Chapitre 2 : Une héroïne

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Deux semaines plus tard

Je souris à Ken qui attend sur mon pallier. Nous nous faisons la bise et je le laisse entrer.

« Je suis étonnée de te voir, qu'est-ce qui t'amènes ?
— Je n'aime pas vraiment les soirées. Mais ces dernières semaines, je me suis forcé à y aller en espérant te croiser.
— Désolée, je travaille beaucoup, c'est rare que je trouve assez de temps pour venir en soirée.
— Je comprend. C'est pour ça que je suis là.
— Tu manges avec moi ?
— Je vais t'aider à faire à manger alors.
— Oh je vais juste faire une quiche t'inquiète pas ça devrait aller.
— J'y tiens. »

Je lui souris et nous cuisinons donc ensemble.

« Tu fais quoi dans la vie Ophélie ?
— Je suis infirmière urgentiste.
— Oh, ça ne doit pas être facile tous les jours.
— Effectivement, je vois des trucs pas très beau. Mais j'aime mon métier.
— Dis j'ai entendu parler d'un incendie...
— Mohamed Khemissa est un homme mort.
— Je suis désolé, je lui ai dit que je ne voulais pas savoir mais il a insisté.
— T'en fais pas. Qu'est-ce qu'il t'a dit là-dessus ?
— Que tu t'es comportée en héroïne. »

J'enfourne la quiche en riant et en hochant négativement la tête.

« Je me suis comporté en idiote qui pensais être une héroïne.
— Raconte-moi alors, enfin si tu veux.
— Je ne viens pas de Paris. J'habite ici depuis deux ans seulement. Je viens d'une petite campagne dans l'est de la France. Un soir en rentrant chez mes parents quand j'avais 19 ans, une maison de mon village était ravagée par les flammes. Les pompiers n'étaient pas encore sur place et une famille était devant la maison. Je me suis arrêtée et je les ai rejoint. La mère de famille hurlait qu'un de ses enfants était encore à l'intérieur et l'idiote que j'étais s'est cru plus forte que les flammes. Je me suis retrouvée coincée dans le brasier forcée de voir la mort en face.
— Mais tu t'en es sortie.
— Les pompiers m'ont sorti des flammes. J'ai passé une semaine dans le coma, deux semaines sous respirateur et plus d'un mois aux grands brûlés. J'ai subi plusieurs interventions chirurgicales de greffe de peau.
— Tu es toujours là, c'est tout ce qui compte. »

Je hoche la tête, supposant qu'il dit vrai. Nous discutons encore un moment avant que la sonnerie du four me fasse sursauter. Ce qui fait rire Ken. Il met la table pendant que je sors la quiche du four et que j'en coupe deux parts. Je prépare de la salade verte.

« Tu as déjà voyagé Ophélie ?
— Quand j'étais plus petite oui. Mais sûrement pas autant toi. Alors dis-moi, monsieur tour du monde, qu'est-ce qui te plaît tant dans l'idée de voyager ?
— Rencontrer des nouvelles personnes, connaître des cultures différentes, ne pas être reconnu quand je sors dans la rue. Un tas de choses en fait. Le problème, c'est que quand je suis à l'étranger, Paris me manque et quand je suis à Paris, voyager me manque.
— Parce que tu as des accroches à Paris mais que tu as envie de liberté quand tu es ici ?
— Oui c'est ça, t'as plutôt bien cerné le truc. »

Je souris et nous mangeons plus silencieusement, regardant une émission française sans vraiment la suivre. Ken repart en milieu d'après-midi après m'avoir fait promettre de prendre du temps pour le revoir.

Ce que je fais, quelques jours plus tard. Je me rends à l'adresse qu'il m'a donnée, son adresse. Je ne l'ai pas prévenu étant donné que nous n'avons pas échangé nos numéros mais j'ai envie de le voir, donc s'il n'est pas là j'attendrai comme il l'a fait.

Je toque à la porte et elle s'ouvre quelques minutes plus tard sur Ken en caleçon, les cheveux en bataille et la marque de l'oreiller sur la joue. Je me cache le visage, le rouge aux joues.

« Désolé, je ne pensais pas que c'était toi. Entre, je vais enfiler quelque chose.
— Attend ! C'est moi qui m'excuse, je ne pensais pas que tu dormais. Je peux repasser plus tard si tu veux !
— Nan t'inquiète. Je suis réveillé maintenant. Aller enlève tes mains, t'as déjà vu un beau gosse en caleçon. »

Je lève les yeux au ciel et enlève mes mains de devant mes yeux, j'observe quelques secondes son dos avant qu'il disparaisse dans le couloir. J'entre et ferme la porte derrière moi. Je découvre alors son appartement, en désordre.

« C'est vraiment le bazar chez toi. Sans vouloir te vexer.
— Le ménage c'est pas ma priorité, dit-il depuis la chambre. Mais c'est vrai que j'abuse un peu pour le coup.
— Tu avais quelque chose de prévu aujourd'hui ? »

Il revient après avoir enfilé un jogging et un t-shirt froissé. Il a attaché des cheveux en un minuscule chignon. Il débarrasse les papiers du canapé pour que je puisse m'y installer.

« Je ne crois pas que j'avais quelque chose de prévu. Et au pire, ça attendra. Tu me proposes quoi ?
— J'ai ramené des vieux films et du pop-corn. »

Je lui montre mes DVDs et il sourit.

« Ok viens, j'ai un lecteur DVD dans ma chambre. »

Je le suis timidement et il saute sur son lit après avoir attrapé deux télécommandes.

« Bah, installe-toi, ne fais pas la timide j'suis pu à poil.
— D'accord. »

J'enlève ma veste que je pose sur sa chaise de bureau et mes chaussures pour m'installer à côté de lui. Nous choisissons un film au hasard et passons finalement plus de temps à discuter qu'à regarder le film.

« Tu n'avais pas dit que t'avais des pop-corns ?
— Oh si ! J'avais oublié. »

Je sors le seau de mon sac et le pose entre nous deux.

L'alchimie des âmes w/Nekfeu ||TERMINÉE||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant