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Livre 10 : Vae Victis

7 Cash 116 après Kirius, Karikialand, Whiteblack, plaine de Whiteblack, camp d'Abner, 14h04

« Saleté de plébéienne ! Au nom d'Alex, je la crèverai ! » grogna Abner qui se faisait soigner par les médecins de campagne.

Le Haut Général des 10 premières légions du Karikialand n'en revenait pas d'avoir été surpris par cette flèche venant de la Haute Générale Elaine Keinor. Le vétéran serrait les poings le plus fort possible, alors que les médecins s'apprêtaient à lui enlever le projectile du pectoral droit. L'acier fut retiré d'un coup sec et Abner poussa un cri si terrifiant que tout le camp put l'entendre. Les médecins désinfectèrent la plaie avant de la bander puis ils aidèrent le général à s'asseoir correctement.

« Veuillez vous hydrater, monseigneur. » encouragea l'un des soignants en lui tendant une cruche d'eau.

Abner l'accepta et en but l'entièreté. Il enfila sa tunique légère et son plastron, arborant l'emblème de la famille Lakumazes sur le milieu de la poitrine. Elle représentait un aigle royal planant au-dessus de montagnes, symbole de la sagesse et de la clairvoyance de cette dynastie. Alors qu'il terminait de se rhabiller, le jeune légat de la VIIIème légion Octavia, Samuel Davidius, entra dans la tente du fils de Basile "le Conquérant", suivi d'autres légats.

« Mon Haut Général, vous sentez-vous mieux ? » demanda-t-il en faisant son salut militaire.

« J'ai connu bien des batailles, Samuel. J'étais aux côtés de mon père dans la Conquête du Sud, j'ai vaincu les Pemba et les Kosti avec Octave et je l'ai suivi jusque dans les forêts du Sudska. Ne va pas croire qu'une simple flèche de pacotille va freiner ma détermination et mes ambitions. Fais-moi plutôt un résumé de la situation en vue du siège à venir. » répondit Abner en fixant ses protections d'avant-bras.

Samuel le regarda d'un air grave avant de débuter son rapport : « Bien. Malheureusement, suite à notre défaite dans les hautes herbes de Seshi, les auxiliaires merkiens, qui composaient notre Xème légion, se sont tous retirés du camp et sont rentrés chez eux. Nous avons essayé de les convaincre de tenir jusqu'au bout mais ils ont dressé leurs armes contre nous. Leur opposition était rude... » Il marqua une pause avant de continuer. « Les ¾ des forces de la IIIème légion ont été décimés, les VIème et IXème légions ont subi de lourdes pertes et ont de nombreux blessés. Enfin, la IIème légion a des blessés mais également des guerriers disparus. Seules les IVème, VIIème et VIIIème légions n'ont que très peu de blessés, leurs effectifs sont pratiquement intacts... ».

Un des autres légats s'avança et déclara, inquiet : « Haut Général ! Loin de moi l'idée de vous offenser, mais les faits sont que...Nous devons demander une reddition ! Nos pertes sont trop lourdes et notre avantage numérique a disparu avec le départ des Merkiens ! »

« Exactement, mon Haut Général. Et comme si cela ne suffisait pas, le moral de tous les légionnaires est au plus bas. Personne ne voit de victoire au bout de ce conflit. » énonça un autre légat.

Les plaintes se faisaient de plus en plus pressantes et irritantes pour Abner. Comment avait-il pu se retrouver entouré d'autant de lâches ? Où était passée la confiance si grande qu'avait engendrée la victoire sur Josué ? Le haut général se leva sans même les regarder, prit un parchemin et un stylet, s'installa à la table siégeant au centre de la pièce, et commença un dessin. Les légats le fixaient, stupéfaits, ayant l'impression que le général ne les avait pas du tout écoutés.

« Mon Haut Général ? » l'interpella Samuel.

Abner, qui ne répondit pas, semblait extrêmement concentré sur ce qui ressemblait à un schéma. Un moment il s'arrêta, réfléchit, puis reprit son dessin. Les légats décidèrent de s'approcher pour observer plus en détail de quoi il s'agissait. Ils purent y voir des flèches, des lignes, et des petits personnages un peu partout. Ils s'interrogèrent alors sur la signification de toute cette scène.