Les îles de Tyssem: Naël.

Chapitre XXVI

Naël avait tenté de retrouver son fiancé, mais il avait demandé à être seul, même Naël n'eut pas le droit de rentrer. Une boule d'angoisse se forma au creux de son ventre, peut-être que Laurens avait raison Lyssandre n'était peut-être pas prêt à se marier avec quelqu'un comme elle. Malgré tout l'amour qu'il pouvait lui porter, leur situation était bien compliquée.

Elle s'enferma dans sa chambre pour se reposer pleinement, et par la suite elle pourra avoir une véritable discussion avec Lyssandre. Pourtant, lorsqu'elle s'allongea enfin dans son lit, après cette longue journée, elle ne trouva pas le sommeil. Ses pensées la submergeaient de toute part sans jamais prendre fin, ce fut que lorsque le soleil commença à percer parmi les nuages qu'elle trouva le repos.

Les jours suivants, Lyssandre l'évita elle en était persuadée, alors pour lui simplifier la tâche elle se mit à sortir toutes les nuits et s'enfermer le jour. Et cette après-midi-là, elle fut réveillée par des coups à sa porte.

-Naël, nous allons bientôt arriver à Arvakr !

Elle se leva, enfila une robe de chambre pour ouvrir la porte à Grant.

-Bonjour monsieur, quelle heure est-il ?

En voyant la tenue de Naël, il se mit à rougir et ancra ses yeux dans les yeux océan de son interlocuteur.

-Il est aux alentours de quinze heures, nous devrions arriver d'ici une heure ou deux. Je pensais que vous aimeriez profiter de vos dernières heures de liberté.

-Merci beaucoup, je vais m'habiller alors. Oh, une dernière chose, est-ce que Lyssandre est sorti de votre chambre ?

-Non, et il n'a pas ouvert la bouche depuis deux jours, les seuls mots qui sont sortis sont ses ordres. Je ne sais pas ce qu'il lui prend.

-Pensez-vous que ce soudain silence pourrait me concerner ?

-Avez-vous fait ou dit quelque chose de mal Naël ?

-Pas à ma connaissance...

-Alors je ne vois pas pourquoi vous devriez vous sentir coupable des sautes d'humeur de mon idiot de frère.

Il lui fit un sourire réconfortant et elle le remercia avant de s'éclipser pour se vêtir. Une fois fait, elle remonta sur le pont, en arrivant à l'extérieur elle fut heurtée par l'odeur du bois mouillé s'entremêlant à celle de l'océan. Elle inspira lentement pour déceler chaque odeur qu'elle avait eu tant l'habitude de sentir. Ces derniers mois passé loin de l'eau lui avait presque fait oublier le bien être qu'elle lui procurait. Elle s'avança vers la proue, lentement, une main glissant sur le bois du rebord du bateau. Elle scrutait l'horizon, plonger dans ses pensées. Bientôt elle retrouverait la terre et elle ne savait pas combien de temps elle allais devoir attendre un autre voyage sur la mer.

Elle se retourna pour observer les hommes s'affairer à leur tâche, elle vit Lyssandre apparaitre dans son champ de vision, jamais elle ne l'avait vu si livide, le regard fatigué. Lorsqu'il posa les yeux sur elle, elle voulut l'approcher, mais il se détourna pour rejoindre Laurens. C'était clair, il voulait l'éviter, et elle allait complétement respecter son choix. Malgré elle, elle fut irritée par ce comportement capricieux digne d'un enfant de sa lignée.

Elle resserra sa cape en fourrure autour d'elle et s'assit sur un tonneau d'hydromel. Elle qui était tant habitué au chaleur massacrante d'Ourlaon allait devoir supporter l'hiver glacial des montagnes d'Arvakr, ce n'était pas Kirihuk, mais cela restait bien trop froid pour la sudiste. De plus le château royal se trouvait sur les falaises tout au sud en bordure des terres où, d'après les rumeurs, le vent y était fort, pouvant arracher une maison. Elle avait entendu plusieurs choses sur ce pays, jamais vraiment en bien, la royauté gérait d'une main de fer leur terre mais le peuple avait une réputation de bourreau, réglant tout par des violences inouïes. Elle espérait secrètement que ce n'était que des rumeurs infondées, datant des récits de guerre, car en effet ils étaient les grand gagnant des guerres depuis toujours.