Noël visible

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Le jour de partir arriva. Lorsqu'elle fit ses valises et remarqua son sac de cours qui n'avait pas bougé, elle eut quelques regrets. D'une intention, je les lui fis chasser de sa mémoire, elle avait eu le droit à son temps de repos. Elle ne put quand même se résoudre à ne pas en prendre et embarqua quelques révisions avec elle dans le train.

Ollie avait prévue d'arriver le 24 même. Comme ça, elle avait eu le temps de profiter seule de ses vacances et maintenant, elle allait voir sa famille. Il fallait juste avant mettre de côté sa rancœur et ses sauts d'humeurs pour pas se fritter avec son frère ainé. Ils s'aimaient beaucoup tous les deux, mais lorsqu'ils passaient un peu trop de temps ensemble, Ales ne pouvait s'empêcher de tout savoir sur sa vie, quitte à vouloir s'immiscer dedans. Alors que lui ne lui parlait jamais de rien. C'était un peu trop envahissant.

Ollie franchit le pas de la porte de la maison de ses parents. Ce n'était pas ses parents biologiques, mais pour elle, il n'y avait aucune différence. Elle enserra sa mère et chercha son père. Il était parti acheter quelques ingrédients qui manquaient. Aux pieds du sapin dans le salon, directement à gauche dans l'entrée, elle y déposa tous ses cadeaux et gravit les marches à l'opposé dans la maison pour atterrir dans sa chambre. C'était une petite pièce, toujours décoré de ses années lycées et avec vu sur le petit jardin, complètement mort au vu de la saison dont l'herbe avait tourné au vert pâle. Elle y avait sur les murs des posters et des livres qui trainaient un peu partout. Ollie savait qu'elle n'en avait pas fini un seul. Toujours commencé, jamais terminé.

Elle prit en main quelques-unes de ses figurines de collection. Elle avait une phase où elle avait été fan de Starwars et collectionnait les magazines et le reste. Sa peluche ours, qu'elle avait vu rétrécir aux fils des années et devenir de moins en moins imposante, se dressait dans un coin de son lit simple. Elle avait gardé une couleur marron délavée. L'odeur restait celle de la lavande et dans ses placards d'habits reposaient maintenant des tas de souvenirs et quelques pièces, t-shirts, qu'elle ne voulait pas donner.

- Salut, petite.

Dans l'embrasure de la porte se tenait Nailah, sa grande sœur. Physiquement, elles ne se ressemblaient pas, puisqu'elles n'avaient pas les mêmes parents. Nailah avait rejoint leur famille à 10 ans, originaire d'Éthiopie, son insertion avec eux avait été un peu tendue les premiers mois, mais maintenant, tout allait pour le mieux.

- Salut, t'es arrivée il y a longtemps ? dit Ollie.

- Juste quelques heures, j'ai dû aller chercher Alexis à la gare.

Cette dernière se retourna pour voir arriver son copain, depuis plusieurs années déjà. La fenêtre du couloir laissait passer un beau rayon de soleil, qui arrivait directement sur sa tête, faisant rayonner sa peau couleur ébène. Elle s'était encore embellie. Ses yeux verts qui transperçaient et ses cheveux, le plus souvent attachés, fonctionnaient tels des cobras, t'hypnotisant.

Ollie était fière d'être sa sœur.

- On va aider maman ? Lança-t-elle dans sa direction, tout en enlaçant Alexis.

La plus jeune sœur hochait la tête et ils descendirent préparer le meilleur repas de l'année.

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J'avais l'impression de revivre une soirée de Noël, mais cette fois-ci, avec la famille de ma protégée. Heureusement que je ne ressentais pas l'envie de manger lorsque je voyais les plats magnifiques qu'ils étaient tous entrain de dresser, parce-que j'aurais été sujette à une forme de torture.

Ales, ce frère qu'elle avait évoqué dans son esprit arriva vers 17h30, et je ne la sentis pas particulièrement se tendre. Elle devait avoir l'habitude, et cela était sans doute progressif.

Lors de la préparation du diner, les membres de la famille n'échangèrent que des banalités, sans aller en profondeur. Ils parlaient de leurs études, de leurs travaux, leurs relations et j'en passe. Mais tout était encore dans la bonne humeur.

Alors que la fin du repas approchait et que toute la famille était réunie, ayant bien mangé Ales se leva pour aider sa mère à apporter les bûches. Ils étaient environ dix-sept, et j'étais partie pendant ce long moment parce-que je n'y voyais pas l'intérêt. De plus, Ollie allait se remémorer les moments forts de cette soirée, et j'allais en profiter.

Pendant ce temps, j'étais partie cacher ma première pierre au Tibet. Sous un grand amas de neige. Il faisait bien noir et je n'avais pas cherché longtemps pour trouver un endroit passable pour accueillir cette petite pierre bleutée.

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La jeune femme fit glisser la chaise en bois sur le parquet et se leva pour rejoindre sa mère et son frère. Dans la salle à manger, accolée au salon on y parlait fort et on rigolait à gorge déployée. Ollie, qui ne comprenait pas les sujets de discussion et ne s'y intéressait pas trop, proposa son aide dans la salle d'à côté en traversant la porte aux multiples carreaux. Ils étaient en train de dresser les desserts, et le calme y était présent.

- Tiens, tu peux prendre les cuillères et les assiettes dans le placard, s'il te plait ? lui demanda Ales, son ainé de trois ans.

- Parfait, merci Ollie, je vais déposer les derniers cadeaux au pied du sapin » En profita son parent qui disparut.

Au son des cuillères s'entrechoquant, Ales commença à chantonner et sa sœur, dos à lui, sourit. La cuisine était tout en longueur et il n'y avait pas tellement de place pour ne pas se retrouver à côté. Elle reconnut une chanson qu'ils avaient aimé tous les deux durant leur adolescence. Avec entrain, légèrement, elle le rejoignit dans son frémissement. C'était une ballade calme, avec une guitare et un harmonica. Dans sa tête, elle entendit cette chanson résonner et les paroles glisser. Ils entamèrent ensemble le premier couplet.

- Ours tears are filling the oceans

Take me back for a little moment.

- Ollie ? » l'interrogea-t-il, coupant ainsi le rythme de la chanson.

Une pile d'assiettes à la main et les cuillères par-dessus, elle se retourna, faisant face à son frère.

- Tout se passe bien dans ta vie ?

En sentant la suite arriver, elle répondit le plus simplement possible.

- Oui, t'inquiètes pas.

Ollie se retourna pour quitter directement la pièce et apporter les assiettes à table. Or, celui-ci la retint en commençant une nouvelle phrase :

- Je sais que ça t'énerve quand je pose trop de questions, mais là je voulais juste m'assurer que ma petite sœur vivait bien, et sincèrement. Je te connais, t'as pas l'air à ta place, et je sais pas si c'est parce-que tu es ici ou si c'est autre chose. Je veux juste t'aider » il fit une pause « mais tu peux aussi ne rien me dire » finit-il dans un soupir.

Elle fronça les sourcils.

- Comment tu vois ça toi ? Où est passé le Ales qui est aveugle quand il s'agit de parler des autres ? » sa voix était peut-être un peu trop sur la défensive et elle descendit d'un ton.

Ce dernier lui adressa un sourire faux.

- Haha, c'est drôle Ollie. Ça se voit qu'on parle pas beaucoup, parce que tu saurais que j'ai énormément changé depuis un an.

- Ah oui, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Toi d'abord, dit-il sur un ton joueur.

Il prit la première bûche et partit l'amener à table. Sa jeune sœur le suivit avec une partie de son chargement. Lorsqu'ils revinrent en cuisine, elle avait eu le temps de penser à ce qu'elle allait dire.

- Je pense à arrêter mes études actuellement, annonça-t-elle.

La poursuite d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant