CHAPITRE 8 : LES POUVOIRS ANTIQUES

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Nova

La nuit ne fut pas aussi reposante que je l'espérais. Mon sommeil, habituellement lourd et imperturbable me faisait une nouvelle fois défaut. Moi qui avais pour coutume de m'en servir afin de justifier mes retards et absences aux cours que mon corps jugeait trop matinal, m'en trouvait totalement dépourvu. Depuis l'apparition de ces « visions », je n'avais pu profiter d'un réel sommeil réparateur.
J'associais ça au fait que chez les Malefoy, je n'étais pas à la maison et qu'un sentiment d'insécurité latente me poussait à ne dormir que sur une oreille. Cependant, à Poudlard, je ne risquais rien. Il me fallait admettre que ma défaillance découlait de ces étranges événements et que je devrais en payer le prix tôt ou tard. Car il était bien connu que la magie avait toujours un prix.
Je vais finir par devenir folle.

J'aurais aimé connaître un sort pouvant me purger l'esprit, ne serait-ce qu'une nuit. Sauf que ça n'existait pas, et tout ce que j'avais en attendant étaient un vulgaire attrape-rêve suspendu à la toile qui couvrait le lit baldaquin, ainsi qu'une poupée de chiffon couverte de lavandes séchées sous mon oreiller.
D'inutiles babioles moldue que je m'obstinais à conserver sans raison particulière, en vue de leur inutilité j'aurais mieux fait de m'en débarrasser. Mais ça pouvait encore attendre.

Quand j'eus enfin réussi à me complaire dans un début de sommeil loin de mes tourments, une douce lumière ambrée se mit à irradier la vaste pièce encore plongée dans la pénombre. S'insinuant dans les fentes de nos gros rideaux, le soleil du levant projetait ses rayons en direction des lits qui, à mon grand malheur, se trouvaient pile dans leur champ d'action.
Irradiant mon visage à peine endormi d'un aveuglant éclairage naturel, je fus contrainte d'ouvrir les yeux avec beaucoup de difficulté.
Pourquoi fallait-il que nos chambres aient vu sur l'extérieur ?
Nos dortoirs se trouvaient dans les donjons, il aurait été logique de penser que les fenêtres seraient un artifice dont nous pouvions aisément nous passer. Ce qui était mon cas. Mais s'était sans compter sur l'architecture hasardeuse des lieux.

Tout en me redressant sur mon lit avec une difficulté sans nom, et l'esprit bien trop engourdi par le manque de sommeil pour me permettre de réfléchir correctement, j'observai le lit vide de Pansy.
À en juger par l'état des draps, parfaitement disposés, personne n'y avait dormis depuis bien longtemps. Ce qui était d'autant plus surprenant que la connaissant, elle n'aurait jamais raté volontairement la rentrée. Encore moins avec ce qui se préparait, elle qui bavait sur les élèves de Durmstrang depuis qu'elle s'y été rendu plus jeune en compagnie de son père.
Alors où pouvait-elle bien être ?

Ma première activité matinale, autre que de chercher à cacher la couleur affolante de mes cernes, fut d'élaborer des théories liées à son absence et aux manques de nouvelle de sa part.
Ses parents ne devaient pas y être étranger. Les Parkinson avaient des rêves de grandeurs concernant leur unique enfant, et ne s'en cachait même pas. Sa mère l'avait contrainte à suivre des cours particuliers pendant l'intégralité des vacances, quant à son père, il l'avait formé à de nouvelles manières de gérer les vignes. Tout était bon à leurs yeux pour assurer une bonne reprise de l'entreprise familiale.
Et s'ils l'avaient changé d'établissement après avoir appris pour la soirée qu'elle avait faite en leur absence ? Non, si c'était le cas, elle m'aurait de suite fait parvenir un hibou, à moins qu'ils ne l'aient envoyé à... Non, je refuse de croire qu'ils soient si cruels.

Reposant brusquement ma brosse sur le vernis usée de ma coiffeuse, j'aperçus dans mon reflex que je serrer les dents. Cette idée suffisait à me provoquer un inconfort. Je dus m'y reprendre à deux fois avant de trouver le bon rythme sur lequel caser ma respiration afin de me calmer.
Le clair manque de sommeil dont je souffrais en silence me rendait irritable, et poussait par la même occasion mon raisonnement à faire des raccourcis, imaginant toujours le pire.
De toute façon, que pouvais-je faire ? J'avais beau être coincé ici jusqu'aux vacances d'hiver, rester là à attendre sans rien faire, les bras croisés ne m'apportera aucune réponse. Et ce, même si, n'avoir à partager sa chambre avec personne était une idée plutôt plaisante, je ne pouvais nier le poids de son absence.
Je ferais mieux de lui faire parvenir une lettre par hibou, histoire d'en savoir plus. En attendant, je me contenterais de penser qu'une violente grippe la retient, et qu'elle finira bien par faire acte de sa présence dans les jours à venir.
Je ne voyais rien de plus à faire.

𝗡𝗢 𝗧𝗜𝗠𝗘 𝗧𝗢 𝗗𝗜𝗘 || 𝐹𝑟𝑒𝑑 𝑊𝑒𝑎𝑠𝑙𝑒𝑦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant