Une activité revigorante

0 0 0
                                    

Les jours qui suivirent, Ollie se montra inquiète. Était-ce pour elle, une bonne idée que de quitter l'université ?

Elle avait analysé, ressassé la réplique de Lou et commençait à la comprendre. Elle ne savait pas faire un choix, elle pesait toujours tout dans la balance et ne savait même pas ce qui avait le plus de poids pour elle.

La journée où Mathieu s'étaient pointé, il était venu avec des amis et elle s'était sentie si inutile parmi toutes ces têtes du milieu. On ne lui avait laissé que très peu la parole et à chaque fois qu'elle avait proposé quelque chose, on lui avait ri au nez. Lou avait peut-être raison, elle n'avait pas les compétences et le projet ne verrait pas le bout. Ou en tout cas, il serait peut-être terminé, mais sans elle.

Dans l'amphithéâtre où elle se trouvait à cet instant, elle s'avachit sur son coude et n'écouta plus le cours. Elle avait envie de tout casser, d'hurler et de trouver une solution. Mais elle avait l'impression qu'elle n'était qu'au début du tunnel. La lumière n'apparaissait même pas.

Elle sortit de l'université abattue. Sa force l'avait quittée, elle traina des pieds pour rentrer chez elle, le regard penché vers le sol. Avec Lou elles ne s'étaient pas reparlées et Aline essayait tant bien que mal de gérer ses deux amitiés. Ollie avait tout de même pris gout à écrire dans son cahier quotidiennement sa journée, ses états d'esprit et son envie de tout laisser tomber. Elle ne sentait pas gagner cette bataille. Si seulement quelqu'un pouvait l'éclairer.

La jeune fille envoya donc un message à son frère et elle espérait qu'il puisse l'aider. Il l'appela par la suite et ils discutèrent pendant une bonne heure. Ce qui en ressortit n'aida pas vraiment Ollie comme elle le pensait. Il lui avait conseillé d'en parler avec leurs parents ou de finir l'année de cours. Mais aussi de ne pas rester enfermée avec ses pensées et découvrir d'autres choses, s'ouvrir au monde. Elle le remercia et finit l'appel. Il était maintenant temps pour elle de travailler un peu, ce qui lui permit de se concentrer sur une tache et de ne pas penser à sa vie.

Le lendemain matin, elle avait toujours les conseils d'Ales en tête si bien qu'elle perçu le prospectus d'un club théâtre comme une opportunité. Attaché sur le mur des papiers de l'université, elle n'avait jamais fait attention à cette organisation. Ce n'était pas une activité qui l'intéressait particulièrement, mais elle collait avec ses horaires. Ollie décida donc de se rendre à une de ces séances qui se déroulait le mercredi après manger.

Cela se tenait dans la petite salle de conférence où une scène trônait dans le fond, cachée par des rideaux de velours noirs. La pièce était vide et seulement un rond de chaises était positionné au milieu.

- Bonjour, l'accueillit-elle la professeure.

Elle lui rendit sa phrase de commodité et demanda si c'était toujours possible d'observer un cours. La dame, qui devait avoir une quarantaine d'année, lui répondit à l'affirmative et lui présenta un siège vide. Petit à petit, les étudiants de ce club remplirent les autres et un bruit d'ambiance se fit.

Lorsque tout le monde fut installé et que des textes jonchaient les genoux, la doyenne prit la parole et invita Ollie à se présenter.

- Bonjour, je m'appelle Ollie, j'ai dix-neuf ans et j'étudie en licence 2 de mathématiques ici. Je n'ai jamais fait de théâtre et je viens ce soir, juste pour regarder comment ça se passe.

La professeure, qui se prénommait Julie, remit de ses mains son long gilet colorée.

- Très bien, acquiesça-t-elle par la suite, pourquoi as-tu voulu particulièrement voir le club théâtre ?

- J'avais besoin de changer d'air et j'ai vu le papier à l'entrée, je me suis dit pourquoi pas, souri-t-elle dans un haussement d'épaules.

Le cours débuta. Elle regarda en premier lieu les élèves performer sur des extraits de Phèdre et passer à des improvisations en groupe. Cette année, la grande pièce de théâtre allait être donné en février et ils auraient ainsi peu de temps pour être performant pour juin. Ollie fut invitée à essayer l'improvisation avec un groupe et ne s'en sorti pas trop mal – pour une débutante –.

A la fin, Julie proposa – comme à chaque séance apparemment – du thé et des gâteaux. Ils conversèrent ainsi de ce qu'ils venaient de faire dans une bonne atmosphère et Ollie discuta avec quelques personnes qu'elle trouva fort sympathiques. Elle rentra chez elle contente.

C'est ainsi qu'avec plus de légèreté, elle aborda la fin de la semaine et se reposa tranquillement lorsque le week-end arriva.

--

Je la regardais traverser les mois d'hiver avec plus de sourire et d'ambition. Même si elle ne savait pas où elle allait, elle continuait ses études et parallèlement avait le théâtre, qu'elle aimait travailler.

On était maintenant fin avril et elle avait décrocher un rôle dans la pièce de fin d'année. Il lui convenait. Là-bas elle avait rencontré des amis avec qui elle sortait boire un verre de temps en temps et avec qui elle partageait un loisir commun. Cependant, une personne dans ce club ne semblait pas l'apprécier et faisait tout pour se montrer meilleure qu'elle. La jeune métisse en rigolait puisque ce n'était que ses premiers cours et qu'elle n'était pas la meilleure et n'avait d'ailleurs jamais voulu l'être. Surtout dans le théâtre qu'elle voyait comme un loisir. Elle s'évertua donc à ne pas se faire atteindre par ces méchancetés.

Je savais que son envie de quitter l'université se faisait encore plus présente et que l'année prochaine elle n'y retournerais probablement pas. Je réfléchissais à ce qu'elle pourrait faire, scrutant son esprit sans relâche. J'avais du mal. Et puis, je faisais un peu du surplace depuis janvier.

Horst était revenu avec une nouvelle personne à protéger et allait vraiment mieux.

Le temps ne comptait pas là-haut alors il me disait qu'il était resté comme il le fallait. Mon ami avait parlé à William et ils s'étaient enlacés. Je ne savais pas où ce petit bonhomme était parti mais j'étais sûr qu'il aurait fait un excellent double. Les deux fillettes qui gardaient un couple étaient de plus en plus dans la maison des doubles et se réjouissaient de savoir que leurs deux humains allaient partir vivre en Suède.

Ambroise et Charly étaient occupés dans leurs missions mais on avait quand même pu se voir pour regarder notre famille terrestre, qui se portait à merveille. Des petits êtres les avaient encore rejoints.

Les vacances de Pâques approchaient et Ollie en avait droit à une semaine. Mais avant ça, elle devait rendre visite à son frère et à Tabata, qu'elle verrait pour la première fois.

- J'ai eu 17, cria Lou du couloir.

Sa colocataire, assise devant son bureau ferma les yeux puis souffla. C'est bien Lou, on est content. Merci de nous rappeler qu'on n'atteindra jamais ce niveau. Elle se tut et ne sortit pas de sa chambre.

Je la regardais penser. Ce n'était pas les plus beaux jugements qui lui venaient à l'esprit. Elle repartait dans une comparaison avec les autres. De plus en plus en ce moment même si tout semblait aller mieux, Ollie n'arrêtait pas de se comparer à tout le monde. Peut-être une conséquence du fait qu'elle ne sache pas où aller. En tout cas, je ne savais pas vraiment comment l'arrêter. Elle repartait dans une de ces boucles infernales devant son exercice de mathématiques, si bien qu'elle le laissa tomber.

- Salut Ol', on sort avec Lou voir des amis, on sera pas là pour le diner, dit Aline en passant sa tête dans l'embrasure de la porte.

Elle se tourna et hocha la tête dans sa direction puis se remit devant ses cours.

Une fois que la porte de l'appartement ait claqué, Ollie partit s'affaler sur le lit. Encore un soir où elle ne sortait pas. Encore un soir où on ne pensait pas à l'inviter. Elle ferma les yeux et se cala sur sa respiration. Pourquoi la vie semblait lui glisser entre les doigts ? Pourquoi sa jeunesse ?

Elle resta dans la même position jusqu'à ce que le soleil ait disparu et là elle se résigna enfin à commander à manger. Elle mangea sa portion seule devant la télévision. Un film qui ne la passionnait pas. Qu'est-ce qui la passionnait en même temps ?

La poursuite d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant