Chapitre 16

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Je suis assise dans le canapé du salon, avec entre les mains une boisson bien chaude. 13 têtes compatissantes m'entourent. Je commence doucement à recouvrir mes esprits. Je leur ai relaté tout ce qui s'est passé et les raisons de ma frayeur. Ils avaient l'air de tous se sentir coupable et ça me faisait mal pour eux. Le plus désemparé était clairement Hoshi.

- C'est de ma faute, j'aurais du te montrer par où passer. J'ai oublié que tu ne connaissais pas encore très bien la maison.
- T'y es pour rien, je t'assure, protestai-je. Je n'aurais pas du fureter dans cette pièce. La seule personne à blâmer c'est moi.

Nouveau silence dans la pièce. Ils n'ont pas l'air convaincus par ma réponse.

- Il faut quand même qu'on fasse quelque chose pour cette porte, s'exclama Mingyu. Nous on a l'habitude, mais ça peut être dangereux... Comme on vient de le voir.
- On avait mit une cale pour la bloquer, dit Vernon.
- Mais si on ne vit pas ici, comment on est censés le savoir, murmura Dino.
- Je m'en occuperai dès que possible.

C'est Seungcheol qui avait lancé ces derniers mots, d'un ton décidé. Quelque chose de particulier émanait de lui. Si ils étaient tous de la même tranche d'âge, quelque chose de différent ressortait dans son comportement. Encore une fois, je retrouvais cette aspect mature et responsable dans sa personne. Non pas que les autres ne l'étaient pas, mais lui c'était encore plus visible. Même si je n'ai toujours aucune idée de ce qu'ils font dans la vie, il rentre bien dans sa position de leader.

- Bref, soupira Hoshi. On a vraiment eu peur pour toi. Quand je suis revenu et que tu n'étais ni au salon ni avec un autre membre, on a tous commencé à fouiller la maison de fond en comble. Heureusement, Jeonghan hyung t'a retrouvé en peu de temps.

- C'est plus facile de se partager les tâches quand on est treize.

- Oui mais fallait deviner qu'elle était là...

Alors qu'ils continuent à commenter ce qu'il s'est passé, leurs voix commencent à diminuer à mes oreilles alors que je concentre mon attention sur Jeonghan. Il est vrai qu'une fois mon choc passé, il a fallut que je me remette de ma surprise de me retrouver dans les bras de Jeonghan. Ce côté si doux et attentionné de son caractère m'était totalement inconnu. Je l'avais toujours vu avec ses airs mesquin qui m'avaient, au tout début, refroidie vis-à-vis de lui.

Il était affalé sur le canapé qui faisait face au mien et suivait la discussion entre les garçons. J'avais l'impression de le découvrir sous une nouvelle facette. Je lui étais infiniment reconnaissante mais je n'avais pas vraiment pu lui exprimer ma gratitude comme il se doit, et je m'en voulais un peu pour ça.

Je sentis une présence à mes côtés qui me tira de mes réflexions. Dans le chahut de leur conversation, Jun s'était rapproché de moi et me demanda :

- Tu aimes tant que ça les piano ?

- Oui... En quelque sorte, j'ai eu le coup de foudre... Pourquoi ?

- Tu veux bien me suivre quelque part ?

- Euh... eh bien oui... Mais et les autres ?

- Ça sera pas long.

Son doux sourire m'empêche de refuser cette amicale invitation. En déposant ma tasse sur la table basse, je me lève pour suivre Jun qui, de son côté, prévient les garçons de notre courte absence. Ils semblent un peu déçus mais nous laisse quand même partir. Je suis Jun dans un dédale de couloirs pour finalement nous arrêter face à une porte. Il l'ouvre sans hésiter et nous nous retrouvons dans une immense pièce avec de grandes fenêtres donnant sur le jardin. Divers instruments remplissent cette pièce avec des micros et des enceintes un peu partout, une vraie salle de musique. Et au centre tel un roi, trône un piano blanc à queue. Rien à voir avec le petit de la salle de mes cauchemars. Je suis bouche bée face à lui. Jun semble savourer sa petite surprise. Il avance dans sa direction puis se tourne vers moi pour me faire signe de le suivre, ce que je fais sans hésitation. Je l'effleure du bout des doigts, presque inquiète qu'il disparaisse par enchantement. Je n'avais jamais vu de piano aussi somptueux et grandiose.

- Tu veux l'essayer ?

J'aimerais bien, oui, mais l'ennui c'est que ça fait déjà un moment que je n'ai plus touché à un piano. Je sais que Jun n'est pas du genre à juger facilement mais je ne suis quand même pas suffisamment confiante pour jouer devant lui.

- Je ne sais pas quoi jouer.

- Il n'y a pas un morceau dont tu te souviennes.

- Pas très bien... Tu... Tu sais jouer toi ?

- Oui mais...

- Joue pour moi s'il te plaît. Ça me donnera peut-être plus de courage pour jouer à mon tour après.

Il sembla hésiter pendant quelques secondes puis se décida. Avec un hochement de tête, il s'installa au banc et laissa ses doigts agiles parcourir les touches brillantes. Une douce mélodie se répandit dans la pièce et jusque dans mon cœur. Mes yeux ne quittaient ni le piano ni le pianiste. J'étais totalement subjuguée. J'avais du mal à croire que j'avais devant moi le même homme un peu fou de la veille au cinéma. Malgré moi, je me mit à sourire de toutes mes dents en me laissant bercer par le magnifique morceau qu'il interprétait. C'est comme si tout le reste n'existait plus. Ce délicieux moment se termina un peu trop tôt à mon goût. Les choses agréables sont toujours trop courtes. Jun leva les yeux vers moi, toujours accompagné de son charmant sourire.

- C'était magnifique, j'ignorais que tu jouais si bien !

- J'ai aussi prit des cours.

- J'ai un peu honte maintenant. Je n'ai jamais atteint un tel niveau. C'était vraiment un régal pour les oreilles.

- Je suis sûre que tu peux en faire autant, dit-il en se levant. Moi aussi j'ai envie de t'écouter.

Il s'approcha de moi en tendant sa main. Je posai timidement ma main dans la sienne tandis qu'il me mena au banc. Je pris place à mon tour. Jouer sur un tel piano m'intimidait plus que je ne le pensais. En fouillant dans ma mémoire une partition de Schubert y apparut et à ma grande surprise, les notes du début revinrent sans difficultés. Je m'exécutai sous le regard attentif de Jun. À mes oreilles, cela ne sonnait pas aussi féerique que ce qu'il avait fait, mais au moins, les fausses notes furent largement limitées. Ayant atteint la fin du morceau sans aucun oubli, je ne pu m'empêcher de féliciter intérieurement ma mémoire. Il faudrait que j'arrête de la sous-estimer. En tout cas, je ne sais pas si il fait juste semblant, mais Jun a vraiment l'air enchanté.

- C'est pas aussi bien que je l'aurais souhaité, murmurai-je en faisant la moue.

- Je t'assure que c'était déjà magnifique. Fais gaffe, S.Coups hyung est particulièrement admiratif des virtuoses du piano.

- Ne dis pas aux autres que j'ai joué ! C'était déjà gênant de le faire devant toi, mais devant eux ça serait encore pire.

- D'accord, ça sera notre secret, me dit-il en tendant son petit doigt.

En souriant, j'y joignis le mien. Le voilà qui était déjà en train de retrouver son côté enfantin. Il vint s'installer à côté de moi et nous nous lançâmes dans une parfaite improvisation, à en faire trembler Bach. Notre petite virée, qui n'était pas censée durer trop longtemps, s'éternisa jusque dans la soirée. Seungkwan et Dino vinrent nous chercher pour le repas du soir. C'est à ce moment-là que je me rendis compte que j'avais peut-être abuser de leur hospitalité. Pourtant je fus touchée lorsque je vis sur l'immense table, 14 assiettes attendant sagement notre installation, mais plus encore chacun des garçons passant ici et là, pas du tout surpris que je ne sois pas encore partie. Ils se lançaient parfois des réflexions, se chamaillaient, partageaient leurs avis tout en m'incluant. Il semblait que je ne dérangeais vraiment personne, que j'étais à ma place ici. Dans la soirée, je prit le temps de laisser mon regard se promener sur chaque personne et l'ambiance familiale qui régnait entre eux réchauffait tous mon être. Ils étaient un peu devenus ma famille aussi.

13 paths to one homeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant