Chapitre 4 : Un nouveau gars

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Nous nous sommes retrouvé au Comptoir Moderne, mon bar préféré du 15e arrondissement. Simplement parce que c'est ici que travaille la première amie que je me suis faite sur Paris. Malheureusement, elle ne travaille pas ce soir. Nous en sommes à notre troisième verre et je commence à être pompette, chaque mot qui passe les lèvres de Ken me fait rire. Ses lèvres, je sais que je les fixe sans aucune discrétion et ça le fait sourire.

« C'est quoi ton plus grand rêve Ophélie ?
— Mh ?
— Arrête de regarder mes lèvres et écoutent ce qui en sort plutôt.
— Pardon. Je crois que j'ai trop bu... On pourrait rentrer ?
— Si tu me dis c'est quoi ton plus grand rêve ? »

Je souris et ne mets pas longtemps à réfléchir.

« Avoir une grande maison en bois, près d'un lac où il ferait chaud l'été et froid l'hiver. Avec des grandes baies vitrées, une bibliothèque de livres anciens et une cheminée. J'aurais un grand jardin pour que mes enfants puissent y jouer.
— Ça a l'air sympa. Tu veux combien d'enfants ?
— Trois. Deux garçons et une fille.
— Intéressant.
— Et toi ?
— J'en sais rien, j'y ai jamais vraiment réfléchi.
— Bien sûr que si, on y a tous pensé. Alors dis-moi, souriais-je. »

Il sourit et penche légèrement la tête.

« Trois. Deux garçons et une fille.
— C'est qu'on est fait pour être ensemble, riais-je. »

Je regrette aussitôt mes paroles et pince mes lèvres entre elles.

« Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.
— T'inquiète, on y va ?
— Ça sera mieux oui. »

Nous rentrons silencieusement, une silence plus pesant que d'ordinaire. J'attrape le bras de Ken et il semble surpris que je l'arrête en pleine rue.

« Écoute je suis désolée pour ce que j'ai dis, j'ai trop bu et je vais pas te dire que je ne le pensais pas parce que c'est faux mais tu le sais déjà. Je t'apprécie et plus on se voit, plus tu deviens un point d'ancrage pour moi alors s'il te plaît, ne m'abandonne pas.
— Je t'ai dit de ne pas t'inquiéter ma belle, je sais que les minettes comme toi ne sont pas insensibles à mon charme, dit-il accompagné d'un clin d'œil. »

Je lève les yeux au ciel et lâche son bras pour avancer. Mais cette fois-ci, c'est lui qui me retient par le bras.

« Plus sérieusement, je ne compte pas t'abandonner. Mais si tu pouvais éviter ce genre d'allusion... Ça m'arrangerait.
— D'accord...
— Ophél'.
— Ken ?
— Si je ne veux pas que tu dises ça c'est pour éviter que ça, ça arrive. »

Je le questionne du regard, il me tire vers lui et pose ses lèvres contre les miennes quelques secondes. Je le repousse aussitôt.

« Ok, d'accord, le message est clair.
— Maintenant on rentre. »

Il me donne son bras auquel je m'accroche pour rentrer. J'ai aimé que Ken m'embrasse, mais je suis encore amoureuse d'Alexandre et je ne veux pas d'une nouvelle relation si c'est pour encore penser à mon ex à chaque instant. Je veux prendre mon temps, faire les choses bien. Avec Alexandre, tout avait été précipité et fait dans le désordre. Par exemple, j'habitais chez lui avant qu'on soit ensemble, c'était le bordel. Et je ne veux pas recommencer la même merde avec quelqu'un d'autre. Ken ou pas Ken.

« Merci de m'avoir raccompagné. On se voit vite ?
— Ah ouais en parlant de ça...
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Je vais partir un moment à l'étranger.
— Ah, une envie de liberté. »

Il rigole et me prend dans ses bras.

« C'est pour ca que j'ai accepté ce rencard, ne te méprend pas, j'te fais toujours la gueule.
— C'est pas ce que tes lèvres m'ont dit tout à l'heure...
— Ophélie...
— Pardon, plus d'allusions.
— Et moi je t'ai promis qu'à chaque allusion- »

Il se coupe lui-même pour m'embrasser et à nouveau, je le repousse.

« Joue pas au con Ken. Tu sais qui j'ai en tête et ce n'est pas toi.
— Et c'est bien dommage. À bientôt Ophélie.
— A bientôt Ken. »

Il embrasse tendrement mon front et s'éclipse. Je soupire en entrant dans mon bâtiment. Mais quelqu'un me retient en me tirant en arrière. Je me retrouve avec le visage collé à la vitre du bâtiment, je pousse un cri étouffé par la main d'Alexandre.

« Donc Mir' ne m'avait pas menti. T'as bien un nouveau gars.
— Un nouveau gars qui n'apprécie pas que tu touches à sa copine, grogne Ken. »

Toute l'emprise de mon ex-fiancé cesse quand il se prend le poing de Ken dans la mâchoire. Je suis horrifiée et terrorisée quand il met un second coup.

« Tu n'es vraiment pas discret quand tu suis les gens enculé.
— KEN STOP ! hurlais-je.
— Sale chien. »

Il crache sur Alexandre et me pousse dans le bâtiment, il me tient fermement le bras pendant que nous montons les étages. Je ne le reconnais pas. Nous entrons dans mon appartement pour éviter d'ameuter tout le quartier.

« Mais t'es complètement malade ! T'aurais pu le tuer !
— Oh arrête Ophélie il s'est déjà pris pire.
— Tu savais qu'ils nous avaient suivis et tu m'as quand même embrassé ? demandais-je en pleurs.
— Putain mais arrête de chialer tout le temps ! Je ne sais pas quoi faire de plus moi, quand est-ce que tu comprendras que ce type est un sale chien ? Tu devrais me remercier de l'avoir mis KO. Il se serait passé quoi si t'avais été seule avec lui ?
— Je ne veux même pas y penser. Mais ce n'est pas une raison pour être violent.
— Oh que si c'est une raison ! Putain ! »

Il fait les cent pas dans mon appartement.

« Comment je fais pour partir l'esprit tranquille à LA maintenant que je sais que c'est vraiment un fou furieux ?
— C'est vraiment pas le problème.
— Si c'est le problème, je ne peux pas te laisser seule ok ?
— Mais qu'est-ce que tu veux à la fin ? Tu me consoles, tu m'embrasses, tu m'engueules quand je pleure, tu tabasses mon ex et après, tu viens me reprocher que tu ne puisses pas partir l'esprit tranquille ? »

Il rumine dans son coin et je remarque sa main abîmée. Je me calme alors automatiquement et essaye de prendre sa main. Mon contact lui fait l'effet d'un coup de jus et il s'éloigne de moi automatiquement.

« Je pense que tu devrais rentrer Ken.
— Je pense aussi. »

Il sort en claquant la porte et je m'effondre à même le sol, en pleurs.

L'alchimie des âmes w/Nekfeu ||TERMINÉE||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant