PROLOGUE

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Tour d'Astronomie,
Château de Poudlard,
Mai 1998.

Mes genoux heurtèrent le sol en premier, suivit de ma pommette que je sentis s'ouvrir au contact des pierres. Les verres de mes lunettes se mirent à fuser, projetant leurs éclats dans l'étouffante fumée qui s'échappait de l'endroit.
Allongée dans le silence, je n'étais plus que vide.
Une enveloppe corporelle qui ne demandait qu'à disparaître pour voir ses souffrances défaillir dans l'obscurité.

Je pensais enfin avoir trouvé la lumière, une douce et imprévisible lumière qui m'a brûlé plus d'une fois, mais à l'image d'Icare, j'ai failli et mon soleil s'est éteint pour toujours. Me laissant m'écraser violemment sur le sol.
Pourquoi a-t-il fallu que je tombe pour toi ? Je me sens perdu, que dois-je faire ?
Je ne saurais jamais me laver de cette sensation d'être aussi morte ce soir-là.

Orientant mon visage vers le ciel, je fixai les étoiles qui brillaient avec une telle tranquillité, que je me surpris à les envier. Étaient-ce toutes les âmes qui périssaient en bas, dans cette stupide guerre, qui les faisaient se dévoiler les unes après les autres ? Aurais-je ma place parmi elle un jour ? Où serais-je l'une de ces personnes qui se voient obligés de hanter le lieu de sa mort parce qu'elles sont trop abîmées pour faire briller une étoile ?
Je n'en avais aucune idée, mais je m'en fichais, que je brille ou disparaisse dans l'obscurité, il était si différent que nous ne nous retrouveront sûrement jamais.

- J'en ai vu des âmes, en particulier ce soir, mais cela doit faire des siècles que je n'en avais pas croisé une comme la tienne.

Une voix grave et froide résonna brusquement dans la tour, me sortant de ma contemplation mélancolique du ciel. Redressant la tête en direction des escaliers, j'étais persuadé d'y voir un mangemort venir terminer le travail. Mais dans les ténèbres, éclairée par une lanterne qui chancelait anarchiquement au bout d'un long bâton. Une créature à l'apparence vaguement humaine vêtue d'une grande cape sombre la recouvrant totalement apparaissait à ma vue troublée.

- Je ne comprendrais jamais ce sentiment de peur que vous, humain, pouvez ressentir face à moi, souffla la créature en levant son bras libre pour y accueillir un majestueux oiseau au plumage étincelant qu'on le croirait fait de diamant.

Je trouvai sa remarque stupide. Il n'était pas commun, même pour des sorciers de voir apparaître une créature de plus de deux mètres à l'apparence sombre et squelettique. Rien que le son de sa voix me provoquait un indéniable frisson de terreur dont je ne saurais me défaire.

Me redressant, je glissai doucement ma main dans ma poche arrière à la recherche de ma baguette, mais son absence ne fit que confirmer ma peur. Elle avait dû tomber lors de ma fuite et il ne me restait que mes songes pour me maudire de ne pas avoir pris exemple sur Hermione et ses techniques de sécurisation de baguette.

- Enfin passons, c'est une réponse que je n'aurais sûrement jamais, reprit cette chose en réduisant l'écart sécuritaire qui nous séparait. Tu dois sûrement te demander ce que je fais ici, n'est-ce pas ?

Cette créature attendait vraisemblablement une réponse de ma part, mais je ne savais quoi faire, cherchant vainement du regard et avec une certaine méfiance son visage.

- Tu n'es pas très loquace, généralement les gens qui me rencontrent chouines, me supplient ou tentent de s'enfuir.

- Ce n'est pas dans mes habitudes de faire ce genre de choses, et vu la paire d'ailes qui vous précèdent, je ne pense pas avoir mes chances de fuir.

Son rire résonna soudainement, une hilarité dissonante qui eu raison de ma vaillance et me pétrifia sur place. Rigidifiant mes membres et glaçant mes pensées.

𝗡𝗢 𝗧𝗜𝗠𝗘 𝗧𝗢 𝗗𝗜𝗘 || 𝐹𝑟𝑒𝑑 𝑊𝑒𝑎𝑠𝑙𝑒𝑦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant