Chapitre 10

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Mes yeux s'ouvrent et se jettent directement sur le petit carnet trônant sur ma table de nuit. Je le regarde amoureusement, le bonheur dans les yeux. Il est à nouveau en ma possession.

Je me remémore les souvenirs de la veille. Je n'avais jamais passé une soirée aussi génial entre les chants, les rires, les danses... Évidemment, j'étais un peu sur la réserve au début mais ces garçons ont un don pour te mettre à l'aise, ils pourraient faire marcher un serpent. Même si j'ai encore du mal à comprendre pourquoi 13 gars vivent ensemble, je peux sentir un lien fort qui les unit.

Les étoiles dans mes yeux disparaissent rapidement alors que la dure réalité chasse mes rêveries matinales. Je me dépêche de me lever pour me préparer à aller en cours. La journée s'annonce monotone, heureusement qu'un rayon de soleil est là pour mettre un peu de baume au cœur.
Les heures défilent et enfin mon dernier cours est arrivé. Les cours en amphi sont ceux qui m'endorment le plus, quoi de mieux pour finir la journée ?
Siwoo, ma meilleure amie pianote activement sur son ordinateur. Bien sûr, ce n'est pas le cours qu'elle recopie avec autant de passion mais certainement l'inspiration qui lui est soudainement tombée dessus pour écrire une de ses fanfictions.

- Fini !! Chuchota-t-elle en appuyant sur la touche ''enter" avec satisfaction.

Puis en se tournant vers moi avec des yeux suppliants:

- Tu voudras lire mon premier chapitre, s'il te plaît ?
- Mais je ne les connais même pas.
- C'est pas grave ! Juste en guise de relecture.
- Se... Venteen? Dis-je en déchiffrant le titre.
- C'est le nom du groupe. Je t'en parle pas trop mais ils sont en train de monter en grade dans mon top 5.

De toute façon, elle pouvait me sortir n'importe quel nom, ils étaient tous autant inconnus les uns que les autres.

- Ça me fait penser que j'aimerais bien que tu récupères ton paquet.
- Quel paquet ?
- À ton avis ?
- Pourquoi t'en parles comme si c'était le mot maudit ?
- Peu importe, tu viens quand ?
- J'aurai bientôt MON appartement, ça peut pas attendre jusque là ?

Je soupire d'exasperation.

Je surveille les chiffres qui défilent beaucoup trop lentement dans le coin de mon ordinateur.

17h50

Plus que quelques minutes avant la fin de cette journée interminable. J'aimerais embrasser mon prof quand il nous accorde la permission de partir plus tôt. Une fois la porte passée, je me sépare de mon amie puisque nous ne vivons pas du tout dans la même partie de la ville.
Je me retrouve en grande discussion avec moi-même pour décider de ce que je mangerai ce soir jusqu'à ce que j'ai la désagréable sensation d'être suivie. Je n'ose pas me retourner. Il fait encore jour, je ne risque rien... Normalement! Au prochain croisement, j'en aurai le cœur net: mon appartement se situe dans une rue peu fréquentée, et quand je dis "peu" c'est au point où le passage d'un chat serait considéré comme un événement.

Je tourne. Je ralentis le pas. Je tends l'oreille. L'inconnu me suit toujours. Soit il vit ici, soit... Non je préfère largement la première option, restons optimiste ! Mon sang ne fait qu'un tour lorsque je l'entends accélérer le pas. J'ai peur de ne pas atteindre l'entrée de mon immeuble à temps. C'est alors que je tourne brusquement à droite, un petit renfoncement où se trouve toutes les poubelles. Un rapide coup d'œil sur ce qui m'entoure me pousse à jeter mon dévolu sur une ancienne latte de lit. Je l'attrape, prête à faire face à mon potentiel agresseur avec mon arme redoutable. Cependant, j'espère au fond de mon cœur que je me trompe.
Mon corps entier se met à trembler mais je renforce ma poigne autour de mon arme. Il vient par ici. C'est bon, plus de coïncidence : ce pervers me suit vraiment ! Il a à peine émerger dans cette petite allée malodorante, que je lui assène le coup le plus violent que mes petites forces peuvent me permettre. Malheureusement, bien qu'il soit prit par surprise, il parvient à l'arrêter d'un revers de la main en criant:

- Hana, c'est moi !

Il retire son masque et je peux enfin le reconnaître sans difficulté. À sa vue, mes muscles se détendent, je laisse retomber le morceau de bois que ma main serrait de façon si crispée et ma respiration semble avoir reprit un rythme normal.

- Seungcheol tu... Tu m'as fais... Vraiment peur...
- Je suis désolé mais je n'osais pas me montrer plus tôt, j'avais peur qu'on me... Hum... Bref je m'en veux vraiment, excuse moi... Tu sais, je n'oserais pas te faire le moindre mal.

Cette dernière phrase me touche profondément et je peux ressentir sa sincérité. Avec son air tout penaud, il m'est impossible de lui en vouloir.

- Je ne m'attendais pas à te voir dans le coin. Pourquoi me suivais-tu ?

Un sourire des plus adorable vient chasser tout signe de remords qu'il y avait précédemment.

- On voulait te revoir!
- "On"?
- Oui, en fait, dans notre métier on est... Amenés à voir beaucoup de personnes, dit-il en se grattant la tête. À la fois beaucoup et très peu... En dehors de nous 13, on a rarement l'occasion d'être avec quelqu'un d'autre... C'était cool de t'avoir !

Je cache difficilement à quel point ces mots réchauffent mon cœur. Je dois avouer que la veille, je les avais quitté le coeur lourd à l'idée que je ne les reverrais certainement jamais. Et voilà que maintenant, c'était même eux qui venaient à moi.

-Tu es encore libre ce soir ?

Seungcheol me tire de mes pensées avec son sourire si doux et sincère, illuminant complètement son visage.

- Je suis libre mais j'ai cours très tôt demain matin.
- Ce n'est pas grave, on fera en sorte que tu rentres à une heure convenable.
- Alors c'est oui !
- Génial, j'ai juste un coup de fil à donner pour qu'on vienne nous chercher, je vais te faire faire tous le trajet à pied.

Et me voilà repartie pour seulement la 2ème fois chez ces garçons. J'ai pourtant l'impression d'aller voir des amis de longue date. Qui l'eut crû que je me ferais des amis aussi rapidement alors que dans la multitude de gens qui constituait ma promo depuis maintenant 2 ans, je n'avais qu'une seule amie. Ces garçons m'attirent et m'intriguent également. Après tout, je ne sais pas ce qu'ils font dans la vie et ils sont extrêmement secret à ce sujet. Seungcheol m'a dit plus tôt qu'ils voyaient beaucoup de personnes. Attend... Feraient-ils partie d'une sorte de gang ? Non ils n'ont pas la figure de l'emploi. Mais après tout, je les connais depuis peu et les apparences sont très souvent trompeuses.
Seungcheol me tire de mes réflexions en me prévenant qu'on viendra bientôt nous chercher.

- Ça va, tu n'es pas trop fatiguée de ta journée ? Me demanda-t-il sur un ton très doux.
- C'est la routine, ça devient fatiguant et un peu ennuyeux, je vais pas te le cacher.

Mais bon, moins depuis que je vous ai rencontré, pensai-je. Je me gardais bien de dire ça à haute voix.

- J'espère qu'on pourra t'aider à sortir de ton quotidien alors.

Il me lança un sourire des plus rassurants puis promena son regard sur ma rue. Je ne pouvais m'empêcher de sourire comme une idiote. Il avait un côté si adorable et en même temps si mature.

- Tu vis ici ?
- Oui dans le bâtiment que tu vois juste là.

En suivant mon geste, il posa ses yeux sur la grande bâtisse puis reporta à nouveau son attention sur la rue en la nettoyant du regard de long en large.

- Il n'y a pas l'air d'y avoir beaucoup de circulation.
- Non c'est très calme en effet. On a rien à envier à un cimetière.

Un vieux rire nerveux accompagna cette phrase mais mon humour ne sembla pas atteindre Seungcheol qui ne quittait pas la rue des yeux, avec un air sérieux. Il se tourna enfin vers moi et dit en me fixant dans les yeux :

- J'espère que tu rentres pas trop tard le soir. C'est dangereux les rues trop calmes avec qui plus est une impasse.

En le voyant si préoccupé pour ma sécurité, je sentis mon cœur faire un bond en moi. C'était rare qu'on se soucie autant de moi en dehors de Siwoo et ma famille. Je n'ai pas le temps de lui répondre quoi que ce soit puisque qu'une voiture fait irruption dans la rue. Je reconnais justement Minghao au volant et instantanément ma joie ne fait que redoubler.
Nous continuons à bavarder alors que la voiture nous mène à l'autre bout de la ville.

13 paths to one homeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant