Chapitre 43

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Je fais irruption dans la chambre de Minghao et m'arrête net en le voyant discuter avec Jun. Ces deux-là sont souvent ensemble malgré leur personnalités diamétralement opposées. Je voulais montrer mes derniers dessins à Minghao et je lui avais envoyé un message pour savoir si je pouvais venir le déranger. Il m'avait assuré que ça ne dérangeait pas que je rentre directement. Ils étaient tous les deux en train de manger et parlaient chinois ensemble comme ils le font toujours quand ils sont entre eux. Minghao me fit signe de venir m'asseoir à côté de lui. Ils reprirent le mode coréen pour éviter que je sois mise de côté car le chinois ne faisait clairement pas partie de mes compétences.

- Tu as mangé Hana ? Me demanda Jun. Il y a des restes si tu veux.

- Ne vous inquiéter pas pour moi. Je... J'étais juste venue...

- Oh je reconnais ce carnet ! S'écria-t-il en désignant ce que je tenais entre les mains.

- Oui, c'est grâce à lui qu'on a pu se rencontrer.

- Minghao est le seul à qui tu l'aies montré...

- C'est que...

- Hyung, dit Minghao à ma rescousse, tu n'as pas ce côté sensible pour les comprendre.

- Si tu le dis, dit-il sans s'en soucier davantage, n'ayant d'yeux que pour son plat.

- Vous mangez déjà ?

Je me paralyse sur ma chaise en reconnaissant cette voix. Jeonghan est venu nous rejoindre et ses yeux lorgnent sur la nourriture étalée sur la table.

- Tu peux en avoir hyung, dit Minghao, j'ai fini.

- Bah t'es là toi !

Je sursaute légèrement en prenant conscience que c'est à moi que s'adressait cette remarque. Jeonghan me lance un sourire espiègle qui est comme plastifié sur son visage.

- Tu peux prendre une chaise, lui propose Jun.

- Y'en a plus.

- Et ça c'est quoi, marmonnai-je en montrant du doigt une chaise célibataire à l'autre bout de la pièce.

- Hyung, t'as même pas regardé avant de parler.

- J'ai faim, dit-il en partant chercher la chaise en question. Ma priorité est la bouffe, pas le mobilier.

- Il faut parfois regarder derrière toi, lui reprocha Minghao. Tu t'en fiches des souvenirs ?

- Je suis tourné vers le futur, toujours regarder de l'avant.

- Les gars... On parlait juste d'une chaise, murmurai-je.

- Et toi Hana, t'es portée vers quoi ? Me demanda soudainement Jeonghan.

- Je voulais pas dire qu'il faut uniquement regarder en arrière, protesta Minghao.

- Hana ? Insista Jeonghan. Choisis bien de quel côté tu te ranges.

- Pourquoi tu demandes pas à Jun aussi ?

- Me mêle pas à ça Hana, pouffa Jun.

Jeonghan gardait son air persistant comme un chien qui n'était pas prêt à lâcher son os. Heureusement, Minghao décida de voler à mon secours en me prenant par le poignet une fois debout.

- Viens Hana, on a plus intéressant à faire.

- Je veux juste savoir si elle est portée vers l'avenir ou le passé, c'est tout, continua Jeonghan innocemment.

- Qu'est-ce que ça change ? Demandai-je.

- Tout.

Jeonghan avait levé ses yeux vers moi en prononçant ce simple petit mot. Il me fixa un long moment avant qu'un sourire en coin vienne mettre un soupçon d'espièglerie dans ses traits. Je tournai les talons en levant les yeux au ciel, et, suivie de Minghao, je quittai la pièce transportée par les ricanements de Jun. Mon coeur s'était encore une fois emballé sous son regard perçant mais je savais que tout cela n'était qu'une plaisanterie pour lui alors je me fis violence pour passer outre.

Nous nous dirigeons vers un immense salon qui se situe à notre étage et nous allons nous installer à l'écart des quelques personnes déjà présentes.

- J'étais content d'avoir reçu tes messages, dit Minghao en se calant dans un fauteuil.

- Tu aimes tant que ça de voir mes dessins ? demandai-je en déposant mon petit carnet sur la petite table en verre, face à lui.

Minghao s'en empara et fit défiler les feuilles jusqu'à mon dernier dessin. Il sourit de plus belle en examinant mon œuvre. Un long moment s'écoula sans qu'il ne dise quoi que ce soit tandis que j'épiai ses moindres expressions.

Je sais que pour ce qui est du dessin, Minghao et moi nous ressemblons beaucoup. Nos styles sont très différents mais notre objectif est le même : vider ce qu'il y a dans notre tête pour l'étaler sur notre feuille.

- C'est toujours aussi intéressant, murmura-t-il enfin en reposant mon carnet.

- J'ai été inspiré.

- Je comprends, ce que nous vivons y contribue énormément.

- Pourquoi tu ne me montres pas les tiens ?

Minghao passa sa main dans ses cheveux avec un léger sourire en s'affaissant davantage dans son fauteuil.

- Je ne sais pas comment tu les interpréteras.

- Je serai entièrement neutre.

- C'est impossible.

- Tu t'amuses à interpréter les miens?

- Un peu.

- Mais c'est pas juste que tu puisses voir mes dessins mais pas inversement.

Minghao garda son sourire énigmatique et rebondit sur autre chose.

- Tu sais que tu es une personne très intéressante Hana.

- Tu me l'as déjà dit...

- Je te l'ai dit mais tu ne le sais toujours pas.

Je lève instantanément mes yeux vers lui. Il pince ses lèvres avant de continuer.

- Tu as un peu plus d'idées pour ce que tu feras l'année prochaine ?

- Pas vraiment. Je n'ose pas y penser, je suis si bien avec vous tous.

- Dans tous les cas, ne te mets pas de pression. C'est totalement normal de se sentir parfois perdu. Ça m'arrive aussi.

- Les autres et toi vous suivez déjà un chemin tout tracé.

- Mais on fait souvent taire nos émotions et ça n'aide pas du tout. Et puis...

Minghao se penche en avant en posant ses coudes sur ses genoux.

- Crois-moi, les histoires de chemins tout tracé, ce sont des mythes. Il n'existe rien de plus imprévisible que la vie.

- C'est censé me rassurer ? Demandai-je avec sarcasme.

- ça dépend de quel vision tu décides d'avoir. La vie est imprévisible, c'est effrayant mais aussi excitant.

Je souris en baissant les yeux. Je vois où il veut en venir. Il va falloir que j'apprenne à voir le verre à moitié plein. Je pousse un soupir en me laissant tomber contre le dossier de mon fauteuil.

- Du chemin s'est fait depuis que tu m'as volé mon carnet.

- Eh ! Je n'ai rien volé et je te rappelle que t'as saccagé mon t-shirt.

- J'étais dans un cas d'urgence. Mais sans tout ça, on ne serait jamais devenus amis.

- Je t'avais dit que la vie est plus excitante quand elle est imprévisible.

- Vu sous cet angle, je ne peux pas le nier.

On continua de discuter pendant encore un long moment avant de retourner dans nos chambres respectives. Toutes les conversations que je pouvais avoir avec chacun de ces treize gars m'apportaient énormément de réconfort et de détermination pour affronter tout ce à quoi je devrais faire face. Il est vrai que la vie est pleine de surprises. Certaines mauvaises d'autres bonnes. Ce qu'il faut faire, c'est savoir rebondir sur les mauvaises pour pouvoir atteindre les bonnes. 

13 paths to one homeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant