Les îles de Tyssem: Naël.

Chapitre I

Naël fut réveillée par les rayons du soleil pénétrant dans la pièce, une cabine où tout l'équipage dormait, constituée de lits n'étant séparés que par de vieilles planches. Les matelots de son père étaient déjà au travail sur le pont. Le bateau avançait, depuis quelques jours, lentement sur les eaux de Tyssem, les vagues le faisaient à peine ballotter. La jeune femme se leva, joyeuse, aujourd'hui marquait le début de sa vingtième année de vie. Et au nom de cette journée particulière, elle savait que son père prévoyait un festin pour fêter ça dignement. Et les festins en compagnie de l'équipage étaient toujours un régal pour Naël. En effet, les hommes de main de son père étaient tous le cliché parfait du pirate, sale comme la vie en mer l'obligeait, couvert de vieilles cicatrices dues à de nombreux combats, ivres à chaque grand repas en chantant autour d'un feu et se fracassant sur le sol à la moindre vague. Elle s'était habituée à cet équipage un peu fou qui l'avait vu grandir et jamais elle n'aurait pensé abandonner ce navire, sa vie était ici à leurs côtés, en tant que pirate.

Elle enfila son pantalon et la vieille chemise de son père avant de descendre sur le pont. Il devait être au maximum neuf heures mais l'équipage chantait déjà leur chanson favorite pour se donner du courage. Car en ce vingt août, le soleil tapait fort sur leurs crânes et se réfléchissait sur l'eau rendant le labeur difficile. Mais ils s'activaient tous sur le pont pour pouvoir se reposer aux heures les plus chaudes.

-Joyeux anniversaire ma chérie.

-Merci père ! A moi la majorité, j'attendais mes vingt ans avec impatience !

-Tu sais que tu resteras toujours ma petite fille préférée.

-Forcément je suis ta seule fille !

Père et fille se mirent à rire avant de se prendre dans les bras. Pour Edward Duisternis alias Duisternis le sanglant, il était difficile de voir sa fille grandir si vite. Mais le pirate la savait moins en danger que lorsqu'elle était jeune. Aujourd'hui sa petite princesse était devenue l'un de ses plus grands atouts au combat. Elle maniait surtout les petites lames, et jamais elle n'avait manqué sa cible.

-Père, quand devrions-nous arriver à Iblis ?

-Bientôt je l'espère, nous avons perdu de vue les côtes de Waylore depuis deux jours alors si le vent nous reste favorable d'ici demain nous serons sur la terre ferme.

-Les vivres se font rare à bord, ce soir il faudra faire attention, si une tempête nous ralentit nous risquerons de manquer d'eau et de nourriture.

-Naël, regarde ce temps, aucun nuage à l'horizon, nous sommes au mois d'août et il reste juste assez pour faire la fête. Nous n'allons pas nous en priver ce soir. C'est un jour de fête mon enfant, et pas n'importe lequel.

L'homme à la barbe grisonnante souriait doucement.

-Je l'espère, car à cause des ennuis survenus à notre dernière escale nous n'avons pas pu nous approvisionner depuis une semaine.

-Ma fille, tu es si négative.

La jeune femme soupira avant de se diriger vers les personnes composant l'équipage. Son regard se posa sur Alexandre, un garçon de son âge qui avait été pris la main dans le sac voulant voyager clandestinement dans le bateau de Duisternis. Il avait les mains liées sur son balai. Une goutte de sueur dégoulina le long de son front et il la dégagea avec la manche de sa chemise en coton. Les pirates l'avaient sûrement obligé à garder sa chemise pour lui faire payer son comportement. L'observatrice s'approcha du clandestin et il releva la tête vers elle.

-Bonjour, Alexandre c'est ça ?

-Oui, c'est moi. Et vous ? Depuis notre départ nous n'avons toujours pas fait connaissance il me semble.