Chapitre 3

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2 septembre — 6 h 30

Le réveil sonne à la même heure tous les matins du lundi au vendredi. C'est seulement le deuxième jour du lycée aujourd'hui et j'en ai déjà assez de l'entendre. Je me lève, choisis mes vêtements pour la journée qui se résument à un simple jean noir, un teeshirt blanc et un gros gilet en laine beige. Ce matin j'ai l'envie et le besoin de porter une tenue dans laquelle je suis à l'aise et pour laquelle je ne passe pas trois quart d'heure à retourner le dressing. Pour être honnête, ce besoin ne date pas de ce matin mais remonte plutôt à mon premier séjour à l'hôpital. Je ne voyais pas vraiment l'intérêt de m'apprêter pour rester enfermée entre ces quatre murs jaune pâle et tout au mieux, aller prendre l'air une heure dans l'allée du parc afin d'attribuer un âge à chaque arbre. En clair, l'idée d'arborer une tenue qui me demanderait du temps et de la réflexion ne me traversait plus l'esprit depuis quelques semaines.

Puisqu'en descendant je me dirige directement vers l'entrée de la maison sans passer par la cuisine, je devais bien m'attendre à l'inquiétude de ma mère.

- Bonjour chérie, tout va bien ? Elle est accolée contre le mur, le regard rivé sur moi.

- Salut m'man, ça va oui merci. Lui dis-je en rassemblant mes affaires et en enfilant mes chaussures. 

- Tu pars déjà ? Tu n'as même pas pris de petit déjeuner ... Le docteur Thomas a dit que ... commence-t-elle.

- Je sais ce que le docteur Thomas a dit maman. Je sais aussi que papa et toi vous inquiétez pour moi en permanence, que si vous le pouviez vous me feriez surveiller. Que vous aimeriez que cette merde ne soit jamais arrivée mais c'est un fait maman, c'est un fait. C'est arrivé, c'est là et je vie avec désormais. Je me rend compte trop tard que le ton dans ma phrase était peut être dur quand je m'aperçois que ma mère ne cherche même pas à relever et que d'un simple baiser sur mon front, me fait comprendre que la conversation s'arrête là et qu'elle n'irait pas chercher plus loin.

Mes parents et Arthur sont plus que patients avec moi. Depuis cet été je n'ai pas été de la meilleure des compagnies. Mon humeur est sans cesse changeante et j'ai bien conscience qu'il faut s'accrocher. Je leur en suis reconnaissante bien sûr, je n'arrive juste pas encore à l'extérioriser du moins pas de la bonne manière.

Je décide finalement de manger quelque chose avant de partir pour rassurer ma mère puis sors. Il y a plus de monde qu'hier dans le bus. Je pars m'asseoir sur la place au fond à droite encore disponible, c'est parti pour vingt minutes de trajet.

En arrivant devant les grilles du lycée, je remarque un attroupement entier d'élèves. Certains rient, d'autres s'étonnent. J'ignore ce qu'il se passe et c'est seulement en décidant de m'approcher un peu que je l'ai vue. Je m'attendais à tout, à des excuses, des messages, des petites attentions ou peut être complètement le contraire. Mais jamais je ne me serais attendu à voir se tenir là devant moi une Samantha la tête entièrement rasée. Plus aucun de ses beaux cheveux châtains arborait le dessus de son crâne. C'est alors qu'en se frayant un chemin au milieu de tous ces curieux, Sam me prend la main, entrelace nos doigts et lève nos poings en l'air.

- J'ai merdé Romane, je suis vraiment désolée. Ça je te l'ai déjà dit, et assez de paroles pas assez d'actes. Tu vas y arriver, tu surmonteras tout ça parce que désormais je serais aussi là. Peu importe les sautes d'humeurs, les traitements, les rendez-vous hôpitaux ... j'en ai mis du temps mais je suis prête maintenant, j'ai les épaules pour t'aider à surmonter cette épreuve et cette dernière année de lycée !

Désormais, tous les regards sont fixés sur nous. Moi qui souhaitait me faire discrète pour cette dernière année, c'est raté ! Mais qu'importe, je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de se passer. Autour de nous ne se trouve que des gens que nous connaissons depuis des années mais ils ont d'un coup l'air d'inconnus. Je ne reconnais plus personne et j'ai l'impression d'être jugée, dévisagée. Je sens dans leurs yeux les interrogations et leur envie débordante de me demander "quand; pourquoi; comment" des questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre. Je regarde Sam avec beaucoup d'intensité, j'aimerais lui dire combien je suis reconnaissante de son geste et à quel point elle m'a manqué. Mais aucun son ne sort de ma bouche, je regarde autour de moi et tout me paraît flou, puis soudain plus rien. Je me suis simplement retrouvée dans le noir avec  la réflexion que pour pouvoir pardonner à quelqu'un il fallait d'abord que je me pardonne à moi-même.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 25, 2022 ⏰

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