Chapitre 18: 10

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- C'est dôle, dit Anton assit devant le sofa et entouré de ses livres de cours.

- Quoi donc? que je demande.

- Tu en es à la dixième semaine de grossesse et aujourd'hui ça fait précisément dix mois que je suis secrètement en couple avec Fred.

J'aime comment son ton s'adoucie lorsqu'il parle de Fred, ça prouve son amour pour lui. Et il me parler souvent de son amant, dès que nous sommes seuls à l'appartement en fait. Tout y passe: ses innombrables qualités, sa beauté, ses goûts, ce dont ils parlent... j'ai remarqué qu'il s'est rapidement ouvert à moi pour me parler de lui, certainement car il n'a jamais pu en discuter avec quelqu'un d'autre avant. Ça me rend triste. J'aimerais qu'ils puissent vivre leur histoire au grand jour.

- Anton?

- Oui?

- Tu es certain que tu ne veux pas parler de lui à Alexei? Je pense que...

- Non, je ne veux pas...

- Laisse moi finir. Je pense que ça va te faire du bien. Et puis, qu'est-ce qui te dit qu'il réagira forcément mal? Ton frère n'est pas aussi immature que tu semble le penser.

- Non, mais il va peut-être le dire aux parents...

- Non, je vais m'en assurer de ça, crois moi. Si tu lui en parle je vais le persuader de garder le secret pour lui jusqu'à ce que tu sois prêt à le dire, d'accord?

- OK... mais pas aujourd'hui. Parce que je vais aller diner avec lui pour fêter nos vingt mois. J'ai hâte, je lui ai même acheter un cadeau!

Il cour chercher la boite et l'ouvre pour me montrer la jolie chaine dorée.

- Je suis sûr qu'il va l'adoré, que je lui sourit.

L'heure avance et il finit par aller dans l'entrée. Il s'excuse encore de devoir me laisser tout seul, mais je lui rappel que Alfred est averti que tu pars donc il va appeler plusieurs fois pour s'assurer que je vais bien. Je le pousse presque dehors avant de fermer la porte. Il le mérite...

Pourtant même pas une heure plus tard la porte claque. Je quitte mon repas pour aller voir, découvrant Anton effondré en larmes dans l'entrée. Je cours le voir et lui demande qu'est-ce qu'il s'est passé.

- Il était avec une femme!! cri-t-il avec fureur et désespoir. Je n'avais pas assez de temps pour lui, alors il est parti aller voir ailleur! Je n'étais pas spécial en fin de compte...

Des sanglots amers secouent tout son corps alors que je le prend dans mes bras. Je le guide doucement jusqu'au salon où je le fais allonger.

- Ne bouge pas, que je dis. Je reviens avec une tasse de café.

Je vais dans la cuisine et verse la boisson. Je rajoute le sucre, mais la sonnerie de l'interphone me fait sursauter. Je vais rapidement voir pour qu'Anton n'ai pas à bouger.

- Qu'y a-t-il Alfred? que je demande. Anton est rentré, vous n'avez pas besoin de...

- Alors il est ici? fait une voix d'homme que je ne connais pas. Anton est en haut?

- Q... Qui êtes-vous? que je réplique.

- Frédéric O'Gwenn. S'il vous plait, laisser moi lui parler. J'ai besoin de lui expliquer.

Son ton est suppliant, au borde du désespoir, mais je ne cède pas.

- Vous avez brisé son cœur sans remord et je devrais vous laisser le voir?

- C'est une erreur! Cette femme est juste une collègue trop collante! Je lui ai répété encore et encore de me lâcher, mais elle ne voulais pas. C'est elle qui m'a sauté dessus, je ne l'aime pas. La seule personne que j'aime, c'est Anton. Je vous en pris...!

J'hésite. Le doigt sur le bouton pour parler je tremble et me mord la lèvre. Dois-je le laisser monter pour s'expliquer? Mon bébé donne un coups de pied, comme pour me dire que c'est la bonne chose à faire.

- Montez, que je laisse tomber. Mais ne tentez rien de dangereux ou j'appel mon alpha et la police.

- Jamais je ne ferais telle chose!

Je me recule et attend. Je remarque mon beau-frère couché dans le salon qui n'arrive pas à calmer ses pleures. J'ai bien fais? Je commence à regretter quand Fred cogne à la porte. Je fixe la poignée, regarde le salon, dans le judas pour être sûr que c'est lui et ouvre finalement.

Il est de la même taille qu'Alexei, me dépassant de deux tête. Ses cheveux roux sont frisés en boucles serrées. Son nez couvert de tache de rousseurs est surmonté de lunettes rondes qui ne cachent pourtant pas son regard d'émeraude. Il est encore en habit de professeur de cégep avec son sac.

- Vincent j'imagine? demande-t-il embarrassé.

- Oui, que je répond en le toisant durement malgré ma petite taille et mon ventre de plus en plus gros.

Je tourne les talons et lui indique qu'Anton est dans le salon. Il me suit et se fige en voyant l'état dans lequel se trouve le pauvre.

- An...

Le jeune homme sursaute et se redresse vivement. Ses yeux lancent des éclairs autant qu'ils recommencent à laisser couler les larmes. Je vais dans le corridor pour leur laisser de l'intimité. Je m'assois parterre et écoute. J'écoute l'explication du professeur coupées par les reproches violentes de son cadet, la confession de ses sentiments suivit de celle du frère de mon alpha. J'écoute sans un mot, assistant à la conversation comme si je n'étais pas là. Je sens la sincérité de Fred. Est-ce qu'Anton le sent aussi? C'était vraiment un malentendu, pas une trahison. Leur amour est vrai et pur, mérite d'être vécu au grand jour comme n'importe laquelle des relations amoureuses dans ce monde.

Entendre tout ça me conforte dans l'idée qu'Alexei doit être mit au courant de la relation de son frère et qu'il doit l'accepter sans jugement pour le soutenir. C'est son rôle d'aîné, c'est le rôle que jouait Sano pour nous au couvent...

Je tourne la tête et rougis en remarquant qu'ils s'embrassent maintenant à pleine bouche, les mains glissant de manière indécente sous les vêtements pour se rapprocher et se toucher de façon plus... intime. Je vais dans la chambre pour les laisser s'ébattre librement.

Je m'allonge sur le côté, l'une des rares positions vraiment confortables avec mon gros ventre, et met mes écouteurs dans mes oreilles. La playlist commence et je ferme les yeux pour profiter du calme et de la musique à défaut de pouvoir écouter un film comme initialement prévu ce matin.

ABO: OmégaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant