Les nuits furent interminables, ils avançaient dans l'obscurité,
encore égarés par l'abandon animal de leur être.
De la Terre, ils allaient tout exploiter, tout ébruiter.
Primauté de l'être pensant, de l'effacé ils deviendraient maîtres,
ils feraient des artisans l'emblème des dominés.
Mais ils étaient aux origines du monde, hommes de la pierre.
Ils étaient à l'aurore du commencement, les pieds enracinés,
ils vivaient nus sous le ciel obscur, sans terre hospitalière.
Ils étaient les enfants de la Nature, de celle qu'on ne doit profaner.
Ils trouvèrent le feu, l'esprit des anciens.
Ils avancèrent le visage tourné vers la nuit,
marquant leur humanité dans le repos des antres, l'écriture des siens.
Eden des Envolés, Paradis des Perdus, Céleste promis.
Ils étaient la poussière du monde, dans l'immensité du vide.
Les voix s'éteignent, disparaissent les derniers druides.
Ne restent-ils plus que la plume et l'encre éternelle ?