Un Réveil Difficile

Un Réveil Difficile Part. 8

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Sur la route, le convoi policier roulait à la file indienne en essayant de ne pas trop se faire remarquer. Mais, les journalistes les plus vifs avaient déjà publié des photos d'Antoine avec l'indication du lieu où il se rendait, sur à peu près tous les réseaux sociaux, toutes les chaînes d'infos et tous les journaux existants.

La grande majorité d'entre eux révélaient de fausses informations à son sujet. Ils se rendirent vite compte que les fake-news qui décrédibilisaient Antoine ou parlaient en mal de lui, avaient vraiment moins de succès que celles qui vantaient ses mérites et décrivaient des exploits qu'il était censé avoir accomplis. En effet, les fidèles d'Antoine se renfrognaient, s'indignaient à la vue de la moindre information qui allait à l'encontre de leurs idées propres. Alors, les journalistes inondèrent les réseaux de ces fake-news à succès; s'assurant par la même, de bons rendements, en laissant intact l'ego de leur clientèle.

Midi venait de sonner. Les autoroutes se remplissaient lentement. A leur volant, des curieux se hâtaient de dépasser le convoi de police pour tenter d'apercevoir ne serait-ce que la silhouette d'Antoine Duchausson. Les plus discrets ne risquaient qu'un coup d'œil; tandis que ceux qui l'étaient moins ne se gênaient pas de dévisager chacun des policiers et de se figer pendant de longues secondes, une fois leur cible trouvée. Les pires étant ceux qui sortaient leur téléphone de leur poche, quittant imprudemment la route des yeux pour le prendre tantôt en photo, tantôt en vidéo. On raconte que les cadavres de chevreuils, de hérissons ou de chats errants, culbutés par les voitures, formaient une splendide mosaïque de toutes les couleurs, égayant la route originellement grisâtre.

Le supérieur hiérarchique de la brigade de police saisit son talkie-walkie et ordonna à ses subordonnés de faire barrage aux personnes tentant d'approcher de trop près Antoine. C'est ainsi qu'ils purent avancer sans trop d'encombres, à toute allure.

Des ribambelles de gens jonchaient chaque côté de l'autoroute pour acclamer la toute récente star. Même quand les sirènes étaient allumées, il était tout bonnement impossible de ne pas entendre le bruit suffoquant de la foule en délire. Les forces spéciales reçurent l'ordre de soutenir les policiers déjà présents, en déployant des hélicoptères de combat pour surveiller les lieux.

Le chemin à parcourir était encore long, mais le nombre de personnes applaudissant Antoine Duchausson ne se tarissait pas.

Arrivés dans la capitale, ils empruntèrent un chemin sous-terrain qui les menèrent directement au palais présidentiel, où les attendaient le président, le ministre de l'intérieur et plusieurs autres hauts placés du pays, venus là par curiosité, ou par intérêts.

Tout le monde accueillit la célébrité avec un enthousiasme mêlé à de chaleureuses poignées de mains.
Les policiers qui l'avaient accompagné jusque-là, ne furent pas autorisés à entrer et on leur intima bien formellement de reprendre leur service, comme si de rien n'était. Ils repartirent doucement, après quelques tapes amicales dans le dos.