Chapitre 4: Leurs craintes

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De dors comme un bébé jusqu'à tard dans l'avant-midi. Lorsque je me réveille le cadrant indique midi, mais je n'ai pas faim. Je m'enroule dans mes couvertures et referme mes yeux. Pourquoi je suis si épuisé?

Je me rappel la visite d'Alexei et un sourire idiot étire mes lèvres. Il est beau! Je voudrais crier mon soulagement, mais je ne fais que marmonner dans mon oreiller. Est-ce que mes vêtements d'hier portent encore son odeur? J'en suis à aller vérifier lorsque des coups frénétiques à la porte de ma chambre me font sursauter. 

- Vincent! cri Yen. Vincent! Tu es mort?

- Non! que je réplique de ma voix enrouée.

Je crois que je n'ai pas le choix, si je tarde trop il va défoncer le panneau de bois pour venir voir par lui-même. Je me lève et enfile un jean bleu et un tricot en laine rose pastel, le tout avec une paire de bas épais bleu, après quoi j'ouvre ma porte pour arriver face à face avec mes amis: Yen en pull gris et pantalon noir, Julio en pyjama une pièce de mouton, Sano en peignoir à peine réveillé et Rewayn portant des shorts oranges et un chandail à manche courtes rouge malgré la température fraiche même avec le chauffage.

- Enfin! s'exclame Julio. 

Ils me tirent vers le sofa et m'oblige à tout leur raconter. Je décris chaque détail de ce dont je me rappel. Leurs regards passent de curieux à inquiets. Ils se disent que je suis moi aussi tombé son le charme d'un alpha. À voir la tête de Yen on croirait qu'il est sur le point de me faire exorciser. J'ai rencontré l'alpha qui m'a choisit, pas pactisé avec un démon!

- Vraiment, commence Sano, nous sommes heureux pour toi.

Quelque chose dans sa voix le trahit. Il n'est pas content, ce n'est qu'une façade. En vérité il s'inquiète. Je le sais et j'aimerais le rassurer, mais je ne sais pas quoi dire. Alexei a eux comme un effet hypnotique sur moi, je n'y peux rien!

La colère monte en moi, je ne suis pas aussi posé que Rewayn pour ignorer les regards des autres. Je me lève et vais vers la porte du corridor vitré sans prêter attention à mes amis. La porte claque derrière moi et mes pas me guident vers le jardin intérieur.

C'est un espace circulaire au centre du bâtiment principal où pousse des plantes de toutes sortes. Je m'installe sur le bac de pierre se trouvant au centre et respire l'air frais de l'endroit. Je dois me calmer.

Le soleil entre par la verrière au plafond et rend les feuilles vertes brillantes à cause des goutes d'eau de l'arroseur automatique. La climatisation rend la température toujours agréable et des hautparleurs cachés dans la végétation diffusent en continu une musique relaxante. Bien sûr l'ensemble du couvent à été modernisé avant notre installation, mais lorsque le lieu était occupé par des religieuses le jardin intérieur existait déjà et permettait de cultiver des plantes médicinales et aromatiques. Il y avait même de la sauge pour les prières si ma mémoire est bonne. Lorsque je ferme mes yeux je peux presque sentir les odeurs de tin, ciboulette, coriandre, menthe et basilic comment les éco d'un temps lointain, les souvenirs d'une vie qui n'est pourtant pas la mienne, une vie qui s'est terminée il y a bien longtemps et qui a débutée il y a encore plus de temps.

Par habitude je commence à faire mes exercices de respiration. Je perd la notion du temps et finit par calmer ma colère. J'entend des pas sur le chemin de gravier et Rewayn vient s'asseoir à côté de moi.

- Tu es clamé? demande-t-il en se penchant en avant pour capter mon regard.

- Oui, que je marmonne en tournant la tête de l'autre côté.

- Ne leur en veux pas, tu pensais la même chose lorsque je me suis fais choisir.

- Je sais, désolé. C'est juste que...

- C'est l'éducation qu'on nous donne au couvent qui nous fais penser comme ça. Ils tiennent à nous, c'est pour ça ces regards. Ce n'est pas de notre faute si le couvent nous tient coupés du monde. Au fil de mes rencontres avec Toma il m'a parler de la société dans laquelle il vit. Ce n'est pas aussi austère et rigide que les professeurs nous le disent.

- Moi mon alpha est brusque et un peu impoli, que je confesse. J'ai eux peur de lui au début.

- J'imagine que c'est l'effet de la première rencontre avec un alpha. Ça m'a fait la même chose, mais on finit par s'habituer.

On se regarde dans les yeux et sourions. J'avoue qu'avoir quelqu'un de proche qui a vécu la même chose que moi me rassure. J'aurais été terrifié si je devais affronter l'inconnu. C'est l'une des choses qu'il manque au couvent selon moi: une personne qui a été comme nous et qui nous explique ce comment il a vécu son entrée dans le monde extérieur.

Nous finissons par retourner avec les autres. Ils ne me regardent plus avec autant d'insistance, je remarque qu'ils font des efforts pour ne pas m'indisposer et je leur en suis reconnaissant. Le reste de la journée se passe au rythme des multiples film que Julio met sur la télévision du salon: Rebelle, La reine des neiges, Le roi lion et Mulan. Nous les écoutons tous sous le regard envieux des plus jeunes qui passent dans notre boudoir pour se rendre au leur. Il faut savoir qu'au couvent on doit demander aux professeurs pour utiliser l'écran du séjour jusqu'à atteindre l'âge de 14 ans où ils nous jugent enfin apte à décider des bon moments pour en faire usage.

La cloche pour le couvre feu sonne tôt le dimanche soir, car le lundi est souvent la journée de la semaine la plus chargée. Nous allons tous au lit sans un mot et allons dormir. Demain notre premier cour de la journée c'est cuisine et tout le monde aime ça, même Julio qui fait toujours tout brûler. Moi je dois avouer que préparer des petits plats est un de mes talents cachés. J'ai hâte.

ABO: OmégaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant