Chapitre 13 : Vaisseau spatial

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Le destin n'était pas un sujet qu'Antonia Bellahmed et Sabri Gharbi pensaient maîtriser... Lorsqu'ils se croisèrent là où tout a commencé, à savoir les Tarterêts.

Fidèle à ses habitudes et obligations militaires, Tonia courait. Primo afin d'entretenir sa forme physique et ensuite pour que chacun de ses pas évacue toute réflexion négative. À présent, ses opinions étaient neutres et par logique dénuées de quelconque importance. Dans une célèbre série américaine qui traitaient le quotidien de ménagères désespérées, Tonia avait attentivement écouté son personnage favori - celui d'une femme dont sa chevelure cuivrée apportait sa singularité -, que « Le contraire de l'amour n'est pas la haine, c'est l'indifférence. ». Le cerveau et l'inconscient de Tonia avaient alors fonctionné de leur côté et leur résultat impliquèrent qu'elle devait pardonner en considérant d'abord son geste pour son propre bien-être.

La paix se révélait un équilibre fragile. Tonia y pensait alors que la voix haineuse d'Ademo raisonnait dans ses écouteurs. Le son Abonné tapait fort contre ses tympans et cette nuisance empêchait que sa prise de tête disparaisse. Elle sentait également les battements de son cœur anormaux par rapport à son quotidien. Certes elle avait déjà réalisé quelques tours dans le quartier mais ce contexte n'expliquait et surtout ne justifiait pas son état. Elle compta ainsi à nouveau du bout de ses doigts son rythme cardiaque. Tonia feint de s'étonner de ses bons résultats bien qu'elle demeurait consciente de sa situation. Elle était amoureuse de Sabri et pour longtemps.

Tonia préféra cependant réfléchir avec son impassibilité légendaire. Elle savait que l'un de ses organes principaux était lourd de symboles et non de symptômes physiques. Fière, elle refusait juste de reconnaître qu'elle avait pu tomber amoureuse d'un jeune homme différent de ce qu'elle aurait pu prévoir. De plus, elle sentait d'instinct qu'un événement indispensable se produirait bientôt mais son incapacité à le définir et notamment le prévoir la rendait d'autant plus agacée. Elle leva donc d'un coup légèrement la tête vers le ciel et demanda à son Dieu quel geste horrible elle avait pu involontairement accomplir afin qu'il la punisse de cette manière.

Sabri. Juste à penser son prénom, le mal de tête de Tonia s'intensifia. Elle ne demeurait pas sans connaître que son corps agissait expressément pour lui indiquer que Sabri était la cause de ses ressentis. Malgré son expérience médicale, elle possédait l'intime connaissance que le corps traduisait physiquement tous les maux mentaux. Cette histoire lui prenait allégoriquement la tête. Elle décida de fait à ne plus lutter et avala sans hésiter par de longues gorgées d'eau fraîche un cachet de paracétamol qu'elle prévoyait toujours. Puis, elle inspira de grandes bouffées d'air. Ce dernier matinal était encore respirable. Tonia s'était bien habillée en dépit qu'elle profitait avec délectation de ce beau temps.

Tonia avait enfilé un bandeau sur la naissance de ses racines, un léger coupe-vent retenu par une banane sportive, un legging dont les longueurs étaient coupées aux trois-quarts et des chaussures réservées pour la course. Grâce à la sensation du vent sur sa peau et sa concentration à reconnaître le chant des oiseaux, elle reprenait calmement son souffle. Elle ordonna ensuite à ses jambes de marcher pour s'accorder du temps à détailler chaque nouvelle feuille et bourgeon des arbustes. Enfin, elle regretta de ne pas savoir dessiner à cause de sa patience contestable. Les seuls croquis que Tonia avait appris à tracer étaient les plans de lutte contre les incendies. Ce fut sur cette dernière méditation qu'elle décida de terminer son activité.

Ordinairement, Tonia sentait qu'elle était observée. Elle ne parvint pas néanmoins ce jour-là de déceler la présence de Sabri qui se cachait derrière l'unique cerisier aux Tarterêts. Il scrutait chacun de ses faits et gestes depuis qu'elle était sortie, non comme un voyeur mais plus tel un timide invétéré offrant son premier bouquet à une femme. Si un de ses frères lui avait demandé la raison pour laquelle ce moment était le bon pour agir, il aurait été bien incapable de l'expliquer. L'amour se ressentait et peu importe sa nature parentale, filiale, amicale ou amoureuse. Il attendait juste le signal qui consistait à ce qu'elle ferme sa boîte afin de la surprendre.

Le monde te mérite - PNL (Bené)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant