CHAPITRE 1 : UN STUPIDE ARTICLE

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Nova

Manoir Malefoy,
Été 1994.

À l'aide d'un vieux marqueur à la mine aplatis, j'affublais mon visage peu souriant d'une paire de grossières lunettes, d'une petite moustache impériale accompagnée de son bouc.
L'outrageuse Rita Skeeter, première femme journaliste de terrain pour La Gazette du Sorcier, avait réussi à tuer la une. Faisant passer la Tribune, qui se devait de titrer sur l'urgence concernant la diminution des fonds de chaudrons, à un vulgaire torchon tapissée de ces lettres capitales et affolantes ;

« Une Grindelwald dans le Conseil du Ministre, la fin est proche ! ».

Le tout accompagné d'une photo, peu avantageuse et prise à la tire, de ma personne à l'enterrement de mon défunt père.
Parcourant en diagonale l'article qui occupait une page entière du périodique, je tiquai. Cette tarée, qui aurait pu être un exemple pour la gente féminine souhaitant se lancer dans le journalisme, milieu purement masculin, n'était qu'une vulgaire garce à potin. Elle n'avait pas hésité à rédiger son torchon à charge, exposant ma vie sans aucune considération pour ma personne qu'elle livrait en pâture à ses fidèles lecteurs.

« L'unique fille de la grande et respectable famille Danares [...] le patriarche, c'est enlevé la vie la semaine dernière dans des circonstances troubles [...] petite fille avérée du redoutable mage noir Gellert Grindelwald [...] renvoyée de Poudlard lors de sa première année pour des raisons gardées privées par l'établissement [...] un demi-frère représentant la fierté nationale dans ses exploits scolaires et sportifs. »

Cette succession de phrases auraient tout aussi bien pu être ma biographie, et j'hésitai à la contacter pour savoir où elle s'était abreuvée d'autant d'information à mon égard. Mais j'étais plutôt éveillée sur la question des ragots journalistique et perdre du temps avec une personne pareil n'était pas d'un grand intérêt.
La seule chose dont j'étais assuré avec la publication de ce numéro, concernait ma quatrième année à Poudlard qui devait débuter dans quelques semaines et qui promettait, à présent, d'être particulièrement longue et mouvementée.

Déjà debout ? Il n'est même pas encore huit heures, qu'est-ce qui a bien pu t'arracher du lit si tôt ?

Encore vêtu dans ses vêtements de nuit, Lucius Malefoy, s'approcha de moi et jeta un rapide coup d'œil au journal que je griffonnais machinalement comme pour effacer ma présence de ces pages.
Il était plutôt rare de le voir si négligé, même au manoir. Cependant, cette apparence peu soignée le rendait plus spontané et sympathique. Je me demandai si Narcissa aussi apparaîtrait derrière lui dans sa longue robe de nuit, la chevelure en bataille mélangeant la dualité harmonieusement de sa toison.

S'emparant du journal, Lucius s'enfonça dans son fauteuil personnel et commença à détailler les dires de Rita, ligne par ligne. Le charme que pouvait lui conférer son apparence disparue presque aussitôt. Ainsi, même l'arrivée de sa femme, d'une beauté éclatante qui me fascinait, ne fit pas défroisser son visage clos et contestataire.

C'est intolérable ! Cette femme fait perdre de sa grandeur au journal, dit-il en faisant glisser la Gazette à Narcissa qui fut tout aussi déconcerté par le flux d'information à mon égard. Ne t'inquiète pas pour ça, j'en toucherais deux mots aux Ministre Fudge lors de la réunion de Conseil cet après-midi.

— Je ne pense pas que ça soit d'une quelconque utilité, prononçai-je haussant les épaules. Tout le monde a dû recevoir son torchon ce matin. On aurait beau le faire rapidement retirer de la vente et réquisitionner jusqu'au dernier exemplaire, on ne pourrait pas effacer les informations de l'esprit des gens.

𝗡𝗢 𝗧𝗜𝗠𝗘 𝗧𝗢 𝗗𝗜𝗘 || 𝐹𝑟𝑒𝑑 𝑊𝑒𝑎𝑠𝑙𝑒𝑦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant