𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚜𝚒𝚡

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Bonne lecture !

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Quand Oikawa ouvrit la porte de sa chambre, habillé d'une chemise en coton au col descendant, d'un pantalon cintré et d'une veste sombre de laquelle pendait une cape sur le côté, il fut presque surpris de voir que le garde censé le conduire au roi l'attendait de pied ferme à moins d'un mètre de là. Campé sur ses pieds, l'épée à la taille et les mains croisées dans le dos, il le fusilla du regard sans détour.

Oikawa se décala pour le contourner, faisant claquer ses bottes, et lui offrit un petit sourire amusé.

— Montrez-moi donc la voie, je vous suis.

— Vous venez de faire attendre le roi, siffla le garde.

En vérité, il devait être bien plus qu'un simple garde. De sa haute stature, il dépassait Oikawa de plusieurs centimètres, et portait des vêtements dorés et une broche brillante sur la poitrine. Le prince n'était pas assez renseigné pour connaître les significations des galons en tissu juste à côté. Des cheveux courts et sombres, une trentaine passée depuis longtemps, des joues rasées de près : Tooru remarqua que le roi savait apparemment s'entourer, et surtout il ne lui avait pas envoyé n'importe qui.

Un véritable chevalier pour l'accompagner comme un domestique ? Iwaizumi n'aurait pas eu meilleure expression.

— Raison de plus pour ne pas traîner, n'est-ce pas ?

Il croisa les bras sur sa poitrine, pencha la tête, et l'homme renifla de dédain avant de se mettre en route. Avec de grands pas décidés, il partit vers la gauche, et Oikawa fit de son mieux pour ne pas montrer son intérêt.

Le château était décidément un beau bâtiment. Les couloirs étaient longs et réguliers, et les grandes tapisseries en bon état laissaient deviner des formes arrondies, dans des tons clairs. À l'opposé de la porte menant à la grande chambre d'Oikawa, d'immenses fenêtres laissaient entrer la lumière fragile de l'extérieur, où les lampes à huile et la lune éclairaient le jardin royal défraîchi par l'hiver.

Le prince s'accorda quelques secondes, puis lui emboîta le pas.

Le chevalier marcha rapidement, pressé de se débarrasser de cette mission. Oikawa, de son côté, admira quelques tableaux en passant, et s'assura de garder un Neil sur l'homme qui tentait de le semer à chaque détour de couloir. Il eut l'impression de parcourir ainsi le château pendant près de dix minutes, et il s'en voulut de ne pas avoir regardé l'heure avant de quitter sa chambre quand le son des cloches de la cathédrale résonna jusqu'à lui. Si sa notion du temps était exacte, il devait être un peu plus de vingt-et-une heures. Il compta neuf sons de cloche, et afficha un sourire satisfait.

— La dernière porte au bout, annonça l'homme dans un grognement.

Il la pointa du doigt, le bras presque tendu, et Oikawa dut attendre d'arriver à sa hauteur pour pouvoir voir de quoi il en retournait. Ce long couloir semblait légèrement différent des autres, plein de portraits et de rideaux épais, et les portes paraissaient plus sombres et plus épaisses.

Oikawa haussa un sourcil.

— Vous ne m'accompagnez pas ?

— Vous allez vous perdre pour une dizaine de mètres ?

Le prince dût retenir un sourire sincère. Étrangement, il n'eut pas envie de lui rappeler la bienséance et les paroles courtoises : ce chevalier l'amusait dans son comportement bourru.

— Vous êtes impoli, remarqua Oikawa.

— J'ai le grade pour l'être.

— Et si je décidais de m'enfuir par la fenêtre ?

Ad Vitam Aeternam | UshiOiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant