Chapitre 11 : À quoi tu joues ?

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Je m'étire, ce qui fait grogner le brun. Je viens de lui mettre une patate de bon matin et ça me fait glousser. Je me faufile contre lui et embrasse le bout de son nez. Comme il ne se réveille pas, je fais traîner ma bouche sur sa joue.

« Qu'est-ce que tu- Aie ! »

J'éclate de rire et me hisse hors du lit puis de la chambre avant qu'il ne me rattrape. Sa joue est rouge, on peut y voir distinctement l'alignement de mes dents. J'essaye de lui échapper mais il me rattrape bien trop rapidement, emprisonnant mon corps contre le sien, mon dos est appuyé à son torse, je ne peux plus me bouger.

Il plonge son visage dans mon cou et après quelques baisers qui me font plus d'effet que je l'espérais, il me mord également. Je pousse un petit cri et me retourne dans ses bras, un air de défi dans les yeux.

Après nous être chamaillé ainsi quelque temps, nous prenons le petit-déjeuner. Je suis assez déçue de découvrir qu'il pleut à seaux par la baie vitrée. Chose qui n'échappe pas à Ken, il ouvre alors la porte vitrée. Je le questionne du regard. Ce connard me pousse à l'extérieur et m'enferme dehors. Je tape à la fenêtre mais il ne trouve rien de mieux à faire que de me filmer en riant. Finalement, j'avance sous la pluie, descends les quelques marches de perron et marche dans l'herbe fraîche et mouillée. J'adore la sensation de l'herbe humide sous mes pieds.

« Qu'est-ce que tu fais débile ? Rentres ! Tu vas choper la mort !
— Nan, c'est trop cool ! Viens. »

Il sort chaudement habillé et me traîne à l'intérieur de force. Je grelotte et me réfugie au coin du feu, je mets une heure à me réchauffer. Ken ne me calcule pas, il est sur le canapé, le nez dans son téléphone et à chaque phrase que je lui ai adressé, il a répondu "oui".

« À quoi tu joues Ken ? grognais-je.
— Mh ?
— C'est quoi le plan ? Tu m'emmènes ici, tu me fais la gueule puis tu te montres incroyablement gentil et après, tu m'ignores pendant une heure !
— Ouais. »

Je me lève rapidement et cette fois-ci, c'est au-dessus de mes forces, il se prend la baffe la plus forte que j'ai jamais donnée. Sur le coup de la surprise, il lâche son téléphone, je le ramasse et j'ai le temps de lire quelques messages.

« C'est qui ? demandais-je.
— Ça te regarde pas.
— C'est toi qui m'as demandé de m'intéresser à toi !
— Et je t'ai aussi dit que j'étais pas obligé de répondre ! Putain mais c'est incroyable d'être aussi casse couille ! »

Il part dans la chambre en claquant la porte et mon premier réflexe est d'appeler Miranda.

"Allô ? Est-ce que tout va bien ? Tu n'étais pas censé m'appeler ce week-end !
— Non justement... tout ne va... pas bien..
— Calme toi Ophél' je comprends rien c'était censé être un rêve que tu réalisais.
— C'était avant que Ken se mette à m'ignorer pour parler à une certaine Ingrid à qui il envoie des "tu me manques" et des "je t'aime" !
— Oh merde, tous les mecs qui nous approchent ne peuvent pas être des cons, je peux pas y croire...
— Moi non plus. Ken n'est pas comme les autres...
— C'est vrai qu'il vient pas du tout de prouver le contraire.
— Je dois raccrocher mais je te tiens au courant.
— Ça marche, courage ma belle.
— Merci pour tout Miranda.
— Merci à toi."

Je m'assieds sur le canapé et respire calmement, il faut que je me contrôle, pas de pleurs, pas de crise d'angoisse. Il faut que je sois forte. Une fois que je suis calmée, je monte rejoindre Ken dans la chambre.

"Nan écoute, je ne suis pas chez moi là, je- [...] Ingrid calme toi s'il te plaît, je t'expliquerai tout quand je rentrerais. [...] Je ne suis pas avec une autre fille qui t'a mis ça dans la tête ? [...] Ok super, bisous je t'aime. [...] Oui, ciao à demain soir."

Je toque à la porte de la chambre, le quart d'heure que j'ai passé pour me calmer n'a servi à rien, seulement maintenant je ne suis plus triste mais folle de rage.

« Quoi ?
— Je peux entrer ?
— Ouais vas-y. »

Je rentre tête baissé, je ne compte pas le laisser me mener en bateau, je ne revivrai jamais l'enfer que j'ai vécu avec Alexandre, plus jamais. Je me le suis promis.

« Je suis vraiment désolée, j'ai agi comme une folle j'aurais pas dû faire ça.
— Tu as vu quelque chose, sur mon téléphone ?
— Non, murmurais-je. Seulement que tu parlais avec une fille, Ingrid je crois. »

Les meilleurs mensonges sont ceux qui sont les plus proches de la vérité. Je lui adresse un petit sourire, crois moi Ken tu ne vas pas t'en sortir comme ça.

« Ok, tant mieux.
— Pourquoi ? Ça aurait fait quoi si j'avais vu autre chose ?
— T'aurais pu imaginer des trucs.
— Eh bien, ça n'est pas le cas. On va manger ? Je meurs de faim. »

Je réussis à me comporter normalement tout au long du week-end, mais refouler toutes mes émotions ne fait que cultiver ma haine. Et ça n'a rien de bon. Dimanche soir, quand je rentre enfin chez moi, Miranda m'attendait devant mon bâtiment comme je lui avais demandé.

Elle reste avec moi cette nuit-là, à supporter mes crises, mes pleurs, mes cauchemars et mes angoisses. Alors lorsque nous arrivons au travail le lendemain matin, on fait peine à voir.

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nuitdet0ile  —> Follow c'est mon compte secondaire, y'a des trucs qui vont arriver bientôt

L'alchimie des âmes w/Nekfeu ||TERMINÉE||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant