Les îles de Tyssem: Naël.

Chapitre XIII

À cette heure de la nuit personne ne viendrait à son secours en cas de problème. Seulement accompagnée d'une petite lame dans sa poche, Naël, encore sous l'émotion de ses cauchemars, était en position de proie face au prince Arvakr.

Elle ne bougea pas quand il s'approcha d'elle. Il regarda son visage éclairé par les flammes des bougies et remarqua son état. Il voyait enfin une faiblesse chez la pirate. Il commençait à vraiment douter qu'elle est des sentiments après tout ce qu'il lui était arrivé.

L'homme, qui dominait de sa hauteur la demoiselle, avança doucement ça main vers elle comme il l'aurait fait avec un animal sauvage pour ne pas l'effrayer. Il ôta une mèche de cheveux qui recouvrait le visage de sa proie pour la mettre derrière son oreille.

Sans un mot, il caressa du pouce sa joue pour enlever une larme qu'elle-même n'avait pas senti couler. Ce geste perturba autant les deux jeunes gens mais Lyssandre ne laissa rien paraître. Il proposa son bras et elle le prit aussitôt pour se donner un appuie. Il l'accompagna jusqu'à sa chambre toujours dans un silence profond. Elle était très confuse par la soudaine douceur du prince à son égard.

Alors qu'ils arrivèrent devant la chambre, la jeune femme se dirigea rapidement à l'intérieur mais contre tout attente l'homme l'a suivi. Il s'approcha d'elle et l'observa avec un regard intense. Naël recula jusqu'au lit et s'y assit pour soulager ses jambes qui ne la portaient plus.

-Voulez-vous en parler ?

La voix très grave de l'homme fit sursauter la jeune femme qui releva la tête vers son interlocuteur.

-Vous ne pourriez pas comprendre... Merci de m'avoir raccompagné, je vais essayer de me rendormir.

Il hocha légèrement la tête.

-Comme vous voudrez, si toutefois vous n'y arrivez pas je me ferai un plaisir de vous affronter dans la salle d'entraînement. Bonne nuit mademoiselle.

Naël eu un léger sourire face à l'invitation du jeune homme, il ne perdait pas le nord.

-Monsieur, est-ce que cet incident pourrait rester entre nous. Les personnes n'ont pas besoin de savoir que je fais des cauchemars.

-Bien entendu que cela doit rester entre nous, ils n'ont pas à savoir que j'ai fait preuve de pitié face à vous. Au revoir mademoiselle.

Ses mots étaient crus, son caractère revenant au galop, il quitta la pièce sans jeter un regard à l'occupante. La pirate ne put s'empêcher de rire, de la pitié ? Vraiment ? Elle pensait plus à un élan du cœur, s'il en avait un. Elle se recoucha et s'endormit presque immédiatement après avoir posé sa tête sur l'oreiller.

Elle se réveilla vers neuf heures du matin, enfin reposé. Elle s'habilla rapidement pour descendre au rez-de-chaussée. Elle se dirigea à l'extérieur du bâtiment pour rejoindre la partie royale du château. Lorsque le valet, placer devant les portes, la vit arriver il fit de gros yeux comme par inquiétude. Une inquiétude qui fit hésiter Naël.

-Vous ne pouvez pas entrer Mademoiselle. Le roi et la reine ont de la compagnie.

-Victoire m'a demandé de la rejoindre.

Contraint de la faire entrer pour la princesse, il poussa la porte afin de la laisser passer. Elle entra sans un bruit, une habitude de longue date, et parcourra le hall d'entrée. Elle entendit du bruit au salon, elle s'approcha des portes, mais ne distingua que de nombreuses voix inconnues. Elle allait se retirer pour rejoindre la chambre de son amie mais la porte s'ouvrit sur elle.

-Qui est-ce ?

Naël resta figée, il y avait au moins une dizaine d'inconnu, tous plus noble les uns que les autres. Son accoutrement allait forcément faire monter les jugements.