escapade nouvelle

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Ollie franchissait le pas de la porte d'entrée de l'université pour la première fois en sept jours. Elle espérait que ça serait son dernier trimestre dans l'établissement. Même si elle n'était pas encore sûr de quitter ses études, l'élève était plus confiante dans ses choix.

Depuis que cette mystérieuse personne l'avait sortie de la déprime, elle ne se sentait plus seule. Elle ne connaissait pas son futur, n'avait absolument pas trouvé ce qu'elle aimait faire ni ses passions, mais l'avait compris et l'avait accepté. Ces vacances s'étaient déroulées à merveille.

Comme avait prédit sa « bonne étoile » Gabin était de retour en France. Ils se croisèrent dans un bar et discutèrent de longues heures, contents de se retrouver après tout ce temps.

Il avait bien grandi et la dépassait désormais de presque deux têtes. Sa tête blonde était restée la même, et ses yeux pétillaient toujours autant.

Il était épanoui aux États-Unis et avait réalisé un de ses plus grands rêves, intégrer une équipe de football américain.

Grâce à cet échange, ils avaient gardé contact tout au long des vacances. Pour prolonger les retrouvailles, Ollie lui avait offert de visiter ensemble les alentours ainsi qu'à sa copine. D'ailleurs, elle la trouva au départ très méfiante, mais plus le temps passait, plus elle s'était montrée sympathique.

Ces vacances furent un bol d'air frais pour la jeune femme.

Elle se découvrit une passion pour l'aventure et l'idée de passer des journées près de la nature lui faisait de plus en plus de l'œil. Le projet de Mathieu avait continué de se dérouler en parallèle mais Ollie n'y prêtait plus une aussi grande attention, puisqu'elle ne voulait pas se refaire traiter comme elle l'avait été avec ses amis.

L'étudiante se sentait grandie et plus sure d'elle depuis l'évènement. Toute cette positivité lui avait fait un peu peur au début, mais elle avait appris à l'embrasser et à vivre avec.

C'était bête mais durant ces dernières semaines, elle avait fait plus que depuis le début de l'année. Elle souriait toujours, prête à affronter sa journée, tandis qu'elle était à la machine à café. Un camarade de théâtre vint la saluer et lui demanda si elle était prête pour les répétitions. Cette dernière lui fit un clin d'œil. Bien sûr qu'elle était prête.

Elle repensa à janvier. Les résultats des partiels étaient tombés, elle avait Lou qui se retournait contre elle et elle se sentait perdue. Le souci des études était à présent parti loin derrière et avec Lou, elles avaient décidé de passer l'éponge.

Près de la machine à café se trouvait le panneau d'informations. Depuis qu'elle avait découvert le théâtre grâce à ça, elle avait pris l'habitude d'y jeter un coup d'œil chaque matin. Des prospectus pour les différents clubs plus un papier pour faire du bénévolat dans une maison de retraite. La jeune femme le considéra que très peu de temps puis rentra dans l'amphithéâtre, en jetant son gobelet à la poubelle.

En ressortant de son heure de répétition le mercredi après-midi, elle repassa devant ce panneau et vit le papier de lundi. Cette fois-ci elle le regarda un peu plus longtemps. C'était samedi matin, dans une maison de retraite à environ deux kilomètres de chez elle. Cette action lui était-elle destinée ? Était-ce sa bonne étoile qui le lui envoyait ?

Ses cheveux crépus, attachés en un chignon mal fait, lui tirèrent le crâne lorsqu'elle secoua la tête. Elle n'allait pas partir dans une dimension où cette belle rousse contrôlait sa vie. Si elle avait envie d'y aller, elle irait.

C'était quelque chose qu'elle devait réfléchir, mais pour l'instant cela la tentait bien.

Au diner du soir, où se trouvait ses deux colocataires, Lou parla justement de ce petit bout de papier. Elle papotait sur le fait que c'était une bonne action à faire et Ollie parut sceptique. Tout ça, était-il calculé ?

Directement, elle chassa cette pensée de la tête, refusant de s'engager dans cette direction.

- Tu penses y aller ? Avança Ollie, pour clôturer le sujet dans son esprit.

Lou la regarda, en portant en même temps une grande fourchette de spaghettis à sa bouche. Ses deux amies rigolèrent à la voir essayer de tout finir et elle s'en mit partout. Lou qui voyait qu'elle ne finirait pas en deux secondes, hocha la tête en direction d'Ollie pour lui communiquer sa réponse.

- Je pense venir aussi, enchaina la métisse en prenant une plus petite portion que sa congénère.

Elles se tournèrent vers Aline qui haussa les épaules.

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Le premier jour du week-end arriva plus vite que prévu. La troisième colocataire ne put venir, si bien qu'elles se retrouvèrent toutes les deux dans les rues à huit heures du matin. Le temps extérieur était de plus en plus agréable et les beaux jours de mai commençaient à pointer leur nez. Elles ne croisèrent que très peu de monde à pied et le soleil leurs renvoyaient des rayons matinaux d'une douceur inouïe, qu'elles prirent avec joie.

- T'as déjà fait des actions dans ce genre ? La questionna Ollie.

Lou, un serre-tête dans ses longs cheveux noirs, lui répondit à l'affirmative.

- La plupart du temps, tu passes ta matinée à jouer avec eux et à discuter de leurs vies. Parfois, c'est très intéressant, t'apprends pleins de choses et puis d'autres, tu les écoutes juste se plaindre.

Elles arrivèrent à l'heure dans le hall de la maison de retraite. Devant l'accueil, une dame en blouse bleue arborant un insigne au nom de Josiane leur dit bonjour. En donnant nom et prénom, elles purent avoir accès à la grande salle, où les résidents commencèrent à arriver. Il y avait déjà plusieurs jeunes de leurs âges et une autre dame en blouse bleue se présenta :

- Bonjour, je m'appelle Marie, merci d'être venue aujourd'hui. Si vous pouviez prendre un peu de gel ou vous laver les mains avant d'aller vous installer avec un résident, cela serait fort sympathique.

Elles s'exécutèrent et Lou partit s'installer avec une vieille personne, qui était restée toute seule. Ollie alla s'asseoir à une table vide et se débarrassa de son manteau. Cette pièce était très accueillante. Lumineuse grâce aux grandes fenêtres sur tout le mur de gauche, les tables et le sol couleur gris clair absorbaient les rayons. La jeune femme faisait face à une extension de la pièce, moins éclairée. Un panneau sur la droite indiquait une porte menant au jardin.

Trois résidents vinrent lui tenir compagnie pendant les deux heures qui s'en suivirent. Ils jouèrent de belles parties de tarots, après que l'on ait expliqué à l'étudiante les différentes règles. Elle passa un excellent moment à rigoler et à les regarder se disputer gentiment lorsque l'un des trois avait décidé de l'aider en cachette.

A dix heures, ces coéquipiers la quittèrent et elle s'affala sur sa chaise, heureuse de l'instant. Ils avaient tous une bonne humeur très communicative. Lentement, un monsieur s'avança vers elle, un béret marron sur la tête.

- Mademoiselle, voudriez-vous m'accompagner marcher un peu dehors ?

C'était si gentiment demandé qu'Ollie ne se vit à aucun moment dire non et fut même ravie de se lever et de se dégourdir les jambes.

La poursuite d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant