Un Réveil Difficile Part. 6

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-Monsieur Duchaurron ! Cria-t-il.

Antoine entre-ouvrit sa fenêtre.

-Taisez-vous ! s'écria-t-il, vous allez nous faire repérer et... et si on me voit, vous ne serez plus le seul à posséder une photo de moi et n'obtiendrait qu'une banale photo parmi tant d'autres.

Il esquissa un sourire, fier d'avoir bénéficié d'une si captieuse répartie.

-C'est vrai, répondit l'homme en souriant lui aussi. C'est un honneur de vous rencontrer m'sieur. Sérieux, j'suis un gros fan.

Antoine ne savait même pas ce qu'il avait accompli pour être aussi célèbre, alors, perplexe, il se lança :

-Puis-je vous demandez quelque chose, monsieur ? demanda-t-il.

-Eh eh, ben ma foi, répondit l'ouvrier, j'suis pas pressé alors allez-y.

Antoine l'invita à se rapprocher pour plus de discrétion, le prochain tiers de l'usine arrivait en masse et la tâche allait devenir complexe.

-Eh bien... commença Antoine, comment me connaissez-vous ?

L'ouvrier, complètement perdu par cette question, se gratta l'occiput et balbutia :

-Parce que... Vous êtes connu alors... on vous voit à la télé et même, vous avez vu qu'y a plein de panneaux avec votre tête autour de nous. Donc vous passez pas inaperçu 'voyez.

Cette réponse ne convenait pas du tout à Antoine et ne servait qu'à abalourdir son esprit d'autres questionnements viscéraux.

-Mais, réessaya-t-il, pourquoi suis-je connu ?

-Parce que vous êtes célèbre... Je sais pas, moi ! Vous m'en posez des questions !

Antoine le remercia d'un signe de tête, referma sa fenêtre et démarra en vitesse ; avant de s'enfuir. L'ouvrier hurla, il n'avait pas obtenu sa photo. Ce crie alerta tous les ouvriers des parages et mêmes ceux des usines alentours.

Plusieurs d'entre eux couraient derrière la voiture, à la sortie du parking. Et, très vite, une horde d'ouvriers, femmes et hommes de tout âge, couraient à toute allure derrière la voiture en se bousculant, en se griffant, en se mordant, pour avoir ne serait-ce qu'une chance d'obtenir les meilleurs autographes et les meilleures photos.

Antoine se retrouvait encerclé ; des ouvriers l'empêchaient d'avancer, certains d'entre eux grimpaient sur la voiture ou collaient leur visage contre la vitre pour l'apercevoir. Après plusieurs tentatives de manœuvres, Antoine se résolut à mourir.

Il klaxonnait pour étourdir les individus qui étaient perchés sur son capot, mais cela ne faisait que les exciter plus encore. Alors il se recroquevilla sur son siège, sortit une bouteille d'eau thermale de sa boîte à gant pour s'en servir comme d'une arme une fois que les ouvriers auraient réussi à percer la vitre. Il était résigné : c'était la fin. Ses vitres se craquelaient. Le grognement des ouvriers résonnait dans tout l'habitacle ; il n'y avait aucune échappatoire.

Il se concentra très fort dans le but de se remémorer tous les instants de sa vie, pour donner un côté théâtral et dramatique à sa fin. Toutefois, il s'aperçut bien vite que penser très fort ne suffisait pas, parce que sa vie n'avait commencée à être intéressante qu'à partir du début de la matinée. Voyant que ses espoirs de se voir attribuer une émouvante et belle mort s'émiettaient pitoyablement, Antoine se resigna à vivre.

L'un des ouvriers brisa le pare-brise à l'aide du crâne d'un de ses collègues et essayait maintenant de s'emparer du pauvre Antoine. Ce dernier, sentait la main étrangère effleurer sa chemise ; il tentait d'avertir qu'il prendrait des photos avec tout le monde si on ne lui faisait aucun mal, mais personne n'écoutait.

Il tenta de le frapper avec sa bouteille d'eau thermale mais l'ouvrier l'attrapa et aspergea Antoine qui fut aveuglé et sans défense. Il hurlait de douleur (c'est dire s'il était une chochotte).

Soudainement, un coup de feu retentit. Tout le monde se figea sur place et une sirène de police se mit à chanter sa complainte en accompagnant 5 voitures, portant chacune 5 policiers armés. Ils sortirent tous au trot, se mirent à couvert derrière leurs véhicules et l'un d'eux saisit un mégaphone :

Evacuez la zone, cette personne est recherchée par la police nationale.

A ces mots, les ouvriers s'enfuirent en courant. Ils pestèrent et continuaient à prendre des photos de loin, quand ils le pouvaient, ou bien se dépêchaient d'entrer dans l'usine pour rattraper le retard qu'ils venaient de prendre sur leur tier.

-Monsieur Duchausson, dit le policier au mégaphone. Vous êtes cerné

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