𝚌𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍𝚘𝚞𝚣𝚎

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Bonne lecture !

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Le soir était presque tombé lorsqu'Oikawa tourna à l'angle du couloir. Le chevalier de la dernière fois sur les talons, il lui lança un coup d'œil avec un sourire avant de s'arrêter. Tout était calme dans le palais, et ils n'avaient croisé aucun domestique sur le chemin depuis sa chambre.

— Merci, dit Tooru.

Cet homme avait la même expression bourrue que la dernière fois. Depuis, il avait lu un livre entier sur les galons du royaume, et cela avait confirmé ses doutes : ce chevalier était le garde royal, décoré ainsi pour sa bravoure en tant que capitaine de l'armée personnelle du roi. Et c'était lui qu'on avait choisi pour escorter le prisonnier de guerre jusqu'au bureau du souverain, à une heure peu convenable.

En vérité, cela faisait sens : un secret bien gardé.

— Vous n'êtes vraiment pas très bavard, fit Oikawa avec une moue déçue. Je pensais pouvoir entendre quelques remarques intéressantes aujourd'hui encore.

— Taisez-vous donc le roi vous attend.

Il lui lançait ce regard irrité depuis que le prince avait commencé à se guider seul dans les couloirs. Oikawa sourit, le chevalier plissa les yeux.

— Vous avez une bonne mémoire.

— Effectivement.

— Et vous me l'avez montré. Délibérément.

Le prince pencha la tête. Cet homme l'amusait énormément.

— Effectivement, répéta-t-il.

Il n'ajouta rien, et l'autre ne dit rien non plus : un regard un peu long passa entre eux, jusqu'à qu'Oikawa se détourne pour avancer le long du couloir. Cette fois, il n'y avait pas de brume et il put voir les jardins à l'extérieur, en contre-bas. Jardin d'un côté, cour de l'autre. La ville, au loin.

Tooru se retourna une dernière fois, et l'homme le regardait toujours, les bras croisés sur son torse. Il s'était arrêté au même endroit que la dernière fois. Un léger rictus sur les lèvres, le prince tendit la main vers la porte du bureau : il fit mine de frapper le bois, mais dirigea au dernier moment ses doigts vers la poignée ronde qu'il tourna sans attendre. Juste avant d'entrer, il se tourna vers le chevalier, et ricana tout bas devant son expression bouche bée et parfaitement outrée.

Il referma la porte, satisfait d'avoir pu l'irriter un peu, et fit face au roi. Ce dernier avait relevé la tête, étonné. Il le fixa quelques secondes, avant de se reprendre et de baisser les yeux vers les papiers qu'il signait un peu plus tôt.

Sans rien dire, Oikawa s'avança jusqu'à l'un des canapés rouges, et s'y installa. Cette fois, sur la table basse, se trouvait un plateau avec une théière et une tasse vide. Il s'en servit une tasse, fumante jusqu'à ses narines, et fut presque content de sentir une belle odeur de fruits. Il n'aimait pas les thés fades.

Du coin de l'œil, il remarqua qu'Ushijima suivait chacun de ses mouvements : quand il prit la coupelle de la tasse entre ses doigts, quand il leva sa tasse à hauteur, quand il croisa paresseusement les jambes, quand il posa la porcelaine entre ses lèvres.

Il but deux gorgées.

— Tu sais qu'il pourrait être empoisonné, n'est-ce pas ?

La voix du roi ne le surprit pas. Il croisa son regard puis, sans briser le contact, avala une gorgée de plus.

— Oui, dit-il avec ennui.

C'était chaud et doux sur sa langue, et Oikawa but tranquillement jusqu'à la moitié. Il attendit plusieurs minutes, sans rien dire, et finalement quand les lampes furent allumées à l'extérieur décida qu'il n'avait pas toute la nuit.

Ad Vitam Aeternam | UshiOiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant