Chapitre 1 : Mal-être

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Je croise ma tête dans le miroir et sursaute, sérieux personne ne m'a prévenu que j'avais cette tête ? J'essaye de remettre de l'ordre dans mes cheveux et essuie mon mascara qui a coulé. Je me rends finalement compte que ça n'est pas du mascara mais des cernes. Quelle merde.

Je salue mes collègues d'un geste de la main avec un petit sourire, Miranda lève les yeux au ciel tandis que les autres me saluent. Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais c'est clair qu'elle ne m'aime pas beaucoup. Peu importe, j'ai enfin fini ma journée.

Je rentre chez moi en traînant des pieds. C'est assez surprise que je découvre que mes amis se sont invités chez moi en mon absence. Je leur fais la bise rapidement avant de foncer sous la douche.

Ceux que j'appelle mes amis, je les ai rencontrés il y a quelques mois seulement. Ils sont rappeurs, membre du $-crew, 1995 et de L'entourage. Je sais que je ne compte pas autant pour eux qu'eux pour moi. Mais ils m'ont accueilli dans leur bande à coup de blague et de sourire qui m'ont fait remonter la pente. Je venais de sortir d'une rupture plus que douloureuse.

Lorsque je les rejoins, un cachet effervescent fondant dans mon verre d'eau, je découvre qu'un homme s'est joint à la joyeuse bande. Je le salue d'un sourire poli. Nekfeu, je ne l'avais encore jamais rencontré. Ravie de voir qu'il a presque autant de cernes que moi.

« Ah Ken tu nous demandais on était chez qui, c'est elle Ophélie, annonce Sneazzy.
— Salut Ophélie.
— Bonsoir, souriais-je. »

Je m'affale sur le canapé et bois mon verre d'eau. Ils continuent de discuter sans me porter plus d'attention, ça tombe bien, je n'ai pas envie de discuter. Ils jouent à la play, qu'ils ont dû ramener de chez eux et boivent des bières qu'ils ont ramenées également. Je regarde mon téléphone de temps à autre et me prend un regard noir de Sneaz.

« Quoi ? râlais-je
— N'y pense même pas.
— Je ne pensais à rien. »

Il lève les yeux au ciel. Quand la fumée devient trop étouffante à l'intérieur, je me réfugie sur le balcon, sans surprise, j'y trouve Ken qui est sortit quelques minutes auparavant.

« Eh, il fait froid, t'es folle de sortir en débardeur les cheveux mouillés. Tiens mets ça.
— Oh non ne t'inquiètes pas ça va.
— J'insiste. »

Il pose son blouson sur mes épaules. Je m'y love et plante mon regard dans celui de Ken.

« Ça va ? demande-t-il.
— Oui ça va et toi ?
— C'était une vraie question Ophélie, alors j'attends une vraie réponse.
— Je suis fatiguée, c'est tout.
— C'est visible. Mais les cernes que t'as sous les yeux, c'est pas seulement une journée de boulot.
— Les tiennes non plus Ken.
— Je viens de faire douze heures de vol, moi c'est normal.
— Effectivement.
— Alors, tu veux en parler ?
— Pas vraiment non. »

Il sourit et hoche la tête. Nous détournons nos regards au même moment et les portons sur l'horizon de la ville lumière.

« Si jamais, sache que je suis là si tu as besoin de parler. Ou de ne pas parler.
— Est-ce que tu savais qu'une peine de cœur peut être aussi douloureuse qu'une blessure physique ? Ça stimule les mêmes zones cérébrales.
— Je ne le savais pas mais je veux bien te croire. J'ai déjà subi.
— Moi aussi. Et c'est encore trop frais, quand j'y repense, je me sens opprimée, je manque d'air... Comme là maintenant. »

Mon souffle est court et des larmes roulent sur mes joues, les prémices d'une crise d'angoisse. Les bras de Ken m'encerclent silencieusement, il pose son menton au sommet de mon crâne et reste ainsi jusqu'à ce que je me calme.

« Je suis vraiment désolée.
— T'inquiète, j't'ai dis moi je suis là pour t'écouter ou te consoler.
— C'est gentil, mais on ne se connaît pas... »

Je recule légèrement en essuyant mes larmes qui ont mouillées son pull. Je m'excuse à nouveau et lui rend sa veste.

« Merci beaucoup Ken.
— Je t'en pris. Et tu sais, c'est pas parce qu'on se connaît pas que je devrais ignorer ton mal-être, c'est souvent plus facile de se confier aux gens dont on ignore tout.
— Si j'avais besoin de ça, j'irais voir ma psy, plaisantais-je. »

Il sourit et nous rentrons sous les regards étonnés des gars. Je sens que je vais en prendre pour mon grade quand Sneaz' va me chopper entre quatre yeux. Ce qui ne tarde pas à arriver, il me traîne à la cuisine.

« Ne m'engueule pas Moh' je n'ai pas la force...
— Non, non t'inquiète c'est pas ce que je comptais faire. Mais je pensais que tu allais mieux. »

Je hausse les épaules, légèrement septique. Il me fait un câlin plus court et moins chaud que celui de Ken.

« Tu sais, Ken et toi, vous avez beaucoup en commun. J'pense que vous pourriez vraiment être bons l'un pour l'autre, il y a aucun d'entre nous qui te comprendra mieux et qui sera de meilleur conseil que lui. Alors évite de te fermer comme une huître et de l'envoyer bouler, ça ne peut être que bon pour toi de l'avoir dans ta vie.
— Merci pour l'info, souriais-je. Mais j'en ai assez pour ce soir, je vais aller me coucher. Faites votre vie, de toute façon, je n'ai pas besoin de te le dire.
— Ah ouais désolé pour ça d'ailleurs, on te voyait presque pu ces derniers temps comme tu taffes tout le temps donc on s'est dit que c'était le meilleur moyen de te croiser.
— Peu importe, merci. »

Je pars vers ma chambre en baillant. Je croise Ken qui sort des toilettes, il me sourit et pose sa main sur ma tête.

« Bonne nuit Ophélie.
— Merci Ken, à bientôt. »

L'alchimie des âmes w/Nekfeu ||TERMINÉE||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant