Impuissance

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!!!!!! JE FAIS UN AVERTISSEMENT ICI AVANT CE CHAPITRE !!!!!

Si vous n'êtes pas bien à l'évocation du suicide ou de la mort, je ne vous conseille pas de lire ce chapitre. Vous pourrez tout de même continuer la lecture puisque cet événement sera rappelé dans le prochain. 

!!!!!!!!!!!!! Merci (en espérant ne pas vous avoir spoiler pour les autres, mais je savais pas comment l'amener) !!!!!!!!

Lorsque je pénétrais dans l'endroit préférée de ma protégée, je n'avais plus aucune force. Mentalement, j'étais vidée. Je n'avais pas envie de scruter son esprit pour savoir ce qu'il s'était passé et m'allongea juste à mi-hauteur, mes cheveux restants à mes côtés et les mains positionnées sur mon ventre.

Ma bille avait commencé à tourner en une lumière violette ce matin, pendant qu'Ollie était en train de rédiger ses pensées sur le papier. J'avais tout de suite compris qu'Horst avait besoin de mon aide. Sans un regard en arrière, j'avais détaché la bille et elle m'avait guidée sur le chemin pour le retrouver. Son protégé habitait dans le nord de la France et j'y étais arrivée en trente minutes même pas. Ma petite accompagnatrice ne semblant pas si pressée.

J'étais arrivée devant une petite maison de banlieue et j'avais aperçu que les volets du premier étage étaient fermés. A 12h, un lundi. J'avais traversé les murs pour arriver dans cette fameuse pièce au volets clos.

Horst m'attendait au-dessus du lit. Dans les draps se trouvait William, qui semblait dormir profondément.

- Que se passe-t-il ?

- Il a des envies de plus en plus suicidaires et son taux est passé à 99% » me répondit-il paniqué.

A la lumière de nos billes, je voyais son visage complètement tordu par l'inquiétude. Il avait quelques mèches blondes qui lui couvraient les yeux, s'échappant de sa coiffure.

- Il dort là ?

- Oui, il se réveillera dans dix minutes.

Ses yeux virevoltaient entre son protégé et moi à une vitesse hallucinante.

- On fait quoi ? me demanda mon ami, triturant ses mains dans tous les sens.

J'eus une poussée de bon sens et d'idées pour le sauver, je lançais sans réfléchir :

- Tu peux influencer sur son rêve pour le rendre joyeux ? Je vais essayer de mettre en place des stratagèmes qu'il verra à son réveil.

Je descendis dans le salon et força pour que la télé diffuse son programme favori lorsqu'il l'allumerait. Puis, je mis en évidence les photos de famille et fis planer une odeur que je pensais être douce et joyeuse. Horst me rejoignit et s'enquit de transformer le salon et la cuisine, sans que cela se voit, pour créer une ambiance propice lorsque celui-ci descendrait. On monta ensuite pour enlever les médicaments de l'étagère de la salle de bain et les poser un peu plus loin. J'entrais dans sa chambre et à l'aide de ma petite bille qui m'éclairait, j'envoyais le plus d'ondes positives que je pouvais.

Alors que je me concentrais, Horst me bouscula en entrant et cria :

- Il se réveille !

On se figea tous les deux, à quelques centimètres du sol. William se mut alors dans des gestes endormis et ouvrit les yeux. Mon compagnon m'avait pris la main, retenant son souffle. Il sortit péniblement de son lit mais ne prit pas la peine d'ouvrir les volets, ni d'enfiler ses chaussons. Habillé d'un t-shirt tout simple et d'un short noir, il marcha courber et se passa une main sur le visage. Lorsque ses pieds nus rencontrèrent le parquet du couloir, Horst me glissa :

- Il ne se souvient plus de son rêve.

Je grimaçai, son visage ne respirait pas la bonne humeur et ses traits tirés me faisaient peur sur ses intentions. Il avait de longs cernes et les cheveux en bataille, sans doute pas lavés depuis plus de deux semaines. Malgré cela, ses yeux verts ressortaient et transpiraient la détresse. J'aurais tellement voulu le prendre dans mes bras, l'aider du tout ce que je pouvais, mais cela m'était impossible.

Il se contempla dans le miroir de la salle de bain et chercha les médicaments. Je regardais Horst, qui semblait être concentré pour lui envoyer tout ce qu'il pouvait. Cela marcha puisque William abandonna et descendit dans la cuisine, le pas lourd. Je souris faiblement, il allait peut-être allumer la télé ou mangerait-il un petit déjeuner qu'il aime.

Mais au lieu de faire ce que j'avais imaginé, il remonta instantanément, une corde à la main. Horst sursauta et j'eus un hoquet de surprise.

- Je n'ai pas lu ça dans son esprit, paniqua-t-il de tout son être.

Je ne pouvais lui répondre car j'étais tétanisée devant les gestes du jeune homme. Il entra dans sa chambre et la suspendit au crochet du lustre enlevé, dans un mouvement las.

Horst, en pleine angoisse, essaya de le forcer à renoncer et me tira hors de cet état de transe. Consciente de ce qui pouvait suivre, je fis de même. Je mis tous mes moyens dans la pièce, en essayant de nouvelles atmosphères douces. Je refusais catégoriquement de croire qu'il allait passer à l'acte. Il était bien trop jeune pour le faire, et même si je savais ce qu'il y avait derrière, cela signifiait un échec pour Horst et une belle vie de gâchée.

- Stop, vos gueules, hurla William, alors qu'on s'activait à l'en empêcher.

Tous les deux nous nous arrêtâmes, pensant qu'il pouvait nous voir. Je regardais Horst, écarquillant les yeux. Il me retourna un regard d'incompréhension.

- Vous comprenez pas, putain. Allez tous vous faire foutre. Personne ne m'empêchera de le faire » beugla-t-il à s'en arracher la mâchoire. Puis, il se prit la tête.

J'étais postée près de la fenêtre et mon ami se situait près de la porte d'entrée. Je n'osais plus faire un geste de peur d'être la personne qui le précipiterait à en finir.

- Sortez de mon esprit, je suis seul et le resterais. Ils vont penser que je suis fou, alors que je vais très bien, je veux juste en finir. » Sa voix s'étrangla dans un sanglot.

J'entrepris un pas en avant en direction du lit. En tendant les mains vers le corps de ce jeune humain, j'essayais de le toucher. Il s'était assis sur son lit, une jambe épousant l'angle du matelas et le pied touchant par terre, et l'autre repliée sur elle-même. Sa tête ne nous était pas visible, mais on entendait ses pleurs. Avant que je ne puisse l'atteindre, il se redressa, chassant de la paume de sa main les larmes roulant sur ses joues. Il se reprit vite. Horst me rejoignit en un quart de seconde et nous nous décalâmes de William. Mon ami ne comprenait pas et semblait au fond.

Je lui pris la main tandis-que le jeune William montait sur le bout de son lit et se passait la corde au cou. Désespérément, je vis mon ami tenter un dernier coup, s'interdisant de croire à une fin.

Malheureusement, l'humain inspira un grand cou et sauta du lit, enserrant autour de son cou le bout de ficelle. Je baissais instinctivement le regard. Et Horst cria. Il se précipita pour tenter de couper la corde mais n'eut plus assez de force pour se matérialiser et la déchirer.

Il hurla contre William qui respirait encore puis se jeta dans mes bras.

Je l'emmenais hors de la pièce et m'écroulait avec lui sur le mur du couloir. La marque sur le poignet droit d'Horst était toujours là, en forme de diamant. Je le saisis par le bras, pour l'empêcher d'y retourner. Je faisais rempart entre la porte de la chambre et le double de cet humain. Après quelques minutes, la marque disparu, signe que William avait cessé de respirer. Mon ami enfoui sa tête dans mes membres et je ne ressentis plus rien. Mentalement, je n'étais plus qu'une coquille vide. Je ne pouvais pas pleurer, mais cet insuccès était si dur à supporter. Horst tenait dans son esprit son premier protégé et il avait échoué.

- Faut que tu rentres. Va retrouver Astree et prend un temps de repos.

Ma voix était pâteuse, sans émotion, sans tonalité. Jene le laissais pas répliquer et demanda à sa bille de le transporter àdestination. Une fois qu'il fut volatilisé, je pris la direction de ma maison.Je ne fus pas pressée pour rentrer et vogua dans les airs pendant toute uneaprès-midi.

La poursuite d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant