Chapitre 3 : Rio

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« Ah Sabri ! Comment vas-tu ? Il ne manquait plus que toi et Tonia. Oh, des épices ! Merci beaucoup, j'en ajoute d'ailleurs tout de suite dans le plat. ». Paul accueillit Sabri comme s'ils étaient amis depuis très longue date. Pourtant, étant tous deux trop timides pour se l'avouer, ils appréciaient mutuellement le sourire, la disponibilité et la gentillesse de l'autre. Ainsi, Sabri s'engouffra dans l'appartement en ressentant l'impression d'être chez lui. Comme les deux premières fois, il ôta ses chaussures, se dirigea vers la cuisine, posa les condiments sur le plan de travail et se lava les mains tandis que Paul versait déjà une quantité raisonnée de cumin dans...

« Des tripes ? T'es sûr de ton coup là ? ». Sabri ne savait pas s'il était surpris de la préparation elle-même ou de l'assaisonnement. Néanmoins, les arômes émanantes prouvaient une maîtrise évidente.

« Bien sûr ! Je ne prépare pas des recettes sans que je sois certain qu'elles seront dévorées. Après, si tu n'aimes pas, je peux te cuisiner autre chose. Dis-moi ce qui te ferait plaisir et je m'adapterai. ». Définitivement, Paul demeurait un jeune homme poli, serviable et sympathique.

« T'inquiète car ça sent trop bon. Ce mélange d'odeurs rappelle un peu celui de mes origines, tu vois ce que je veux dire ? », déclara Sabri en calant son dos contre l'évier et croisant ses bras. En réalité, il se comportait d'une attitude décontractée pour essayer de cacher l'excitation qu'il ressentait à revoir Tonia. Par déduction, les autres colocataires devaient travailler dans leurs coins.

Le quotidien était assez répétitif mais cette habitude de vie rassurait paradoxalement Sabri. Si tous réussissaient à vivre dans cette ambiance particulière, personne ne pourrait s'autoriser de critiquer leurs routines.

Sabri se permit de regarder Paul qui était concentré à la fois sur la cocotte et l'un des épisodes en fond expliquant les aventures de braqueurs espagnols. Puis, Paul porta à sa bouche une cuillère à soupe pour goûter sa préparation : « Mmm, je trouve ma réalisation assez appétissante. Ton idée de cadeau se révèle excellente. Tonia sera contente, elle adore ces senteurs. ».

À l'entente du prénom de la femme qui le perturbait, Sabri sentit son cœur réaliser littéralement un bon dans sa poitrine. Pourtant, fidèle à lui-même, il ne laissa rien paraître de ses ressentis. Pour cela, il préféra détourner la conversation : « Ça va, t'as vu, c'est R. Tu veux que je mette la table ? ».

« Non ne t'inquiète pas, elle a déjà été dressée par Sayyid et Laïs qui doivent sûrement réviser. Rayan charbonne aussi et Aboubakr utilise certainement ce compte car il fonctionne difficilement... ».

« Les garçons, c'est moi ! ». Tonia interrompit Paul dans sa réflexion de la même manière qu'elle provoqua chez Sabri une sensation chaude qui se répandait agréablement dans son corps.

Sabri fut le premier à atteindre l'entrée. Tonia était penchée vers ses rangers qu'elle retira avec une facilité qui le déconcerta, à l'instar de sa tenue. Décidément, elle ne s'accordait vraiment pas de temps à se changer... Or, cette vue ne lui déplaisait pas, bien au contraire. Ces vêtements provoquaient une certaine admiration même s'il s'avouait sans honte qu'elle l'impressionnait. Puis, Tonia releva son buste et chercha de suite à rencontrer en contact visuel avec Sabri. Lui non plus ne la laissait pas indifférente. Elle aimait sa sensibilité et son regard.

« Sabri ! Je suis heureuse de te voir. J'aime beaucoup ton style aujourd'hui, il te ressemble. », dit Tonia en s'approchant de lui. Puis, elle posa ses mains de part et d'autre de ses épaules et se pencha vers ses joues pour les lui baiser. Le cerveau et corps de Sabri ne réagirent plus. Il resta bloqué sur les sensations. Ressentait-il du chaud ? Des picotements, du froid ? Il ne savait plus où il se tenait. « Sais-tu que Rio me fait penser à toi ? Je précise le personnage que scrute Paul et pas la capitale ! », conclut-elle avec un ton coquin dont Sabri fut stupéfait. Cette scène se produisait-elle vraiment ? De quelle manière Tonia avait-elle rapidement deviné ce qu'il advenait de la situation ?

Le monde te mérite - PNL (Bené)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant