Chapitre 38

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J'enfile mes chaussures et me prépare à faire une promenade matinal avant que la folie de la journée n'arrive avec ses grands sabots. Nous sommes maintenant à Houston. Le temps passe si vite que j'ai l'impression de changer de ville tous les jours.

L'averse qui commence à tomber ne suffit pas à me décourager. Après tout, un petit tour sous la pluie a aussi son charme. À l'issue du couloir, je manque de foncer dans quelqu'un qui venait du couloir perpendiculaire au mien.

- T'es déjà debout ? Me demanda Seungkwan surpris.

- Et toi alors ? Oh... Attends, laisse-moi deviner.

Je m'approche de lui et lui murmure sur un ton de confidence :

- Les restes de barre chocolatée ont hanté ta nuit ?

- Rigole va, marmonna-t-il. Je voulais juste souffler un peu avant qu'on commence la journée.

- Moi aussi. Tu sors? Dis-je en jetant un coup d'oeil à son parapluie qu'il tenait.

- Oui... Tu... Tu veux venir ?

- Si je ne suis pas de trop.

- J'aime bien parfois être seul mais... ta compagnie ne me dérange pas.

- J'accepte avec plaisir alors.

C'est très agréable de pouvoir sortir tôt malgré le temps morne. Il y a peu de gens dans les rues et le bruit de la pluie qui tombe a un effet relaxant. Nous avons ouverts nos parapluie et nous avançons d'un pas lent et détendu. Habituellement, Seungkwan est un vrai moulin à paroles mais aujourd'hui je suis surprise de le voir si calme et silencieux. À un moment, j'en viens même à me demander si il n'aurait pas oublié mon existence.

- Je suis désolé de ne rien dire. Je recharge mes batteries.

Ça alors, on dirait qu'il a lu dans mes pensées.

- C'est bien aussi de rien dire, dis-je pour le rassurer.

- ça ne t'ennuie pas ? Les gens ont tellement l'habitude que je sois là pour les faire rire.

Il est vrai que le Seungkwan que j'ai à mes côtés maintenant n'a rien à voir avec celui qui semble toujours plein d'entrain aux yeux de tous et ça me refait penser à ce que j'ai vu hier. Je sens que Seungkwan a besoin de s'ouvrir et je veux lui faire comprendre que je suis là pour l'écouter. Je tourne la tête vers lui mais son parapluie me cache son visage.

- C'est normal de ne pas toujours être en pleine forme. Tu es un être humain toi aussi.

- J'ai peur qu'on voit cette partie de moi. Je ne sais pas... Parfois... Je me sens vide. Presque un peu déprimé. Mais ça ne dure pas.

- Une fois que l'adrénaline redescend ?

- Je crois que c'est ça, oui.

- Ce n'est pas quelque chose que tu dois à tout prix cacher.

- Mais ça pourrait entacher le regard qu'on a sur moi.

- Tu paraît juste plus humain, il n'y a rien de mal à ça. Tu peux rester le Seungkwan qui sait mettre l'ambiance mais aussi te reposer, souffler et te libérer de cette pression de « devoir » toujours être marrant.

- Est-ce qu'on s'intéressera toujours autant à moi ?

- Je ne sais pas. Mais si ce n'est pas le cas, ces gens ne savent pas à côté de quoi ils passent.

J'entends un petit rire passer à travers la barrière formée par nos parapluies respectifs.

- Moi, je sais tout ça maintenant, et je te trouve même encore plus intéressant.

13 paths to one homeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant