Chapitre 12 : Échec et mat

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Petit à petit, ma colère contre Ken est retombée. J'ai continué de le voir, à petite dose, moins souvent et moins longtemps qu'avant. Il m'a vraiment fait du mal et je ne permettrai plus que ça m'arrive, ni par lui, ni par Alexandre, ni par quiconque d'autre. Alors après un mois de sevrage de Ken, je me sens enfin mieux. Je suis en train de me préparer, j'organise une soirée chez moi ce soir et j'ai enfin l'esprit tranquille.

Je prends le temps de me lisser les cheveux à la perfection puis je me maquille très légèrement, un peu de gloss et du mascara suffiront. Je sais que ce soir Ingrid sera là, Sneaz m'a prévenu. Mais je suis prête alors quand ils arrivent tous, j'ai le sourire aux lèvres et claque la bise à tout le monde.

« Ah, ça fait plaisir de te voir sourire toi !
— Je ne peux pas faire la gueule éternellement.
— Je suis sûr que t'en serais capable, rigole Doum's.
— Salut je crois qu'on a pas été présentée, je m'appelle Ophélie. Tu dois être Ingrid ?
— Oui c'est ça. Tu es une pote de Doum's ?
— Non, de Moh' et de Ken.
— C'est drôle, Ken ne m'a jamais parlé de toi.
— Ça m'étonne pas, il me considère moins que je ne le pensais, souriais-je. »

Je me prends un regard interrogateur du concerné mais ne lui accorde qu'une bise et m'installe à côté de Deen.

« Alors dis-moi, Sofia va mieux ?
— Ouais, elle remonte petit à petit la pente. Tout ça l'a vraiment blessée.
— Ça va être difficile, soit là pour elle et essaye de l'éloigner des abrutis qui se prennent pour des sauveurs, plaisantais-je.
— Bon ok, là c'est trop, souffle Ken. »

Il se lève et m'attrape le bras pour m'amener sur le balcon. J'appuie mes bras sur la rambarde et ferme les yeux pour profiter pleinement de l'air frais.

« Tu m'expliques, en quoi je suis un abrutit qui se prend pour un sauveur ? Pourquoi tu penses que je ne te considère pas ?
— C'est ici qu'on s'est rencontré, souriais-je.
— Euh... Ouais. Ça répond pas à mes questions.
— Alors on va boucler la boucle. »

Je réouvre les yeux pour les planter dans ceux de Ken, il ne comprend rien de ce qui lui arrive.

« Boucler la boucle ?
— C'est ici que tout va se finir Ken.
— Attend quoi ? Je comprends rien, qu'est-ce que j'ai fait Ophélie ?
— Tout ça, c'était peut-être qu'un jeu pour toi, alors échec et mat, la dame a gagné. C'est fini, Ken, je ne veux plus entendre parler de toi, tu fais tes bagages et tu dégages de ma vie. J'ai déjà assez subi, j'ai été trahi, trompée, piétinée, salis. La liste est longue et je ne veux pas recommencer le même schéma indéfiniment.
— Ophél...
— Je t'ai tous dit, j'ai toujours été sincère. La seule chose sur laquelle je t'ai menti, c'est que le week-end au chalet, j'avais bel et bien vu les messages avec Ingrid. J'ai même entendu des bribes d'appels. Alors on n'était peut-être pas fait pour être ensemble, mais je pensais au moins qu'on était amis. J'ai toujours été transparente avec toi, mais t'as même pas le cran de me dire que tu avais une copine.
— Je suis désolé, murmure-t-il.
— Et moi je ne le suis pas. Merci pour ça, tu m'as fait comprendre que tout n'était pas toujours de ma faute, et ça, c'est entièrement de la tienne. Donc je ne suis pas désolée. »

Je rentre dans mon appartement un sourire aux lèvres, je suis vraiment fière de moi. Je ne peux pas tout reprocher à Ken, il m'aura au moins donné un minimum confiance en moi et de la force que je ne pensais pas avoir. Je me rassieds avec tout le monde et jette un œil à Ken qui vient de rentrer, mon cœur se serre quand je vois qu'il a pleuré. Mais il est hors de question que je revienne sur ce que j'ai dit. De toute façon il n'y a plus de retour en arrière possible.

Alors que je pensais qu'il allait déserter la soirée il fait le contraire, il s'assied avec nous, à côté de moi-même. Je sens qu'il va faire une connerie. Nous jouons aux cartes, buvons et rions. Plus tard dans la soirée, alors que je reviens des toilettes pour m'asseoir à ma place, Ken prend ma main dans la sienne aussitôt je suis assise.

« Pardonne moi Ophélie je t'en supplie. Je le dis devant tous mes potes, devant Ingrid, j'ai été un sale con, je t'ai fait des trucs que je regrette mais je t'aime. Je t'aime de tout mon cœur, je ne peux plus me passer de toi.
— Je savais que t'allais faire une connerie, soufflais-je. »

Je prends ma tête entre mes mains et tire la racine de mes cheveux. Une larme solitaire roule sur ma joue et vu le silence qui règne dans la pièce, je me demande s'ils ne l'entendent pas, dévaler ma joue et s'écraser sur le canapé.

Je relève la tête doucement et mon regard fait le tour de la pièce puis finis sur Ken. Je hoche négativement la tête, il comprend alors immédiatement qu'il a été trop loin et qu'il ne peut plus revenir sur ce qu'il a fait. Il s'affaisse dans le canapé et sans aucune gêne, il se met à pleurer devant tout le monde.

Pour un type qui me menaçait de me péter les dents si je balançais à ses potes qu'il avait pleuré, je le reconnais à peine.

L'alchimie des âmes w/Nekfeu ||TERMINÉE||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant