Chapitre 10 : Un châlet en bois

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En sous-vêtement devant mon miroir, une semaine après cette chaotique soirée, je me rends compte que j'ai pris du poids ces derniers temps. Mais avec la semaine qui m'attend, je vais rapidement perdre tout ce que j'ai gagné.

Je passe à l'épicerie bio de ma rue pour acheter les herbes en vrac dont j'ai besoin pour mon thé détox. Je pars au boulot après l'avoir préparé. Je rejoins Miranda et nous sommes plus silencieuses que d'habitude, on ne s'est pas revu depuis la soirée, elle était en repos cette semaine. Je finis mon thé dans la matinée et passe la journée à courir, je n'ai même pas le temps de manger à midi alors à quatorze heures, je mange ma salade en vitesse entre deux patients, si je ne mangeais pas je m'évanouissais.

Le soir, en sortant de l'hôpital, je suis en vrac. Je remarque la silhouette fine de Sofia. Pourtant, je l'ignore et fonce à ma voiture. Elle pose sa main sur la portière pour m'empêcher de l'ouvrir.

« Écoute moi Ophélie s'il te plaît.
— Pour que je me fasse encore étrangler ? Non merci.
— Je suis désolée... Écoute, tu as raison. Mais je ne peux pas encore me détacher de lui. J'ai besoin d'aide.
— Je ne peux pas t'aider Sofia, Ken a raison, comment je pourrais t'aider à t'apprendre nager si je suis en train de me noyer ? Commence par aller voir Deen, c'est lui qui pourra t'aider, pas moi.
— D'accord. Merci d'avoir essayé quand même. »

Je lui adresse un sourire poli et monte dans ma voiture. Je mets le contact et sursaute quand quelqu'un toque à ma vitre. Mais c'est pas possible ils se sont passé le mot ou quoi ? Je descends la vitre.

« Ken.
— Ophélie.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Te sauver de la noyade.
— Monte.
— Pousse toi je conduis. »

Je choisis une radio et mets le volume au minimum.

« On va où ?
— Tu verras. Il y a une petite heure de route mais ça vaut le coup. »

J'ai beau essayé de lui tirer les verres du nez, il ne dit rien. Je sens bien qu'il me fait la gueule.

« Écoute je suis désolé d'avoir réagis comme ça, c'était pas malin, souffle-t-il.
— Et après c'est moi qui m'excuse trop.
— T'es une vraie peste quand tu t'y mets.
— Je sais.
— Alors garde ton énergie pour l'autre, moi j't'ai rien demandé.
— Tu t'es comporté comme un con, c'est suffisant.
— Tu gaspilles ton énergie et ta salive pour rien. Tu sais très bien que je suis une tête de mule. Je suis comme ça et je continuerais à en faire qu'à ma tête tant que tu ne me laisseras pas une place dans ton cœur.
— Tu sais très bien que tu as une place dans mon cœur.
— Nan, je suis dans ton esprit. Pas dans ton cœur.
— Je vois pas ce que ça change.
— Ça change tout, justement. »

J'agrippe la poignée de la porte.

« Ken ralentit.
— Oh ça va, je sais conduire.
— Ralentit Ken putain tu vas nous tuer !
— Ok, ok ça va. Calme toi. »

Il décélère, un sourire aux lèvres. Je ne lui décroche plus un mot de tout le trajet, ce qui fait de cette heure de route, l'heure la plus longue de toute ma vie. Nous arrivons dans un sous-bois et empruntons un chemin forestier.

« Je ne suis pas sûr qu'on ai le droit d'être là.
— Et qui va nous en empêcher ? Les sangliers ? »

Je grogne et appuie ma tête contre la fenêtre mais les nids-de-poule et le chemin instable me font me cogner la tête contre la vitre, ce qui me fout encore plus en rogne. Ken s'arrête lorsque la route se finit.

« Ok c'est comme ça que commence tous les films d'horreur alors dit moi, tu vas m'enterrer ou me brûler ?
— Ni l'un ni l'autre. Aller vient, on finit à pied.
— Sérieux Ken c'est super flippant ! »

Nous sortons de la voiture. Aucun bruit ne nous entoure. La nuit est calme, la lune est pleine.

« Avant de continuer, je veux qu'on fasse la paix. Je ne me suis pas cassé le cul à t'amener jusqu'ici pour que tu me fasses la gueule tout le week-end.
— Et c'est encore ma faute ?
— Arrête ca, j'ai rejeté la faute sur personne. »

Il m'appuie contre la voiture et attrape mon visage entre ses mains. Je perçois les lignes de son visage grâce à lumière de la lune, il semble si pâle sous cette lumière blanche.

« Ok, on fait la paix. Mais c'est uniquement parce que je n'ai vraiment pas envie de mourir.
— T'es une idiote. »

Je souris et il prend ma main pour m'amener sur un petit chemin. Nous suivons des flèches en bois pendant un quart d'heure, éclairant l'obscurité avec les lampes torches de nos téléphones. Nous arrivons alors sur une petite clairière où se trouve un chalet en bois.

« Oh mon dieu... soufflais-je. C'est exactement ce dont je rêve.
— J'ai pas réussi à convaincre le proprio de creuser un lac, désolé. »

J'éclate de rire et le prends dans mes bras, au bord des larmes. Il me tend alors un trousseau de clés. J'ouvre la porte d'entrée et découvre un intérieur atypique.

« Il y a même une cheminée !
— C'était dans mes critères de recherche.
— Je suis vraiment aux anges.
— C'est parce que je suis un ange.
— Mon ange gardien, souriais-je. »

Après avoir allumé un feu et cassé trois œufs dans une vieille poêle en fonte, nous nous asseyons sur le canapé devant la cheminée, un plaid sur les genoux. La main de Ken se retrouve sur ma cuisse et je le regarde en souriant.

« C'est exactement ce dont j'avais besoin aujourd'hui, tu es trop fort. »

———

nuitdet0ile  —> Follow c'est mon compte secondaire, y'a des trucs qui vont arriver bientôt

L'alchimie des âmes w/Nekfeu ||TERMINÉE||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant