Chapitre 4

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"Vraiment? Aucun carnet ne vous a été rapporté ?"

- Je suis désolé, mademoiselle. C'était mon créneau horaire alors je peux vous assurer que si quelqu'un avait déposé un objet oublié, je le saurais, me répondit le serveur.

- Sinon vous vous souvenez des personnes présentes ? Le café n'est pas très rempli à cette heure...

- J'aimerais vous aider mais je vois tellement de gens, je ne sais plus faire la différence entre les jours.

Il rit nerveusement mais s'arrête net lorsqu'il remarque ma mine déconfite. En effet, je suis vraiment au plus bas de mon moral. Tous mes secrets, mes pensées, mes rêves sont évanouis dans l'inconnu. Ma détermination a fondu aussi rapidement que la neige au soleil et la réalité me frappe en plein visage.

Je suis prête à rebrousser chemin, la tête basse lorsqu'une des serveuses m'interpelle.

"Excusez-moi, vous êtes à la recherche d'un carnet blanc ?"

Je la regarde avec des yeux ronds comme des boules de billard. L'espoir parcoure à nouveau tout mon être et je suis prête à bondir dans n'importe quelle direction que l'on m'indiquera pour retrouver mon trésor.

" Vous savez où il est ?
- Eh bien, je crois avoir remarqué quelqu'un qui l'avait à la main.
- Vous pourriez me le décrire ?
- Je n'ai pas bien vu son visage mais... Il avait l'air très beau...

Elle rougit en baissant les yeux. J'étouffe un soupir d'impatience en espérant apprendre plus que ses goûts sur la gente masculine. Elle relève soudainement la tête en me disant :

" Mais maintenant que j'y pense, c'est le même homme que vous avez pratiquement baptisé de thé lorsque vous êtes parti. Je m'en souviens car il n'y avait pas beaucoup de clients et je m'ennuyais cruellement à nettoyer la même table pendant une heure et... ''

Elle baissa le ton alors que le serveur à qui je m'étais adressée un peu plus tôt, lui jette un regard lourd de reproches.

Je fouille dans ma mémoire à la recherche d'un trait de visage ou d'une caractéristique concernant ce mystérieux inconnu mais c'est le flou total. Il faut dire que je l'ai à peine aperçu et dans mes souvenirs, il portait un masque, ce qui n'aidait pas son identification. Elle continua d'une voix basse :

"Bon je n'ai peut-être pas rempli toutes les corvées qu'on m'avait confié... Et de toute manière il faut bien que les ta-
- Je vois, mais savez peut-être son nom ou quelques informations sur lui ? C'est peut-être un habitué ?
- Je suis désolée, les gens viennent ici juste pour prendre une petite collation, on ne leur demande pas de remplir un formulaire pour ça, dit-elle en gloussant.

Je pense qu'elle a finit par remarquer mon agacement puisqu'elle me regarde enfin sérieusement en chuchotant:

"Je pense que c'est une célébrité... Déjà il portait un masque, ainsi qu'un bob enfoncé jusqu'au nez, comme si il ne voulait pas qu'on voit son visage.
- Les voleurs aussi font en sorte qu'ils soient bien cachés, dis-je d'un air détaché.
- Mais il dégageait un charisme épatant et il avait l'air si beau...
- Vous venez de me dire que vous ne pouviez pas voir son visage.

La serveuse s'arrêta net dans ses rêveries et me fixa encore plus sérieusement en disant:

"On le devine ! Il était bien habillé, il avait une démarche à rendre envieux tous les mannequins de la terre et il dégageait quelque chose de fort et de viril avec ce long manteau gris... Tout ça ne peut s'apparenter qu'à un bel homme !"

Oui, elle était littéralement tombée sous le charme. Si maintenant j'avais une vague idée de ce qui était arrivé à mon carnet, je n'étais pas pour autant plus avancée. Je décide donc de la laisser plantée là, continuant de rêver de son mystérieux prince charmant.
Je n'ai même plus le moral à zéro mais complètement en négatif et, dans ces moments-là, ce qui le remontait était de justement faire errer mon crayon sur les pages blanches de mon carnet perdu.
Quelle ironie... Ce qui était mon remède à la dépression en est maintenant devenu la cause.

13 paths to one homeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant