. Karma savait que Hiromi n'était pas commode, mais il n'avait pas imaginé qu'elle puisse s'emporter pour si peu. Il reprit sa route en pensant à Nagisa. Il n'aimait pas laisser ses amis en difficulté même si pour le coup il ne pouvait pas faire grand-chose. Il se mit à réfléchir et à faire le lien entre l'environnement hostile dans lequel évoluait son ami et ce qu'il était devenu malgré tout. Lui qui était délaissé par les siens de parents n'avait pas vraiment réalisé à quel point il pouvait être chanceux. Il valait mieux vivre seul que mal accompagné.

De fille à filsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant