Livre 7 : L'exil

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6 Smar 160 après Jahtout, Sultanat du Jahtout, Terres du Sultan, Nador, résidence personnelle de Souleymane, 00h26

Quelqu'un entra de force dans la chambre, ignorant les Immortels qui gardaient l'entrée.

« Bon, maintenant que faisons-nous, Sultan Souleymane ?! Certes, ton plan de disparition de nos ennemis a marché, mais qu'allons-nous dire aux familles ? » s'indigna l'homme qui se révéla être le vizir Zakaria Tidjani.

« Vizir, il serait tout de même plus approprié de me prévenir de votre venue... » répondit un Souleymane très fatigué.

En effet, le nouveau sultan avait fêté son couronnement durant toute la journée. Le voici dans son lit, comme à son habitude, entouré des jeunes filles endormies qui forment son cercle de servantes.

« Voyons voir...Une petite lettre expliquant que les grands émirs sont partis en voyage diplomatique vers je ne sais quelle contrée et un autre message disant à la petite noblesse que leurs pères sont également partis en expédition dans les steppes du Khalos ou dans les terres du Gladia en tant qu'espions. Et voilà, affaire classée. » dit avec insouciance le jeune monarque avant de bâiller la bouche grande ouverte.

« Mais êtes-vous fous ?! Jamais les nobles ne croiront cette supercherie ! » s'indigna le vizir.

« Bon, du calme d'abord ! Tu vois bien que je suis extrêmement fatigué. On a eu une journée très remplie alors, pour l'amour du ciel, s'il te plaît Vizir, laisse-moi profiter de ma nuit et nous reparlerons de ce sujet à la première heure. D'accord ? » insista le sultan épuisé.

« Bien. Mes sincères excuses pour ce dérangement inapproprié. Cependant, je vous demande de bien vouloir comprendre mon inquiétude. » s'inclina le vizir.

« Bien sûr, mais patientez comme vous l'avez déjà fait. Jahtout Tout-Puissant aime le calme et l'ordre, non la précipitation et l'immédiateté. Tu peux disposer. » termina Souleymane.

Après le départ de Tidjani, les servantes, qui furent bien entendu réveillées par la vive discussion du sultan, se tournèrent vers ce dernier.

« Les affaires d'État doivent aussi nous priver de notre sommeil, monseigneur ? »

« Jamais, mon repos est trop sacré pour être dérangé par quelques problèmes mineurs. Sur ce, mesdemoiselles, que les anges nous reprennent dans leurs bras rêveurs. » conclut le sultan en se recouchant, accompagné de ses servantes.

6 Smar 160 après Jahtout, Sultanat du Jahtout, Terres du Sultan, Nador, Palais de Nador, Salle du Trône, 9h03

Souleymane fit réunir les différents nobles et généraux qui lui avaient accordé leur soutien durant la guerre civile désormais évitée. Tous l'attendaient dans la majestueuse Salle du Trône, siège des grands sultans du Jahtout. De hautes colonnes de marbre formaient une allée vers le somptueux trône royal. Des fenêtres immenses, avec des motifs d'anges et de fleurs pour décoration, donnaient une magnifique vision de Nador, la grande capitale. Le plafond était peint avec un bleu imitant le ciel. Les murs épais de marbre blanc nain illuminaient la pièce, accompagnés par les nombreux lustres dorés en hauteur et les sublimes statues en or que Souleymane avait commandées pendant le règne de son défunt père. Celles-ci représentaient les célèbres sultans jahtouts : Jahtout tendant son sceptre royal vers l'Est, là où le soleil se lève ; ses fils aux exploits légendaires, les Jahtoutson, Mohammed "le Grand" et son aigle Lahab cavalant dans le désert, Mohammadi "Almakira" bandant fièrement son arc et Mohammodo "le Taureau" agitant sa grande masse d'armes ; Mustafa Ier, buvant avec joie son verre de vin ; enfin, Nassim Ier "Alhayawiu" et Nassim II, le grand-père et le père de Souleymane, les grands architectes du Sultanat actuel. Enfin, sur le sol, un long tapis rouge, bordé de jaune, menait au trône du sultan, qui était surélevé par rapport au sol à cause des marches menant à celui-ci. En ce qui concerne le trône, derrière lui, d'immenses mosaïques étaient dressées, montrant différentes scènes évoquant les accomplissements des sultans. Enfin, le siège du roi était fait de soie et les poignets en or avaient été sculptées avec un visage de lion, les pieds comme des sabots de cheval. Oui, la Salle du Trône du Palais de Nador incarnait l'opulence et le luxe du Sultanat du Jahtout à son paroxysme.

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