Le monde te mérite - PNL (Bené)

Chapitre 6 : Blood

Pour la première fois, Sabri attendait Tonia, Rayan, Sayyid et Laïs sur le parking devant le bâtiment. Cette journée s'annonçait déjà agréable avec sa température douce. Il regardait le quartier commençant à s'activer. Les mères tenaient leurs enfants par la main afin de les amener à l'école, les jeunes s'amusaient avec les motos et les vendeurs du matin remplaçaient ceux qui avaient veillé toute la nuit. Depuis qu'il connaissait Tonia, Sabri dormait plus longtemps et surtout paisiblement.

« Sabri ! ». Lorsque Tonia prononçait son prénom et l'interpellait d'un ton plus affirmé, il ressentait cette envie de venir à elle pour entourer son visage de ses mains et... « T'as besoin d'un pansement. », déclara-t-elle en désignant son pouce entouré de sang. En effet, sans en être conscient, il avait arraché la peau à côté de son ongle. De quelle manière avait-elle pu voir sa blessure alors qu'elle venait à peine de franchir les portes ? Elle se rua vers lui sans attendre Rayan, Sayyid et Laïs. Paul et Aboubakr étaient restés à l'appartement afin de répéter un scène de duo. Quand elle arriva devant lui, elle sortit de son pantalon de service des mouchoirs, du désinfectant et le morceau de tissu de protection. Elle réalisa le soin en moins d'une minute et releva enfin sa tête vers lui pour lui sourire.

Sabri admirait la beauté de Tonia dont il savait pertinemment à présent qu'il n'entreprenait même plus d'efforts pour y résister. Il se savait envoûté mais se sentait si bien dans cette bulle de légèreté. Elle semblait de son côté réceptive à ses yeux expressifs parce qu'elle le regardait avec insistance.

« Bon les amoureux qui simulent leur ignorance, on attend quoi pour s'installer ? Le déluge ? ». Cette remarque de Rayan était bien surprenante pour son caractère d'habitude discret.

« Rayan, tu annonces encore une fois une bêtise pareille et tu achèteras ton abonnement des transports publics pour le reste de l'année. ». Sans surprise, Tonia maîtrisait avec brio cette répartie que tant d'autres personnes échouaient d'apprendre. « De ce fait, tu passes derrière et Sabri s'assoit à côté de moi. ». Face à la tonalité directive de Tonia, aucun être ne pouvait contester ses ordres. Alors, Sabri s'installa, boucla sa ceinture et dévisagea le lieutenant Bellahmed. Il adorait quand elle portait sa tenue de travail. En plus, elle pouvait enfin afficher son grade sur le carré prévu à cet effet. « La moquette. Chez les pompiers, sont nommés ainsi ceux qui ne sont pas encore gradés car lorsque tu passes ta main dessus, la sensation peut être celle que tu perçois quand tu touches ce sol. ». Elle possédait toujours une anecdote à raconter et Sabri ressentait ce plaisir de l'écouter. Avec elle, il était conscient de son évolution et cette situation lui provoquait énormément de bien, surtout car il s'était toujours ennuyé à l'école. Tonia, Sabri, Rayan, Sayyid et Laïs sortirent lentement de la cité, le temps de finaliser quelques réglages jusqu'à... « Les gars, souriez-tous, nos amis les gendarmes nous arrêtent... Encore. ». Effectivement. Une patrouille sur le bas-côté lui signalait de se garer.

Tout à coup, Sabri, Rayan, Sayyid ne furent pas rassurés du tout, de même que Laïs qui ne put s'empêcher de garder pour lui sa réflexion : « Forcément, quatre rebeus dans une voiture... ».

« Du calme, l'intervention se déroulera sans encombre. N'oubliez pas que je suis habillée en conséquence. Faites-moi confiance. ». Cependant, la voix de Tonia remplit d'espoir cachait une inquiétude dans ses propres déclarations.

« Veuillez éteindre le moteur. Papier s'il-vous-plaît. ». La jeune recrue commit une première erreur. Était-elle volontaire pour accentuer une tension qui demeurait à la limiter d'exploser et de provoquer des dégâts et victimes irréversibles ?

« Lorsqu'on est bien élevé et donc poli, on dit bonjour. ». Qu'importe les risques que provoquerait une telle réponse, Tonia déclencha les hostilités. De fait, elle savait déjà que l'issue de cette bataille serait victorieuse pour son camp.