"La nature a fait l'Homme heureux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable."
-Rousseau-
***La lueur diaphane de l'aube commençait à peine à caresser la joue d'Antoine, quand les sons stridents des travaux d'aménagements, ayant lieu en bas de la rue, abrégèrent sa nuit. Son réveil ne devait sonner que dans une dizaine de minutes ; être éveillé avant était une chose « très énervante » (pour rester courtois). Cela signifiait que de précieuses minutes de sommeil venaient de s'évaporer à jamais. Il tenta bien de se rendormir en enfouissant sa tête dans son oreiller et en se recroquevillant dans ses draps, mais le tumulte incessant de la circulation de ce Lundi matin l'en avait cruellement empêché.
Il finit par se redresser et fit voler ses draps machinalement aux côtés de sa cuisse ; puis, il bâilla bruyamment. Un coup de klaxon résonna à sa fenêtre entre-ouverte et il soupira en grattant son crâne dégarni. Se lever constitua un effort surhumain et, comme son cœur se réveillait à peine en pompant tout le sang resté presque inactif pendant la nuit, il fut pris d'un habituel vertige qui imbiba sa vision de petites étoiles kaléidoscopiques. Quand, celles-ci finirent par se désagréger, il aperçut son miroir ; dans ce morceau de verre, il observait sa silhouette : grasse sans être grosse, de taille moyenne, des épaules arrondies et une mâchoire supportée par un cou presque inexistant. Il n'avait pas de lunettes, il n'en avait jamais eu besoin, mais ses yeux bruns avaient un air trouble au milieu de ses paupières cernées et de son teint d'une pâleur cadavérique. En bref, c'était un homme banal ; un « monsieur tout le monde » comme il en existe des millions.
Il soupira encore et se dirigea vers la cuisine en deux petits pas maladroits. Il connaissait le chemin par cœur mais ne manquait pas, une fois sur deux, de heurter son orteil dans le coin de sa porte.
Il pesta en silence et se dirigea vers sa fenêtre en un pas supplémentaire. Saisissant une bouteille d'eau et la portant à ses lèvres, il tira ses rideaux. Il ouvrit sa fenêtre, observa la rue et cracha subitement toute l'eau qu'il avait ingurgitée, provoquant, au passage, les calomnies d'un passant.
Ses yeux exorbités ne pouvaient se détacher de ce qu'ils fixaient ; il se frotta les paupières comme pour effacer de sa mémoire, un mirage trop déconcertant. Ça ne pouvait pas être vrai, de toute évidence c'était un rêve. Il était fatigué et la soirée Netflix de la veille avait dû définitivement l'achever. Il s'empressa de rabattre les rideaux et se prépara ; soignant sa boule au ventre en se palpant les reins.
Son réveil sonna.
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==Voilà la toute première partie de ma toute nouvelle nouvelle ! Le début est volontairement banale (un réveil en plus, exactement ce qu'on nous dit de ne pas choisir pour un début) pour contraster avec la suite, qui volera vers les chemins les plus incongrus...
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Vos premiers retours m'ont fait chaud au cœur...
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Un Réveil Difficile
Short StoryAntoine Duchausson, un humain lambda, vit un quotidien des plus banals. Cependant, un jour, une surprise vient le surprendre à sa fenetre ; surprise qui revolutionnera sa vie... Et peut-être aussi la face du monde. Une satire du monde actuel et de...