Chapitre 1

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" Une infusion au tilleul s'il vous plaît ! ''

Cette odeur de café qui se mélange aux pâtisseries est un délice à respirer de pleins poumons. Dehors, le vent est froid et une pluie fine se répand sur la foule fourmillant qui remplit les rues.

La chaleur de ma boisson vient se mêler aux bâtons de glace qui me font office de doigts. Je me précipite à ma place habituelle, au fond du café, où se trouve une petite table solitaire n'attendant que ma venue.

Vous avez déjà ressenti ça ? Une affection particulière pour certains objets qui semblent avoir été faits et existent juste pour vous. Ou bien c'est mon âme de grande romantique qui l'emporte sur la raison humaine, une fois de plus.

Ça m'est égal, cette place est comme un lieu de réconfort pour moi, je m'y sens pleinement à l'aise. Qui plus est, il n'y a pas beaucoup de monde à cette heure, ce qui rend l'ambiance encore plus reposante après ma petite journée de cours.

Mes doigts qui reviennent lentement à la vie cherchent le petit cahier blanc dans mon sac. Dedans s'y trouvent tout mes dessins. De même que mon thé quotidien et ma table habituelle, mon carnet de dessins fait partie du rendez-vous parfait de la journée.

Je sais, j'ai l'air d'une grand-mère. Mais ma vie me va très bien ainsi, malgré mes habitudes de septuagénaire. Et je ne laisserai rien ni personne bouleverser ça.

Mon crayon commence à effleurer le papier. C'est bon, j'ai l'impression d'être dans un autre monde. Le bruit et les soucis qui m'entourent deviennent cotonneux. Je vous promets, il n'y a que du tilleul dans ma tisane, rien d'illicite.

Bref cette sérénité aurait bien pu durer encore quelques instants si mon téléphone n'avait pas rompu le charme avec son vibrement qui faisait trembler toute la table. Maman ? Pourquoi m'appelait-elle aujourd'hui ? Et à cette heure-ci ? Déterminée à ne pas être perturbée dans mon moment de détente, je décrochai de façon nonchalante.

"Enfin tu décroches !

-Eh ça a eu le temps de sonner à peine 10 secondes, soupirai-je en continuant de dessiner d'une main.

-C'est pas grave, il y a plus urgent. J'ai rendez-vous chez le dentiste dans 30minutes, je pensais dormir chez toi pour ne pas à avoir à faire la route ce soir, tu es d'accord ?

- Comment pourrais-je mettre ma propre mère à la porte, dis-je avec un petit sourire en coin.

-Parfait, merci mon ange.

-Je vais rentrer plus tôt alors, parce-que je suppose que tu auras faim ?

-N'importe quoi sera parfait, je vais rapidement regarder ce que tu as si tu veux ?

-Oui fais donc... Attends parce-que tu es où là ??

-Je suis presque à ton appartement chérie, la femme de ménage du bâtiment m'a gentiment laissé rentrer avec elle."

Je me redresse instantanément de mon siège, la panique se dessinant sur mon visage. Premièrement ça doit bien faire 2 jours que ma vaisselle s'empilent dans mon évier et je n'ai pas fais le ménage depuis... Vous n'avez même pas envie de savoir. Ma mère qui est l'être le plus maniaque au monde (et à qui j'ai eu la merveilleuse idée de refiler mon deuxième double de clés) va faire un infarctus quand elle va voir l'état de mon appartement.

Mais deuxièmement il y a "ça". Le paquet de cigarettes qu'une de mes amies (mon unique amie en fait) m'a laissé parce-que chez elle, ça devenait trop "craignos" avec ses parents.

L'âme charitable que je suis avait gentiment accepté. Je n'avais pas cherché à bien le cacher car je n'avais rien à me reprocher même si ça ne m'empêchera pas de lui faire à nouveau la morale sur la consommation destructrice du tabac.

Mais ma maman avait le don de fouiner partout et si elle le découvrait, jamais elle ne me croirait ! Je mets fin à la discussion et m'empresse de rassembler mes affaires pour partir. Je crois naïvement que j'ai une chance d'arriver avant elle mais, si on est réalistes, c'est perdu d'avance. Je peux juste réfléchir à une explication la plus convaincante possible.

Je regarde à peine où je vais et fonce soudain dans une personne qui s'apprête à rentrer dans le café. Malheureusement j'avais encore mon gobelet avec un reste d'infusion à la main dont le contenu se verse à moitié sur la personne en question. Je n'ai pas le temps de m'arrêter ni de voir nettement cet inconnu puisqu'il porte un bob et un masque noir, je devine juste que c'est un homme. Je marmonne quelques excuses et continue ma course effrénée. Heureusement, il ne m'a pas retenu mais je ne pouvais pas dire si il était en colère ou non. Mais pour le moment, ça m'était bien égal, il y avait plus important...

Le jeune homme s'installe à une table en retirant son masque. Il jette un œil à son t-shirt blanc où une grande tâche humide s'est créée. Il laisse échapper un soupir un peu agacé.

C'est alors que son regard se porte sur une table non loin de la sienne. Un petit carnet blanc se trouve dessus. Il s'en approche. Il ne sait pas ce qui le pousse à en regarder le contenu alors qu'en temps normal il l'aurait simplement ramené au personnel du café. Il l'ouvre, le feuillete. Son regard se radoucit au fur et à mesure qu'il parcoure les pages.

"C'est très joli..."

Il s'est murmuré ces paroles à lui-même, visiblement très impressionné. Il regarde à nouveau l'entrée du café où il a eu cette collision quelques instants plus tôt. Se pourrait-il que ce carnet appartienne à cette sauvage qui a saccagé sa tenue qu'il avait choisi avec tellement d'attention ?

"Qu'est-ce que c'est ?"

Il se tourne lentement pour faire face à une grande masse. Ce dernier le regarde avec de grands yeux où se lit la curiosité.

"Ça paraît évident, non ? C'est un carnet de dessins..."
- On devrait le... Oh il s'est passé quoi avec tes vêtements?"

Son ami remarque la grande tâche humide visible sur son T-shirt qui peine à sécher. Il regarde à nouveau les conséquences de sa collision avec cette inconnue. Il soupire et hausse les épaules en relevant les lunettes sur son nez. Il se tourne vers son ami. Celui-ci malgré sa grande taille a un air tellement innocent que tu lui donnerais ta dernière chemise sans hésiter si il te la demandait.

"Juste un petit accident. Je propose qu'on prenne les latte à emporter, dit-il en se dirigeant vers le comptoir."

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Et voilà pour le premier chapitre !! J'espère que ça vous plais et que vous avez déjà deviné qui étaient ces mystérieux inconnus hehe ❤️

13 paths to one homeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant