Les îles de Tyssem: Naël.

Chapitre XXVII

Naël reprit connaissance plus tard, elle avait la sensation de se trouver dans un épais brouillard. L'effet de la substance mis sur ce mouchoir était encore assez présent, elle prit un certain temps à rassembler ses esprits. Lorsqu'elle se rappela enfin des derniers évènements, elle se préoccupa des informations que ses sens lui apportaient.

La première chose fut l'odeur assez forte de la terre après la pluie, elle vint picoter ses narines dans une légère brise glaciale qui cingla la peau nue de son visage. Par la suite, elle entendit des voix lointaines est étouffés, il lui était impossible de distinguer à qui elles pouvaient appartenir ni même de déceler quelques bribes de leurs conversations. Elle ouvrit lentement les yeux après être certaine qu'aucune personne se trouvait près d'elle. Elle fit face à une toile de lin tendu avec quelques branches et morceaux de ficelle, son lit de fortune n'était qu'une grosse peau d'ours tanné et elle était enveloppée dans un épais manteau de fourrure.

Elle n'eut pas le temps de finir ses observations, elle referma aussitôt les yeux quand elle entendit des bruits de feuilles mortes craqué sous les pas d'une personne. Elle se rapprochait peu à peu, puis une lumière plus forte entra dans la tente de fortune, Naël la décela derrière ses paupière close. Les bruits de pas se rapprochèrent encore, elle entendit les froissements des vêtements puis un bruit métallique comme si l'on ouvrait un coffre. Il y eu d'autres bruits de froissement puis à nouveau le métal.

-J'sais que t'es réveillée.

Le cœur de la jeune femme avait accéléré, cette voix était incroyablement roque, impressionnante. Elle ne bougea pas, toujours à l'affut du moindre bruit.

-Je t'ai entendu retenir ton souffle quand je suis entré, allez, ouvre tes yeux.

Elle s'était fait prendre, à quoi bon faire encore semblant. Elle ouvrit lentement les yeux et découvrit un grand et imposant homme. Il devait avoir à peine trente ans, mais cette carrure prenait toute la place dans la petite tente. Elle releva ses yeux sur le visage de son interlocuteur, il avait une mâchoire puissante, un teint hâlé comme le sien et des yeux clairs presque blanc figé dans le vide. Elle se redressa sur son lit, ignorant le vertige, et compris immédiatement comment l'homme avait pu deviner qu'elle ne dormait plus.

-Tu es aveugle n'est-ce pas ?

-Il parait que c'est le terme qui m'définit en effet. Pourtant j'suis persuadé de mieux voir que les trois ivrognes dehors. Ils retinrent un rire avant qu'il poursuive. T'as mal quelque part ?

-Non, tout va bien merci. Pourquoi m'avez-vous enlevé ?

-Ça tu ne peux pas le savoir gamine.

-Vous allez me tuer ?

-Ecoute, j'suis pas là pour faire la discute avec toi, j'dois juste te surveiller ok.

-Comment vous appelez-vous ?

L'homme poussa un soupir avant de s'asseoir devant elle sur le sol boueux.

-William.

A l'extérieur, des rires se firent entendre, il était clair que leurs propriétaires étaient complètement sous l'emprise de l'alcool. Puis des pas s'approchèrent, peu assurer, mais ils réussirent à atteindre la tente. La porte s'ouvrit et Naël découvrit un homme assez grand, très fin, aux cheveux poivre et sel, ébouriffé et des traits marqués par la vie.

-Alors Will, on drague ?

-Non Parker, j'fais que mon boulot.

-T'es un bon gamin, allez laisse-moi avec la minette.