Le monde te mérite - PNL (Bené)

Chapitre 8 : Survet de la Juve

« Tu vas changer encore combien de fois les paroles ? Tu peux aps modifier tes sons selon tes humeurs Bené. Reconcentre-toi ! ». Tarik n'avait jamais été tendre envers le plus jeune membre de la famille. L'aîné des frères Andrieu ne supportait pas que les plans soient retardés à cause d'éléments extérieurs à la musique. Cette semaine qui suivit le retour de Sabri aux Tarterêts se révéla compliquée. Il présentait des difficultés à se replonger dans son quotidien. Il jugeait son travail trop répétitif et ses pensées ne déviaient de toute façon qu'envers le dîner qu'il partagerait le soir-même avec Tonia et les colocataires. Ils mangeraient des hamburgers, wraps, frites, potatoes, nuggets et glace d'une célèbre enseigne américaine de restauration rapide. Sabri le savait grâce aux messages échangés avec Rayan.

Le cadet de la fratrie Bellahmed doublait sa concentration pour étudier, comme Paul, Sayyid et Aboubakr. Quant à Tonia et Laïs, leur profession-passion leur permettaient de retrouver rapidement cette ambiance studieuse mais agréable qu'ils aimaient tant. Rayan avait indiqué à Sabri qu'il pouvait arriver quand il le souhaitait. Or, il fallait encaisser les remarques pas toujours agréables mais indubitablement sincères de Tarik avant ce moment de détente. Sabri commençait à être fatigué. Il ressentait cette envie et surtout ce besoin d'une pause bien méritée. Il voulait sortir afin de fumer une cigarette et aussi profiter du soleil. Il manquait en ce moment cruellement de vitamines, bien que ce constat se révélait paradoxal après une bonne semaine en Corse où tous avaient profité de l'extérieur durant la majorité de leur temps libre.

Sabri repensait à ces bons souvenirs alors que Tarik grognait d'autant plus à côté de lui. Sabri le considérait comme trop exigeant pour un premier album signé en plus par une célèbre maison de disque. Malgré que Bené chérissait ce projet étant le sien, il sentait parfois une certaine nécessité à le laisser tranquille pendant quelques jours. Il avait appris cette sagesse de Tonia. En effet, s'éloigner temporairement de sa raison de vivre relevait au contraire d'une maturité rare. De toute façon, elle était convaincue que ce naturel à s'exprimer par quelconque art revenait toujours au galop. Tonia et Sabri se ressemblaient puisqu'ils fonctionnaient à cette addiction de la fierté procurée par la finalité du plan au préalablement établi. Sabri se focalisa alors une dernière fois sur ses chansons pour elle. Il était impatient de lui offrir en main propre le premier exemplaire de son album.

Grâce à son implication et celle de Tarik, les deux acolytes finirent rapidement leur session studio. Sabri entamait la dernière ligne droite. Lors un énième moment d'égarement, il pensa à cet ami devenu lecteur-correcteur grâce à l'un des miracles de Dieu. Dans les quartiers français, des pépites existaient car travaillaient dur, en n'abandonnant pas et déclenchaient ainsi la fierté d'une cité.

Malik avait grandi parmi sa fratrie de sœurs devenues avocate, médecin et ingénieure qui l'avaient donc réfugié très tôt dans les livres. Son chemin s'était logiquement orienté vers la lecture, l'écriture et deux autres activités essentielles aux premières, à savoir la correction et la modification. Sabri aimait écouter son ami parler avec des étoiles dans les yeux de la joie qui envahissait son corps à améliorer n'importe quel type de texte. Certes produire une œuvre était un acte magnifique mais l'étape la plus importante demeurait celle de la finalité. Cette phase représentait indiscutablement plus de la moitié du processus de création afin de rendre unique l'empreinte que voulait laisser l'artiste. Si la langue française pouvait s'exprimer, elle remercierait sans doute les rappeurs de l'honorer autant.

« T'as de la chance, t'as ma femme qui m'attend. Mais j'dirai à Nabil de faire une séance de critiques constructives avec oit pour qu'il te donne son avis. Comporte-toi ienb envers Tonia. ». En dépit des efforts œuvrés par ses gars, Tarik finissait incontestablement à deviner leurs actions.